Rituel des Fainéants de Nulle Part
Rituel
des Fainéants
de Nulle Part[1]
Préambule
L’esprit, la lettre et le propos
Ce texte est à la croisée des avant-gardes artistiques, des traditions initiatiques et de l’incohérisme.
Des premières, il emprunte le goût pour la mise en scène, l’attrait pour l’aventure gratuite et le désir de créativité, des secondes il garde la vision et la praxis hermétiques, du troisième il affirme le caractère incorruptible, libertaire et aristocratique de l’Etre ainsi que l’inconditionnalité de la Quête et la joie de l’Aventure.
La forme pourra paraître trop iconoclaste à certains et trop figée à d’autres. Ne nous attachons pas aux a priori faciles et sachons lire entre les lignes, faute de quoi l’essentiel aura été ignoré.
Par exemple, il ne faudrait pas s’arrêter au sens plus ou moins évident, plus ou moins occulte du texte, ce serait faire là œuvre de basse culture et de bas ésotérisme. Pour en retirer la « substantifique moelle » il faut en saisir, en vivre ce qui est entre les lignes et ainsi pressentir le Réel qui se cache et se révèle dans les intervalles. En effet les cherchants ne devraient jamais oublier au cœur de leur chair et à la lumière de leur plus pur entendement que :
- Sur la Voie, il ne faut jamais essayer de fixer l’Esprit dans la lettre du temps et de la forme, d’où l’importance de la créativité et du renouvellement permanent des formes.
- Sur la Voie, les formes, les concepts n’ont de véracité que pour autant qu’ils sont animés dans l’instant de l’intervalle par l’Esprit, c’est pourquoi il ne sert de rien de copier les formes ou de répéter des mots creux. Ceux-ci doivent être animés de l’insondabilité du silence, du feu de la présence et de la sagesse de la Haute Science que seuls peuvent révéler l’alignement de l’Être et la praxis initiatique. C’est pourquoi une approche mentale ou théâtrale de ce rituel ne touchera pas le Cœur du Mystère.
- Sur la Voie, jouer Artistiquement avec les formes est une nécessité pour naître et advenir à la réalité atemporelle de l’Être jamais né. C’est pourquoi la mise en jeu Artistique et Philosophique nécessite une maîtrise du rythme et des intervalles.
- Sur la Voie, sans l’intention juste, sans l’orientation juste, sans la présence juste, rien du Réel ne peut être conquis. Sans la Grâce du Réel, l’Etreté absolue ne se déploie pas en sa toute puissance à travers l’être.
Si le sujet (la quête de la Citadelle de l’Être) et le propos (la geste de son accomplissement) ne sont pas nouveaux, la forme se veut dégagée autant que faire se peut des formes temporelles, culturelles, procédurales, traditionnelles ou modernes. Même s’il emprunte parfois, toujours, des éléments temporels et formels, l’intemporel renouvelle sans cesse les formes car l’Ancien, l’Esprit, est atemporel, anhistorique, aculturel, atraditionnel.
Redonner aujourd’hui son sens (la signification, l’orientation, la sensation) à la quête initiatique et à la conquête de l’Absoluité de l’Être passe souvent, toujours, par l’utilisation d’une forme différente de celles du passé, c’est pourquoi le texte aborde le sujet de l’Être, de sa nature et de son accomplissement aussi directement que possible et ce, sans faire référence explicite à un système particulier…, même si la connaissance de certains éléments traditionnels (arts et sciences hermétiques, réalités métaphysiques…) sont souvent nécessaires pour faciliter le développement et l’accomplissement de ce qui y est en jeu, parfois simplement suggéré.
Pour saisir le cœur du propos et l’amener à son développement, le cherchant devra aussi avoir la perspicacité de ne pas s’arrêter à la forme moderniste des mots, pas plus qu’à la forme théâtrale de la mise en scène (d’autres formes pourraient être utilisées : méditation, jeu des énergies internes, jeu, action dans le monde…). Il ne devra pas non plus restreindre le propos à une lecture parcellaire utilisant un seul filtre d’analyse. Il ne s’arrêtera donc pas, par exemple, à une interprétation uniquement philosophique, psychologique, mystique ou alchimique. Les Artistes savent que ces interprétations ne sont pas exclusives les unes des autres mais qu’elles se complètent et qu’in fine, elles sont simplement, la métaphore du Vrai, du Beau, du Bien qui masque-dévoile le Réel. Ils savent aussi que la mise en jeu de la métaphore dans l’espace de l’intervalle est le seul moyen à leur disposition pour rendre celle-ci opérante et capable de les amener en pleine conscience là où ils sont déjà virtuellement du point de vue de la condition humaine, et intemporellement du point de vue absolu.
La modalité, la forme du propos et les éléments contextuels retenus ici, sont adaptés à la mentalité qu’on pourrait qualifier de « post-post-moderne » et peuvent donc convenir au cherchant de ce temps et de ce lieu.
