Grammaire des pronoms personnels
 
C’est le temps de la rentrée des classes. Élèves et professeurs reviennent à l’école et à la grammaire. Voici, pour eux tous, la réflexion d’une Universitaire israélienne sur la façon d’écrire dans Récits grammaticaux et Autres petites histoires, livre édité chez Métropolis, à Genève, en mars 2008.
Dans son écriture, les lecteurs remarqueront l’économie des ponctuations, que ce soit des virgules ou des guillemets. Est-ce la coulée extérieure d’une pensée profonde, là où existe une entièreté de la parole ? Entier ou intègre signifiant non touché, non atteint, in-tègre, en-tier.

  Longtemps j’ai écrit des récits courts. Une dizaine ou une quinzaine de pages. On me disait ce sont de petits romans. J’avoue que si depuis mon plus jeune âge je rêvais d’être romancière, je n’en prenais pas le chemin.
  Longtemps je me suis posé la question – écrire à la première ou à la troisième personne. J’alternais. Certains textes, je les voulais loin de moi, donc à la troisième personne. Puis la première personne s’imposait à nouveau.
  Longtemps, j’ai oscillé entre ces deux personnes. Puis j’ai commencé à écrire des récits à différentes personnes. C’était une contrainte que je m’étais imposée. C’était à la fin des années quatre-vingt. Je les ai intitulés Récits grammaticaux. Le pronom sera le fil conducteur du récit.  
[…]
  Longtemps j’ai évité le on. Attention, m’avait-on enseigné, le on est un pronom indéfini. C’était un des derniers cours de grammaire au Lycée Emile Jacqmain avant que je ne quitte Bruxelles pour Israël. Je l’ai utilisé ludiquement dans un de ces récits.
  Longtemps encore je me poserai les mêmes questions qui ne m’empêcheront pas d’écrire avec ou contre la grammaire. J’écrirai toujours avec une joie renouvelée, même lorsque je traiterai de sujets tristes.
  Et au fil des ans, j’aurai appris que la troisième personne en dit tout autant que la première personne qui en dit parfois moins.

  

Esther Orner était invitée à un Colloque d’écrivains méditerranéens dans le Sud de la France ; mais l’invitation n’a pas tenu. Son nom, Orner, signifie « La Lumière de la Lampe ».

                                                                                                             © Marie Vidal