« Carte postale ! »
 
Paris. Mardi 8 décembre 2015. Place de la République. 16h? 17h? Au pied de la statue de Marianne, des parterres de fleurs, de bougies et de lucioles, de mots et de lettres, de dessins et de parchemins, de photos et de prières. Des parterres de fleurs en cercles de plus en plus larges. Des fleurs fanées, des fleurs fraîches. Toute sorte de fleurs. Et des pèlerins tout autour. Comme hébétés, marchant à petits pas, en silence, en quête. Et des sanglots mal étouffés. En bas de la rue de la Fontaine au Roi, les brasseries mitraillées. Ouvertes et fermées. Des fleurs de toutes les couleurs, des bougies et des lettres, des dessins d'enfants et des photos. Plus loin, sur le boulevard, le Bataclan. Figé dans sa nuit, recroquevillé derrière une immense toile, un linceul de mauvaise fortune. Devant, toute sorte de fleurs; des lucioles, des mots et des cris d'espoir peints en rouge et en bleu. En face, sur la grille du square, à perte de vue, des fleurs. Des fleurs fanées, des fleurs fraîches, des photos, des lettres d'amour et d'amitié. Il pleut. Je vous jure que les lucioles ne s'éteignent pas devant le Bataclan où les Eagles reviendront finir leur concert. C'est le boulevard du monde. Le monde a marqué le pas sur le boulevard du Bataclan.
 
Christian Massé