Plus qu’une simple invention, conçu comme une inventio qui Dit et met en jeu le Réel, ce texte rituélique vise à suggérer la geste de l’accomplissement êtrique atemporel. Telle est la véritable et seule vraie intention qui a fait naître ce texte.
Plus qu’une pâle copie des rites passés ou une piètre imitation des performances artistiques modernes, il s’agit de suggérer et d’inviter à une approche vivante et renouvelée de la Quête de toujours et de donner envie aux cherchants d’oser l’Aventure.
N’oubliez pas en abordant ce texte, en mettant en jeu cette geste que, même si le cherchant peut y voir quelques éléments techniques, symboliques, opératifs, l’essentiel n’est pas tant ici de révéler des arcanes, que de suggérer l’Art c’est-à-dire l’Esprit et la manière de cheminer sur la Voie de la Quête de l’Éveil. Car, sans Art, il est impossible de saisir que « L’Éveil est Tout » (Gustave Meyrinck).
Pour finir, avant de laisser la place au « Grand Jeu de la Vie et de la Conscience », rappelons une dernière fois que ce texte, qui peut être abordé à la fois comme une leçon de choses, comme un essai « philosophique » ou comme un rituel de célébration gratuite, n’a d’autre fonction que d’inviter les cherchants à oser l’Absoluité de l’Être.
Nous espérons que les plus audacieux, les plus fous, les plus « vrais » sauront trouver en eux, par celui-ci, l’élégance et la référence nécessaires à l’accomplissement de l’Œuvre.
Notre vœu le plus cher est que chacun se saisisse de ce qui est, ici, suggéré, le mette en pratique, le détourne si nécessaire, en un mot, se l’approprie et le réalise.
Puissent les cherchants d’aujourd’hui et de demain, trouver dans les cheminements serpentins et les intervalles de ce rituel, l’écho de leur propre réélité.
Bon Voyage à vous, Coureurs d’Aventure, Chevaliers de l’Eternité, Poètes de la Beauté, Adeptes d’Internité !
Alain Blandin
Le 9 mars 2007
A l’Orient de Nulle Part
I. PRECISIONS PRELIMINAIRES
1. Les Agents, fonctions et attributs
Répartition des rôles et des fonctions :
Traditionnellement quatre fonctions sont confiées à des hommes (l’Aventurier, le Chevalier, le Mage, le Passant) et quatre fonctions sont confiées à des femmes (la Muse, la Sorcière, la Poétesse, la Bohémienne). Le Fou peut être un homme ou une femme.
Il peut aussi être intéressant d’inverser les rôles hommes-femmes dans les diverses fonctions, en particulier d’échanger les places et les textes de l’Aventurier et de la Muse. Dans ces conditions, certains rituels sont dirigés tantôt par un homme qui est l’Aventurier, tantôt par une femme qui dirige en tant que Muse. C’est celui ou celle qui dirige qui définit qui fait quoi.
Ainsi, en modifiant les attributions de rôles ainsi que divers autres éléments scénographiques, on n’assiste jamais au même rituel.
Si le nombre d’individus est insuffisant, une même personne peut remplir divers rôles.
L’Aventurier :
Fonction : Le témoin-agent du Réel incréé inconnaissable. Fonction polarisatrice, solaire. Imago de la Sagesse non née du Réel.
Vêture : Une robe noire.
Symbole : Roi couronné.
Attribut : Un sceptre, un masque neutre ou quatre masques (un dans chaque direction).
Geste : Coup de maillet.
La Muse :
Fonction : Lune d’Etreté absolue. Radiance lumineuse de l’accomplissement de l’Etreté.
Vêture : Une robe blanche.
Symbole : Trois lunes d’argent.
Attribut : Un miroir.
Geste : Verse de l’eau dans la vasque.
Le Mage:
Fonction : La conscience hermétique en plénitude de développement. Le vouloir de l’Absolu.
Vêture : Une robe bleue.
Symbole : Sceau hermétique.
Attribut : Un caducée, encens.
Geste : Invocation, posture en X.
La Poétesse :
Fonction : L’élégance nécessaire à l’Art.
Vêture : Une robe jaune.
Symbole : Une calligraphie.
Attribut : Une plume.
Geste : Lecture d’un poème ou dessin d’une calligraphie…
Le Chevalier :
Fonction : Actualise le Vouloir nécessaire à la conquête de la Citadelle de l’Etreté. Gardien du territoire du Réel.
Vêture : Une robe rouge.
Symbole : Un crâne ailé ou un cœur qui saigne.
Attribut : Épée.
Geste : Perce et tranche le voile qui masque le Saint des Saints.
La Sorcière :
Fonction : La puissance de la Nature indomptée, fonction régénératrice de la puissance de vie originelle.
Vêture : Une robe verte.
Symbole : Un arbre doré.
Attribut : Un chapeau de sorcière, une fiole contenant un liquide noir.
Geste : Parfume les participants, les asperges de pétales de fleurs ou leur fait boire une ou des liqueurs aux goûts différents (amers, sucrés…).
