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Animation : Alain Lacouchie

Le centre d’action poétique

présente

« Polypoésies »

14° édition

invité :

André Duprat

lecture avec Christiane Izaret de la troupe ‘Garance’

 

vendredi 13 octobre 2017, bibliothèque francophone multimédia - Limoges

'Polypoésies’ a déjà reçu :

les poètes et écrivains : Marie-Noëlle Agniau, Patrick Aspe, Ingrid Auriol, Philippe Biget, Laurent Bourdelas, Martine Chaisaux, Jean-Louis Clarac, Danièle Corre, Louis Dubost, André Duprat, Thomas Duranteau, Bernard Fournier (de l’académie Mallarmé), Josyane de Jésus-Berger, Alain Lacouchie, Gilles Lades (2 passages), Nicole Laurent-Catrice, Jean-Claude Martin, Jean-François Mathé, Isabelle Normand, Alain Richer, Nathalie Ringaud, Jean-Pierre Thuillat, Jean-Claude Valin.  

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FRICHES

Cahiers de Poésie Verte

Le Gravier de Glandon

87500  SAINT-YRIEIX

Direction et administration : Jean-Pierre Thuillat

e-mail : jeanpierre.thuillat@wanadoo.fr

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Comité :

Philippe Biget, Eric Dazzan, Alain Freixe, Alain Lacouchie, Gilles Lades, Jean-François Mathé, Roland Nadaus, Sylvie Principaud, Josette Ségura et Jean-Pierre Thuillat.

Abonnements : 3 numéros

France : 25€                Autres pays : 35€             Soutien à partir de 50€

(Chèques à l’ordre de Cahiers de Poésie Verte – CCP. Limoges N° 370-84 K)

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Revue fondée en 1983 et réalisée en typographie traditionnelle sur linotype

par le Moulin du Got, atelier artisanal et associatif.

         

 André Duprat

Biographie d’André Duprat pour les Editions Jacques Brémond

Né en 1947 en Limousin, le poète publie son premier recueil en 1978 et collabore à diverses revues comme Friches, La Grappe, A L’INDEX,.... Depuis, plus de trente-cinq parutions ont vu le jour chez divers éditeurs : Edition Océanes, de Surtis, Apeiron, et surtout J. Brémond. Nombre de personnalités littéraires comme Antoine Blondin, Régine Détambel lui témoignèrent par des préfaces intérêt et attention.

Parmi eux, Jean Rousselot écrivit en 1997 dans la préface de Les liens du temps, « correspondances créatives » autour du poète par des peintres et sculpteurs (Achimsky, Ipoustéguy, Ma Desheng, Cosentino, Ehanno, Jaume Boyé) :

« Quand André Duprat nous dit dans Le Lit des Sentes, afin d’apaiser l’appétit de vos encouragements vous reprendrez bien un peu de mes limites, personnellement, je reprendrai toujours volontiers « du » Duprat. Comme je reprends du Char, du La Rochefoucauld ou du Chamfort… »

Depuis, André Duprat allie sa passion pour la peinture en émaillant son parcours éditorial de collaborations avec les peintres.

Le 14 Août 2017                                      

Co Millet (directeur de la revue littéraire La Grappe)

 

la  nuit  d’étang

Mes yeux dans cet étang sauvent mon eau à la bouche… Onde dits d’onde…

Devant l’abri muse, étang sous cieux comme on est sous tutelle, je glisse vers une contemplation, propre au regard songeur ; des vagues somnolentes -rocking-chair des yeux- distillent un confort d’âme, à nul autre pareil… Le clapot –pouls de peu- caresse l’inconscient dans un savant repos. De cette berceuse natale, je suis ami, aussi client. Le passé et l’avenir pareils à des inséparables se posent comme un présent. Et l’onde ondulante m’embarque sur la chaloupe des passages…

Ainsi, assis, le cul entre deux aubes, je liquide par le fond nuits blanches et vitesse vaine. Voici donc la sagesse, cette offrande de fleur de ciel à la nuit d’étang... Imagine, comme de ce bain nourricier s’élève une brume, féérie frivole à l’usage du dilettante ; image, comme tombe un brouillard, plomb à charge des élans fantômes. Tout est dit entre deux temps… Autour, échasses d’ombre longue, puis, chaussée ligne de force, enfin en contre-bas, s’applique la cretonne effervescente des pâtures…

L’étang n’est pas une addition de courants relatifs, il s’annonce, tel un tout, en odes mineures au service d’un passager du moment… Ici le vent s’active comme une distraction, Ici, les limites bornées savent l’oubli des contraintes par les répétitions, ici, l’austère est bain de recul, ici, dès potron-minet la lune s’éclipse avec reflets, s’efface au saut du songe, ici, l’obscur se met à l’ombre et les apparences sombrent dans un regard fixé à l’ultime voyage…

Ici et là, le mot d’esprit des lieux fait mouche comme on se défend de plaire, ici et là, pétille pétulante l’accroche luisante d’un cerne en goguette. Ici et là au détour d’une sente secrète, d’un chicot racinaire, d’un rocher domestique, l’ennui, le bel ennui invente l’évasion. Le paysage, à la fois maître d’école, maître d’apprentissage et maître ès sens, structure les intuitions pensives. Et dans ces ondes courtes où planche le regardeur comme le regardant, je voyage hors peau….

Etang, je te tutoie comme l’ami de la famille. Autrefois, cette pièce d’eau semblait servir de pas de porte, de prolongations ménagères, d’enceinte des nues, aujourd’hui elle s’identifie, s’intensifie comme une vie intérieure… Si la contemplation fourmille des attentes qu’elle désire transformer en lendemains, son bilan chavire aussi vite que sa mise à l’eau. En surface, une auto hypnose développe un nuancier à l’usage de chacun : le jour fait sa nuit…

L’étang n’a pas l’ampleur à offrir en partage, il a plus grand : le mystère abordé par l’aperçu et bordé par l’ombre portée des œillères, l’intime au feu de bois dans le soleil oblique de l’automne, la bruine pénétrant dans le paletot massif du solitaire et les secrets murmures des reflets admis en poésie. Ainsi soit-il du premier souffle comme du dernier… Tout est moi dans cet étang jonché de notes mortes. Tout est moi : le moindre et la sensation possible.

André Duprat