Biographie
La curiosité en héritage, la chance d'apprendre trois langues dans les six premières années de ma vie... Voilà comment mon cerveau mal irrigué s'en est sorti. Cette année-là était, m'a-t-on toujours dit, la meilleure du vingtième siècle pour les Bourgogne...
Une vie en mouvement, faite de découvertes et d'expériences dans des pays forts et vivants, a stimulé mon instinct et façonné durablement ma personnalité. Les voyages ont aiguisé mon sens de l'observation et habitué mon œil aux différents angles de vue.
Depuis l'apprentissage de l'alphabet, dont je me délecte encore des plaisirs de chaque lettre, le bonheur de lire soutient tous les instants de ma vie.
Libérée d'une activité professionnelle dense et variée, il ne me restait, pour muscler la sauce blanche de ma boite crânienne, qu'à explorer les quelque quatre mille titres de la bibliothèque familiale, constituée en plusieurs langues par des esprits curieux et généreux animant les corps de grands voyageurs qu'étaient mes « ancêtres ».
J'ai relu et lu des ouvrages classiques tels Balzac, Samuel Butler ou Flavio Herrera, faciles comme les polars ou romans à gros tirages que l'on oublie rapidement, des textes extraordinaires comme les recettes de cuisine la cour d'Anam au 19ème siècle, l'intégralité des traités du canal de Panama, les poèmes de Ferdowsi, et des auteurs controversés comme Martin Bernal pour le plus sage, etc. Il m'est arrivé de ne pas finir un livre, son style indigeste ayant raison de ma curiosité, mais rarement ; et, jamais ! un ouvrage de la bibliothèque familiale n'a mérité de finir à la poubelle. C'est dire combien les choix des cinq générations qui ont tout misé sur l'instruction publique étaient bons, bien qu'éclectiques. Certes, je ne lis pas une partie des langues représentées: grec, latin, polonais, russe, malgache, vietnamien, chinois...
Je ne dis rien des malles de journaux et vieux papiers. Ni des photos : depuis la naissance de cet art, dans la famille l'on photographie, parfois en professionnel...
Que faire de cette richesse qui prend une place au sol coûteuse en ces temps de restriction financière, surtout si des jeunes fraîchement sortis de La Mecque actuelle, (une école supérieure de commerce) vous demandent : « à quoi ça sert tous ces livres? »
- A être moins bête que tu ne l'es, mon petit, et à prendre du plaisir plein la tête!
C'est ainsi qu'est né mon blog de lecture www.mireilledurand.com puis un site de vente de livres et vieux papiers, un grenier curieux, dont je vous donnerai l'adresse ultérieurement.
Et avant ?
Trente-cinq ans partagés en huit pays et six langues... Asie, Afrique, Océan Indien, Amérique centrale et Europe.
Premières photos à cinq ans : mon chat capté à plat ventre dans le gazon à travers une boîte Kodak pour ne pas oublier le lion admiré peu auparavant dans son milieu de l'Est africain. Premiers écrits à six ans sur la stupéfaction réciproque d'une fillette à qui je donnais une orange d'Europe et qui m'offrait un corail de l'océan Indien. Ma première lectrice, et théoriquement unique destinataire de cette page était ma grand-mère qui en trois mois m'avait appris à lire et écrire le français, et à aimer en profiter.
Une base de géographe acquise à l'Université de Tananarive où l'on était plus souvent sur le terrain qu'en amphi, une finition à La Sorbonne, et me voilà happée par la presse, plongée dans la politique agricole commune et les montants compensatoires à Bruxelles.
Toute ma vie, des incursions diverses : sémantique, langues, informatique -« comme c'est loin tout ça », comme dirait Captain Cap- trahiront la force de mon plaisir à découvrir, apprendre, partager, limer ma cervelle contre celle d'autrui. C'est le fil rouge de ma vie active et de retraitée (officiellement).
Rattrapée un temps par l'éducation de ma culture familiale et le cartésianisme, j'aurais pu mal tourner, tenter une agreg, suivre LE cursus, avoir une vie réglée, normale, figée, avec deux ou trois marmots (adorables comme leur mère sans aucun doute). Et bien non ! Le plaisir de changer de langue régulièrement, de découvrir des mondes nouveaux m'a conduit de la TV en Allemagne à l'Agence France Presse en passant par la radio en Grande-Bretagne, les magazines en Europe et en Amérique latine. Généralement l'on commence par l'AFP, moi j'ai fini par cette formidable école qui a organisé mon cerveau ; c'est ainsi qu'après trente ans dans divers pays étrangers je me suis posée à Marseille, qui rassemble à elle seule toutes les variétés du monde.