Le Passant :
Fonction : Image de la conscience hermétique en devenir, de l’esprit de vigilance.
Vêture : Une robe orange.
Symbole : Une coquille.
Attribut : Le bâton, deux masques l’un sur l’autre (un masque neutre au-dessus, un masque au sourire au-dessous du premier).
Geste : Lève la main en signe de reconnaissance et pose les questions.
La Bohémienne :
Fonction : Puissance créatrice libre primordiale, séduction et désir pour la vie, attachement à la forme temporelle.
Vêture : Un robe avec voile et transparences.
Symbole : Un masque double, noir à gauche, rouge à droite.
Attribut : Un tambourin.
Geste : Danse plutôt lascive.
Le Fou :
Fonction : La rébellion, la distance nécessaire à la révélation-accomplissement du grand jeu, l’attrait pour les désirs du temps.
Vêture : Habit multicolore (arlequin).
Symbole : Pas de symbole.
Attribut : Un bonnet de fou, un masque de commedia del arte.
Geste : Danse désordonnée.
2. Géographie et accessoires
Orientation :
En fonction de l’intention, le temple peut être orienté vers le Nord (dépouillement) ou l’Est (création).
Disposition des participants :
En cercle ou en ovale (matérialisé ou non) :
- 8 officiants disposés en forme de double carré:
- Le 9ème officiant, le Fou change de place à chaque phase de l’œuvre (éventuellement des sièges sont prévus à cet effet)
Aventurier
•
• Fou
Poétesse Mage
• •
Chevalier Sorcière
• ○ •
(Autel)
Bohémienne Passant
• •
•
Muse
- Les membres de la Loge s’intercalent entre les officiants.
- Les visiteurs forment un deuxième cercle.
Au centre : L’autel
- Forme : un cube de couleur or ou un tapis doré sur une table carrée
- Au-dessus de l’autel :
- un voile au-dessus des objets (qui est enlevé ou tranché par le chevalier)
- Objets sur l’autel :
- 8 luminaires
- un grimoire bleu
- de l’huile d’onction
- de l’encens
- du vin, du pain (suffisamment pour tous les participants), un peu de sel, de l’eau, du lait, du miel
- une coupe vide
- un lys blanc
- une bague avec un saphir
Autres accessoires :
- A la station de l’Aventurier : un maillet et un luminaire.
- A la station de la Muse : une vasque et un luminaire.
- A l’entrée : une vasque d’eau et un tissu pour s’essuyer les mains.
3. Mise en scène, cérémonial, rite et usages
Permanence et innovation :
Chaque cérémonie devrait être abordée comme une performance nouvelle, différente dans sa mise en scène. Du point de vue formel seul le rite est invariant.
La scénographie :
Vigilance à l’instant, recréation permanente, jeu et surprise sont les maîtres mots de la scénographie.
Les gestes indiqués ici sont des gestes racines qui peuvent être gardés en l’état ou remplacés par des équivalents et donner lieu à des développements multiples et libres.
L’un ou l’autre des officiants peut être invité quelque temps avant la cérémonie par l’Aventurier à préparer dans le secret une performance liée à sa propre fonction. Celle-ci sera mise en scène au moment prévu avec l’Aventurier. Chacune des interventions est une invention de l’instant, préparée ou spontanée qui vient se placer à l’endroit et au moment précis voulu par la structure du rituel.
Donné comme performance à l’extérieur, la scénographie accorde une importance particulière à la mise en scène. La mise en scène n’est pas un spectacle mais un acte à portée psychologique et métaphysique, à dimension magique, théurgique et alchimique, qui vise à provoquer une dynamique où la coexistence des genres (truculence et sobriété, sacré et profane…) aboutit à une certaine perte des repères, à une certaine confusion du mental où on ne sait plus si on est dans le réel, l’imaginaire ou le sacré. Dans cet espace, l’intervalle peut s’ouvrir, la présence d’Absoluité émergé… à condition bien sûr d’être dans le silence intérieur et la sensation de l’essence originelle naturelle.
Dans un cadre intérieur, le rituel est plus sobre, voire totalement dépouillé car mis en mouvement comme un claquement du Réel. Dans ce cas, seuls les gestes racines et les invocations sont conservés.
Les invariants :
Les invariants du rituel sont : l’intention, le rite, la structure.
Le cérémonial :
Le cérémonial est conçu pour mettre en jeu la farce du monde, la beauté et la nature du Réel, la Folie sacrée de la Quête ainsi que l’Œuvre à accomplir par chacun pour accomplir sa propre réélité.
L’Aventurier veillera à imposer un rythme créateur où tous veilleront à agir dans un même respir et où chacun veillera à respecter les intervalles.
Préparation :
Les officiants doivent, au préalable réaliser internellement la geste qu’ils vont mettre en scène. Cela passe par le silence, la méditation sur la geste, l’assomption de l’énergie-conscience correspondante…
Le rite :
Le Rite est à la fois théurgique, mystique et alchimique, il est accompli dans le silence absolu par les officiants.
Utilisation au sein d’une structure initiatique :
L’initiation est universelle et conduit à la simplicité. C’est pourquoi il n’est pas utile de multiplier les rituels. Il s’agit en fait toujours de la même chose.
Dans la mesure où ils comportent les éléments clés fondamentaux et où ils sont pratiqués sur l’axe, rien ne sert de passer d’un rituel à l’autre si ce n’est à contenter le mental et la personne.
Dans une perspective d’Éveil, il est préférable d’utiliser le même rituel mais sous des modalités et des formes diverses. Dans cette perspective, on privilégiera au début la forme développée, telle que présentée par exemple ci-dessous. Puis, une fois activé le processus, on allégera la forme de plus en plus pour ne retenir que l’essentiel.
Ce mouvement de simplification peut se faire en parallèle à un travail de recherche qui, partant des formes, des éléments culturels et cérémoniaux, s’intéresse aux énergies puis aux essences pour aborder in fine le Vide et l’Absoluité. Ce travail permettra aussi de saisir que les mêmes éléments essentiels peuvent être mis en jeu dans des formes diverses. Dans ces conditions, il peut être très intéressant d’explorer divers possibles. Si le changement de forme et de modalité dilue la présence, c’est que le travail n’a pas été mené à terme, dans une dimension ou une autre. Le travail de compagnonnage pourra aider à pointer ce qui se joue.
A la fin du processus, comme à chaque étape, si une dysharmonie apparaît, il pourra s’avérer utile de revenir à l’affirmation des principes en jeu dans la forme. Ainsi la forme animée par l’esprit s’avère utile et même nécessaire pendant un certain temps pour appréhender (ou être saisi par) l’Esprit. L’expérience démontre qu’il faut souvent faire de multiples allers et retours entre tangible et intangible avant que la faille de l’intervalle ne s’ouvre, ne se dévoile suffisamment pour provoquer le basculement dans l’Absoluité.
II. RITUEL
1. OUVERTURE
A. Sur les parvis
(Partie réservée à une réception intérieure ou à une performance extérieure)
Batterie de maillet comme au théâtre.
Le Fou, tout en dansant, abreuve les participants de diverses remarques impromptues, il peut aussi les inviter par le geste à prendre des postures diverses et variées.
Pendant que le Fou amuse la galerie et perturbe la sérénité des officiants ou des futurs participants à l’extérieur, on entend le dialogue suivant entre l’Aventurier et le Passant.
Dans le cas d’une réception les questions sont posées directement à l’impétrant. Les réponses sont celles de l’impétrant.
L’Aventurier :
Que se passe-t-il ?
La Muse :
Un noble aventurier souhaite être entretenu de profonds mystères.
(Silence)
L’Aventurier :
Qui est là ?
Le Passant :
Un passant, voyageur du temps et de l’éternité.
L’Aventurier :
D’où viens-tu ?
Le Passant :
De terres hostiles, baignées par les embruns, le vent, l’aridité du soleil et l’espace infini.
L’Aventurier :
Par qui es-tu accompagné ?
Le Passant
J’ai croisé de multiples moi : des fourbes, des assassins, des lâches, des menteurs mais aussi des compagnons de fortune et d’infortune, des confidents, des esprits éclairés, des amours profonds. J’ai tout connu de la vie mais tout cela passe et maintenant je suis seul avec pour seul compagnon ma propre réalité.
L’Aventurier :
Qu’as- tu appris ?
Le Passant :
Rien n’existe en dehors de ce que je suis.
L’Aventurier :
Où vas-tu ?
Le Passant :
Je ne le sais mais j’aspire à l’Absolu.
L’Aventurier :
Que cherches-tu ?
Le Passant :
La félicité de l’Etreté
L’Aventurier :
Pourquoi ?
Le Passant :
Parce que j’aspire à la bonté, à la beauté et à la liberté sans faille.
L’Aventurier :
Comment oses-tu espérer tant de choses ?
Le Passant :
Du plus profond de mon cœur, j’aspire à la simplicité. Je suis prêt à sacrifier mon attachement aux illusions du temps et de la personne.
L’Aventurier :
Puisqu’il en est ainsi, apprend à faire tiens ces principes préliminaires :
- La personne est le trouble, l’obstacle unique.
- Tu ne trouveras le Réel que dans l’intervalle entre Etre et non-Etre, là où ça est et n’est pas.
- Il te faudra accomplir la geste du feu, du silence, de la poétique et de l’offense jusqu’au basculement et au saisissement de l’indicible.
- La voie est responsabilité et liberté.
- Tu es le premier, le seul et dernier expert de l’accomplissement de ta Quête.
- Pour celui qui cherche l’Éveil, les organisations, les formes, les techniques sont là uniquement pour servir et soutenir la Quête du Réel.
- Toutes les réalités grossières, subtiles et suprêmes ne sont que les métaphores de la Réalité Absolue.
- Rien ne peut être acquis sur la Voie hors la gratuité, la simplicité, la légèreté, l’inconditionnalité de l’Etreté elle-même.