Là, portée par les événements j'ai créé une Très Petite Entreprise pour facturer les travaux de communication lourde que l'on me proposait. Passionnant mais la gestion et la comptabilité me sont plus étrangères que le coréen...
Communication stratégique, création de sites Internet à une époque où c'était rare, nègre, création d'une édition de récits de vie (Le tracé de la mémoire), reportages photographiques, réalisation de documentaires de création (je suis très fière de « Lesage côte cœur », ma première réalisation totale, seule sur le métier, dans le cadre des Ateliers Varan. Il faut bien connaître l'outil si l'on veut donner des directives utiles à ceux avec qui on travaille, me suis-je dit au bout de quelques réalisations pour des sociétés). Les films d'entreprises commençaient à prendre de l'importance dans mon activité.
Croyez-moi si j'évoque de très nombreux articles dans des médias français et étrangers, la co-écriture, à 18 ans, sous forme de jeu d'un roman de gare dont je n'ai pas gardé un exemplaire et même oublié le titre exact tant j'avais honte du genre moi qui rêvais de Gallimard. Pourtant, ce n'était pas mal et il s'est bien vendu !
En revanche j'insisterai sur ma vie au Guatemala où, partie un mois en vacances, je suis restée quatre ans.
Deux pour écrire un « Petite Planète » qu'in fine l'éditeur choisira de ne pas publier en raison de l'évolution politique du pays et un recueil de nouvelles en espagnol et en français (« Une éruption volcanique deux tremblements de terre et trois ouragans »: « Un Fuego, dos terremotos y tres hurracanes »), pas édité non plus, de ma faute : impossible de me plier à la demande de rajouter quarante pages d'un éditeur pourtant prestigieux. Jeune et bête à la fois ?
Deux années prises par le sauvetage puis la reconstruction d'un hameau Cackchikel détruit par le tremblement de terre du 4 février 1976 (50 000 morts et disparus, un quart du pays rayé de la carte).
Ce hameau s'appelait Xiquin Senahi (canton de Comalapa, département de Chimaltenango, sur l'altiplano au centre du pays, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de la capitale). Je dis s’appelait car il a été détruit à nouveau et ses habitants presque tous tués cette fois-ci, lors de la guerre civile qui a fait des milliers de morts dans les populations Indiennes dans les années 80. Il n'a laissé aucune trace sur Google earth. Je cherche des survivants et lance tous les appels possibles aujourd'hui encore...
Pour parler de sujets plus heureux, je mentionnerai l'aventure qui m'a inspiré « Le feu sacré », mon roman d'aventure initiatique publié en 1989 chez Edisud. Le sujet, pour résumer, est le feu de forêt avec, autour, les hommes qui le combattent. Cinq mille exemplaires vendus (4890 précisément), pas un centime de droits d'auteur versés ni à l'association à laquelle ils devaient en partie aller, ni à moi...
Rapidement épuisé, je l'ai mis en ligne sur mon site www.mireilledurand.com aujourd'hui transformé en blog et remanié pour offrir en sus au lecteur « Heureux les orphelins stériles », mon nouveau roman que je définirais comme « généalogique «. Inédit, je le publie sous forme de feuilleton sur mon blog.
Le virus de la photographie m'a été inoculé jeune, cela m'a servi dans mon métier. J'ai l'intention de publier sur le net une sélection de mes photos ; exception faite de celles de monuments et d'événements que j'ai vécus comme les guerres ou catastrophes naturelles, elles révèlent un esprit ethno-sociologue depuis l'enfance. Nous avons commencé à photographier avant 1900, avec les plaques de verre ; peu de photos familiales, des scènes de la vie extérieure et des paysages de pays inconnus, une importante série sur la guerre des Balkans par un médecin militaire, artiste de surcroît...
Tout ceci mérite publication.
Il y a aussi quelques documentaires de création, juste pour le plaisir ; de simples documentaires au format TV comme « La leyenda de Pablo Romero » réalisé avec Denis Rouden et produit par Raphaël Caussimon, des films d'entreprise avec un beau document sur un établissement public interrégional de protection de la forêt contre les incendies, avec de belles images de Paul Henri Amar et de la sécurité Civile.
Autre langages à découvrir : le code informatique. Plaisir de faire des sites alors que c'était inhabituel. Mais le numérique est une langue mobile, volatile périssable, aussi maintenant ai-je passé la main. Comme le coréen est en train de me séduire, je suggère un voyage d'étude au pays de la création éclatante sous l'égide de la SGDL. Pourquoi pas ? Auteurs de numérique, à vos marques...