- L’Être est par nature, plénitude du Vide et vacuité de la Plénitude.
Batterie de maillet comme au théâtre.
B. Du Réel
Entrée des participants.
Chacun se lave les mains dans l’eau parfumée de pétales de fleurs diverses dans une vasque puis se sèche les mains au dessus d’un feu (à défaut, s’essuie les mains).
Dans le parfait silence.
L’Aventurier :
Jamais né, jamais emprisonné par les mondes, les rondes, les ondes, Je suis, le Réel en Noble Aventure.
Aventurier de Nul Lieu, inconnaissable et toujours inconnu, je suis, le Nomade intemporel, l’intervalle absolu qui est partout et nulle part. Je suis, le centre autour duquel se polarisent et se fondent tous les événements, toutes les créations, tous les devenirs, tous les rêves.
Aventurier : Coup de maillet.
Allumage par l’Aventurier du luminaire qui se trouve face à lui.
La Muse :
Du premier au dernier souffle, les êtres et les choses sont animées par le Souffle de Vie.
La Muse verse l’eau dans une vasque et s’y regarde en disant :
Eau de Vie, Gnose éternelle, Je suis Sophia, la Lumière de la Lumière, l’épiphanie du Réel, la grande maîtresse de la vie, de la mort, de l’immortalité et de la non mort.
(Brève pause)
En Réel, j’éclaire chaque être et rêve les mondes en perpétuelle advenance.
L’Aventurier donne un coup de maillet.
Dans la densité imaginale du rêve vrai que j’enfante en chaque être, à tout instant, chacun connaît sa véritable nature et brille d’une lueur ineffable et mystérique à nulle autre pareille.
Allumage par la Muse du luminaire qui se trouve face à elle.
L’Aventurier :
(Debout)
Faire Néant est notre devise, notre folie, notre Art. C’est pourquoi au Nom du sans nom et en vertu du pouvoir de l’Absoluité, je déclare ouverts les travaux de la loge des Fous du Réel réunis en l’Instant à l’Orient de Nulle Part dans la Vallée du Grand Rien. Que l’absolu nous inspire et nous guide !
(Pause)
Le Mage se rend à l’autel.
C. Invocation à l’absolu
L’Aventurier :
Par la Plénitude de la Vacuité du A d’Or,
Par le Souffle de Vie d’Elias Artista qui insuffle la pure intention de l’Etreté éternelle et internelle en l’anthéos de la Rose,
Par le Pouvoir du Verbe exprimé par l’invocation du dieu inconnu,
Par le Mystère de l’unité des deux natures du dieu originel et de la déesse ultime,
Que les Puissances de l’Être se manifestent en nous, sur nous, autour de nous, à travers nous, dans toutes les directions et y impriment l’Harmonie Universelle !
Que s’opère la Régénération de tous nos corps, de tous nos mondes, de toutes nos rondes et de toutes nos ondes afin que toute chose soit marquée du Sceau de Vie et de Conscience !
Que le Vouloir de l’Absolu et la Puissance de l’Etreté impriment Leur Présence à toute la Nature. Que tout notre être soit animé par Pneuma et devienne le Corps-Esprit de Soma pour l’Accomplissement de la Réintégration universelle !
Que dans le Cœur du Cœur du Cœur de l’Absolu et de mon être, les deux natures, la relative et l’absolue, fusionnent en l’Etreté infinie qui est Être-Existence-Félicité absolu.
Que cela s’accomplisse dans le Silence et par le Pouvoir de la Foudre de l’Absolu en l’Intervalle, pour le Bien et le Salut de tous les êtres et de tous les mondes.
Que ce Sacrifice atemporel et permanent de l’Être Absolu s’accomplisse dans l’Instant, dans l’Eternité et à jamais pour l’Avènement de la Liberté.
Que Tout Cela S’accomplisse au Nom et par le Pouvoir et la Beauté de la Liberté absolue de l’Être incréé et non né.
Que l’œuvre de l’Absolu s’accomplisse ! Que Cela soit et demeure!
(Pause)
Mouvement latéral des bras en cercle du haut vers le bas, sur l’expir :
IAO, IAO, IAO
Le Mage allume le premier luminaire sur l’autel (celui qui correspond à l’Aventurier).
(Brève pause)
L’Aventurier :
Puisque Tout est juste et parfait, Frères et Sœurs en folie sacrée, accomplissez l’Œuvre de l’Instant.
Aventurier : Coup de maillet
(Pause)
2. RITE THEURGIQUE
Le Chevalier :
Sur un signe de l’Aventurier, le Chevalier se rend à l’autel. Il enlève le tissu qui recouvrait les objets et dispose ceux-ci selon le plan prévu.
Le Mage :
Le corps en X, il dit :
A. Invocation du Sceau d’Alliance au Réel
Louange, Hommage et Puissance au Réel.
Que l’Alliance du Réel en Soi et par Soi, l’Alliance de l’Etreté et de l’Absoluité s’accomplisse en tout, partout et à jamais.
Que le Réel féconde toute chose et imprime sa Présence à toute la Nature.
Que la Puissance du Réel régénère toute chose et restaure toute forme en sa plénitude originelle, vide et incréée.
Que la Félicité de l’Être Absolu se manifeste en tous les corps, tous les temps, tous les mondes, toutes les rondes, toutes les directions, tous les vides, tous les silences.
Que la Présence, la Puissance et la Joie s’inscrivent en tout ce qui est mobile et immobile, grossier et subtil, matière et esprit, créé et incréé.
Que la Conscience-Énergie danse en toute forme, toute vie, pour célébrer le Mystère de la Nature originelle et ultime.
Que par le Silence et le Verbe, la Connaissance et le Geste parfaits, soit célébrée l’Alliance unique, temporelle et intemporelle, éternelle et internelle de l’Etre et de l’Absolu.
Que l’Essence anime la nature vide et inconnaissable de Tout et de Rien, qui est Amour absolu et parfait.
Que le Rien et le Tout, le Vide et le Plein, la Présence et l’Absence fusionnent et animent en leur secrète et indicible union le Mystère Absolu ici, maintenant et à jamais.
Que le Vouloir de l’Intervalle,
Que la Puissance de la nature originelle,
Que les dieux de l’essence et les déesses de la forme,
Nous assistent dans l’accomplissement de l’Œuvre du Réel en Soi et par Soi.
Que le Mystère de la Gnose s’accomplisse.
Que Cela soit.
Que Cela demeure.
Le Mage allume le deuxième luminaire (celui qui correspond au mage) sur l’autel.
L’Aventurier :
Puisqu’il en est ainsi en Réel, Frères et Sœurs, en Folie sacrée, accomplissez l’Œuvre de la Création parfaite et éternelle.
B. De la perfection de la Création primordiale
Le Mage fait brûler de l’encens.
Il allumera les luminaires au fur et à mesure des interventions des officiants et conformément à leur place.
La Poétesse
Chaque vie, chaque instant, chaque étincelle de conscience est advenance d’Etreté. Etre en Absoluité c’est vivre en Poétique.
Allumage du luminaire qui correspond à la Poétesse.
La Sorcière
Par l’Esprit Vivant, le Réel rêve la danse des mondes, des rondes et des ondes et fait advenir le Réel absolu dont une face a pour nom Plénitude et l’autre Vacuité.
Allumage du luminaire qui correspond à la Sorcière.
Le Chevalier
L’homme est un être de destin transcorporel et transtemporel. Dans cette Aventure, l’amitié et la courtoisie ennoblissent chacun mais seuls les chevaliers fous du Réel savent chevaucher les courants qui les feront découvrir ce qu’ils sont déjà.
Allumage du luminaire qui correspond au Chevalier.
Le Passant
Chaque instant est le fruit de votre aspiration à devenir vous-même. L’instant est le seul vrai moment.
Allumage du luminaire qui correspond au Passant.
La Bohémienne :
Ne croyez pas les oiseaux de mauvais augure, tous ces peines à vivre qui oublient qu’être c’est Vivre et Désirer. Vivre en Esprit c’est faire œuvre de Création et de Liberté.
Allumage du luminaire qui correspond à la Bohémienne.
La Muse :
Tout est juste et parfait.
Le Fou :
Rien de ce qui est dit n’est vrai mais tout est juste. Le temps vous aime et vous consume comme vous l’aimez et le consommez. Vivre en Esprit c’est être pleinement dans le non temps.
C . Ode à la Vie
La Poétesse :
La Poétesse lit l’ode à la vie, elle peut chanter ou choisir une autre ode.
Je suis,
Je suis le feu et le vent, je suis l’eau et la terre, je suis la quintessence de tout ce qui est et n’est pas,
Je suis le sublime et le banal, la haine et l’amour absolus, la beauté et l’horreur de la vie, de la mort et de la surnature,
Je suis l’inacceptable et l’inconcevable qui jaillit à chaque instant, toujours différent et pourtant toujours le même,
Je suis l’éternel présent et tous les temps,
Je suis l’un qui donne vie au multiple en celui qui n’est jamais engendré,
Je suis le début, la voie et la fin de tous les dieux, de tous les hommes, de tous les êtres et de toutes les choses,
Je suis l’Alliance des dieux, des hommes et de la Nature.
Je suis le sang, le souffle, la semence, la conscience de chacun d’eux,
Je suis la substance des substances, l’essence des essences,
Je suis la source de tous les mystères qui célèbrent ma nature et ma présence non née en toute chose,
Je suis le Transcendant et l’Immanent,
Je suis l’union magique, théurgique et alchimique du Deux et du Un,
Dans le silence comme dans le bruit, dans la forme comme dans l’essence, Je suis,
Rien n’est fait sans moi, ni le sujet, ni l’objet, ni la connaissance,
Je suis mon propre mystère qui se célèbre lui-même à travers les mondes et les êtres,
Je suis la poésie de l’Absolu, le rêve de l’Etre,
Je suis sa calligraphie et son signe,
Je suis, le Réel.
(pause)
Je suis.
Pendant ce temps, la Bohémienne se déplace parmi les officiants et les participants, elle les asperge de diverses substances : parfums, pétales de fleurs…
3. TRAVAUX DU JOUR
A cet instant ont lieu les travaux du jour qui peuvent prendre diverses formes :
- une réception, une rencontre
- des lectures de textes traditionnels ou poétiques
- des performances artistiques
- des démonstrations d’arts martiaux, de danse sacrée, de chant…
- Rien
L’Aventurier donne le signe du début de la performance
La Muse fait un commentaire.
L’Aventurier ponctue cette phase du travail
4. ACCOMPLISSEMENT DE L’ŒUVRE
A. Prise de refuge dans le Réel
L’Aventurier :
L’œuvre de ce temps s’achève. Il nous reste à accomplir le Grand Œuvre internel.
L’Aventurier donne un coup de maillet.
Que la puissance du Réel, qui transfigure toute chose, préside à nos travaux. Par le Corps–Esprit, dans le Cœur du Cœur, prenons refuge en l’Absoluité.
La Muse :
(Debout)
En toi, le Réel qui transcende tous les abîmes, je prends refuge.
En toi, qui animes tous les intervalles et génères toutes les puissances de vie et de mort, je prends refuge.
En toi, qui tisses tous les voiles et les déchires, je prends refuge.
En toi, sans commencement ni fin, je prends refuge.
En toi, qui pénètres toute chose et tout être, toi qui maintiens en chacun d’eux le feu de leur nature originelle, je prends refuge,
En toi, qui es tous les devenirs, qui es la permanence, l’impermanence et le Rien, je prends refuge,
En toi, Seigneur des seigneurs de la Flamme, Seigneur des seigneurs de l’Intervalle, je prends refuge,
Je prends refuge dans le Réel,
Je prends refuge dans la Voie du Réel,
Je prends refuge dans la Communauté du Réel.
Le Réel en Soi, par Soi, pour Soi est mon seul refuge.
En moi, et à travers moi, Seigneur des seigneurs, tu prends refuge en Toi-même.
(Brève pause)
En vérité, le Réel en Soi, par Soi, pour Soi est le seul et unique refuge.
Que Cela s’accomplisse en tous les mondes, en toutes les rondes, en toutes les ondes.
B. Unio Mystica
Aventurier : Coup de maillet
Chemin des serpents :
Le Passant et la Bohémienne se croisent à l’ouest se dirigent vers l’autel, se croisent à nouveau devant celui-ci, puis de nouveau derrière lui et se rendent à l’Est.
Retour à l’ouest :
A l’Est, le Passant se met devant l’Aventurier qui le suit. Ils passent par le Nord et se rendent à l’Ouest. Pendant ce temps la Bohémienne passe par le Sud.
A l’Ouest le Passant et la Bohémienne restent à leur place.
L’Aventurier et la Muse se rendent face à l’autel.
Verticalisation des serpents :
Face à face, l’Aventurier et la Muse posent leurs mains à plat les unes sur les autres et font avec leur bras un mouvement d’aller et retour (geste des serpents) 7 fois en échangeant leurs souffles. Pendant que l’un expire, l’autre inspire. Pause sur le dernier temps.
Offrandes :
L’Aventurier offre le lys blanc à la Muse.
La Muse offre la bague avec le saphir rouge à l’Aventurier.
L’Aventurier et la muse se donnent le baiser de paix.
Préparation du soma :
Dans la coupe vide, ils mélangent le vin, le lait, le miel et deux eaux salées.
Ils élèvent la coupe, soufflent sur le soma.
Puis chacun fait communier l’autre.
C. Communion
L’Aventurier :
Puisque tout est juste et parfait, accomplissez l’œuvre de réintégration universelle.
La Sorcière :
Elle va à l’autel
Matière et Esprit sont Un. Matière est Esprit, en chaque instant, en chaque chose.
Elle élève la coupe et fait l’invocation suivante :
Puissance suprême qui anime l’Absolu, manifeste ton pouvoir en chaque chose, en chaque être.
Elle trempe le pain dans le soma et l’absorbe.
L’Aventurier :
Puisque tout est juste et parfait, que chacun participe au Grand Œuvre.
La Sorcière :
Que celui et celle qui ne craignent pas le Réel avancent.
Le Passant et la Bohémienne s’avancent face à l’autel.
Les 5 officiants forment alors un cinq, un carré et un centre, ils restent quelques instants en silence.
L’Aventurier et la Muse posent, chacun une main sur l’épaule de la Sorcière.
La Sorcière oint la fontanelle, le front et le coeur du Passant et de la Bohémienne avec l’huile de consécration.
La Sorcière trempe le pain dans le soma et le donne à la Bohémienne et au Passant.
L’Aventurier et la Muse retournent à leur place.
Le Passant et la Bohémienne donnent à chacun une part de soma : le Passant tient la Coupe, la Bohémienne trempe le pain et le donne à manger aux officiants puis aux participants. Pendant ce temps la Sorcière reste à l’autel.
Lorsque le Passant, la Bohémienne et la Sorcière sont de retour à leur station :
La Muse:
Tout est juste et parfait.
Aventurier : Coup de maillet.
D. Election du Roi et de la Reine des Fainéants
Il est procédé à l’élection, par tirage au sort entre les prétendants, du Roi et de la Reine des Fainéants qui assumeront pour l’année une fonction de Veille et de Médiation dont les obligations leur seront détaillées après l’élection.
5. CLÔTURE
A. Retrait des lumières
Le Fou :
Les chairs se détachent de mes os, ils sont blancs comme neige au Soleil.
La Muse :
Frères et Sœurs en Folie sacrée, ayant accompli l’œuvre de l’Etreté absolue, accomplissons maintenant l’œuvre de l’Absoluité.
L’Aventurier :
Noble Dame, qu’il soit fait selon le désir et la parole de silence de la Déesse ultime.
Aventurier : Coup de maillet.
Extinction du luminaire de la Muse sur l’autel par le Mage.
Le Passant :
L’espace et le temps ne sont plus mais Je suis et demeure.
Extinction du luminaire sur l’autel par le Mage.
La Bohémienne :
L’Eveil est l’ultime guérison.
Extinction du luminaire sur l’autel par le Mage.
La Sorcière :
La réintégration universelle est la fin ultime.
Extinction du luminaire sur l’autel par le Mage.
Le Chevalier :
Le désir d’accomplissement et l’amour guident les pas des hommes dans d’étranges et singulières aventures dont nul ne réchappe si ce n’est en Esprit. Seul l’Esprit de Vie peut conquérir la Citadelle de l’Etreté absolue.
Extinction du luminaire sur l’autel par le Mage.
Le Mage :
Le néant n’existe pas. L’absolu ne se quitte jamais.
Extinction du luminaire sur l’autel par le Mage.
La Poétesse
Tout cela advient par Liberté et Félicité d’Etre pour la Beauté du Grand Rien.
Extinction du luminaire sur l’autel par le Mage.
L’Aventurier :
L’Aventure ne sert à rien mais fait tant de bien à l’être !
La Muse :
La Muse verse à nouveau de l’eau lustrale dans la vasque.
En Vérité, l’Aventure fait naître l’être à son Absoluité même. Elle le fait naître et advenir à la Liberté, à la Beauté, au Vouloir, à la Féminité, à l’Art de l’Etreté absolue.
Coup de maillet.
B. Communion silencieuse
La Muse :
Prêtresses du Vide, Sorcières de l’Etreté, Nobles tisseuses d’Aventure, Mères de non mort, Fées des mondes et vous toutes compagnes et compagnons du Réel, je vous invite à faire silence et à laisser la place nette.
Elle asperge l’assemblée avec l’eau lustrale jusqu’à la dernière goutte.
La Muse éteint son luminaire.
L’Aventurier :
L’œuvre de l’instant, l’œuvre de toujours, l’œuvre internelle et l’œuvre d’Absoluité sont identiques en essence, soit l’Absolu en sa toute puissance.
Comprendre Réellement cela, vivre cela en Réel, c’est ne voir que l’Absolu en chaque chose. En Réel, nulle différence entre Nirvana et Samsara, Vide et forme. Le Vide Est Forme. La Forme est Vide. Seulement l’Absoluité du Grand Rien.
L’Œuvre n’est pas retour au Chaos primordial des temps premiers puisque le temps n’existe pas mais accomplissement atemporel du chaos primordial. Tout ce qui est accompli est accompli par le Réel en lui-même en totale liberté.
Frères et Soeurs en Absoluité, Agents du Grand Rien, Aventuriers des intermondes, Aigles de l’infini, Fous du Réel et vous tous nobles compagnons et compagnes d’Aventure, je vous invite à faire silence et à laisser la place vide.
(Méditation silencieuse)
Coup de maillet
L’Aventurier éteint son luminaire.
Le Passant :
Le Passant se démasque. On voit apparaître sous le premier masque (neutre) un deuxième masque (masque au sourire).
C. Retour à la réalité
Le Fou :
Fous et Folles en tous genres, revenez dans le temps afin d’y accomplir la geste du Réel.
Il fait une pirouette et invite l’assemblée à un grand éclat de rire ou invite à boire et à manger la Réalité
Tout cela est pure Folie, tout ça est inutile… mais ça, Tout ça, en Réel, manifeste la Joie de l’Etre !
Sortie des participants :
Pendant ce temps, batterie comme une entrée au théâtre.
Les trois coups…
[1] Ce texte a été publié dans Le Discours de Venise. Second manifeste incohériste de Rémi Boyer. Illustrations Marie-France Chanel. Editions Rafael de Surtis, 2007. ISBN 978-2-84672-108-0. Il a fait l’objet d eplusieurs mises en scène et performances à Venise, Cordes sur Ciel, Paris, Orléans…