les étoiles de Tchernobyl

 

L’auteur, ingénieur chimiste et enseignante en classes préparatoires, a écrit ce court roman mêlant fiction et science à l’intention de ses élèves. Dans un style se rapprochant d’un poème philosophique, Viviane Campomar nous raconte un quotidien hors du commun – vivre à Tchernobyl – à travers la douleur de Dacha et Mitia restés dans un village dans la zone interdite près de la centrale.

Ce livre centré sur la douleur de la séparation imposée suite à l’accident nous décrit les personnages principaux (les parents) comme des morts-vivants et ceux qui les ont quittés (la fille et les petits-enfants) comme des orphelins putatifs. La mère-orpheline qui a sauvé ses enfants en leur donnant de l’iode se sent coupable et est déchirée entre sa volonté de sauver ses enfants et l’abandon de ses parents, entre son besoin d’aider son prochain et le fait qu’elle n’a donné de l’iode qu’à ses seuls enfants.

Ce poème philosophique ne laisse que peu de place à l’espoir. Cette vision sombre trouve son paroxysme dans le paragraphe à cheval sur les pages 67 et 68 avec une description apocalyptique sur les malformations radio-induites en Ukraine.

Marie-Claude Vitorge, L’actualité chimique - avril 2017 - n° 417

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"Souvenez-vous du 26 avril 1986, à 1H24 : le réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire, voit sa puissance devenir incontrôlable. Et cela a donné le premier accident classé au niveau 7, le plus grave, du XXème siècle.
Tchernobyl se trouve en Ukraine et à 110 kilomètres de Kiev, près de la frontière biélorusse.
Cette catastrophe a été la suite de plusieurs erreurs des opérateurs et c'est ainsi que s'est échappé un énorme nuage hautement radioactif.
Les habitants de la ville de Pripiat (trois kilomètres de la centrale) ne commencent à être évacués que le lendemain. Mais certains (une poignée) refusent de partir et restent seuls.
C'est de cet événement que s'est inspirée Viviane Campomar pour un petit conte-fiction : LES ÉTOILES DE TCHERNOBYL.
On y trouve Dacha, qui chaque soir, guette les étoiles. Elle est restée avec son mari et quelques amis.
Quant à Macha, la fille, elle est partie avec son mari et ses enfants, et comme elle est infirmière, elle a réussi à dérober un flacon d'iodure de potassium.
Dans ce tout petit livre, on suit leur histoire à toutes deux et quand il s'agit de Macha, c'est elle-même la narratrice.
Dacha est pleine d'espoir et de fatalisme mais ne réalise pas vraiment la gravité de la situation. Au contraire de Macha qui comprend très bien ce qui les attend.
On trouve dans ce récit, de nombreux petits poèmes traduits en russe ce qui n'est pas étonnant car l'auteure est également poète.
Que dire de plus ? Sinon que Dacha et Macha racontent l'incompréhension, le silence des autorités qui minimisent la situation ? Que les rescapés se sentent isolés du reste de la population ? Que Viviane Campomar a une écriture très fluide ? Que ce conte-fiction-témoignage nous remet en mémoire ce cataclysme ? Mais cette histoire, même si elle toute petite, n'en reste pas moins touchante car on assiste au quotidien des survivants, à leurs tentatives de survie et à leur espoir dans un avenir meilleur.
On sait que des équipes de Greenpeace se sont rendues sur place en mars 2011 et qu'elles ont relevé des niveaux de césium largement au-dessus de la normalité. Ce qui, pour moi, m'a refaite penser aux affirmations du gouvernement russe, voulant nous faire croire que ce nuage monstrueux n'est pas allé bien loin, et que la France ou d'autres pays limitrophes, n'auraient pas été touchés ! Autant imaginer qu'une barrière dans les airs avait arrêté les éléments radioactifs à nos frontières.
Bon, voilà que je dérive moi aussi et que je vais sortir de ma critique. Mais il faut dire que Tchernobyl est loin d'être oublié (après tant d'années) et continue à faire parler de lui car on y travaille toujours, en 2017, à l'intérieur du réacteur protégé récemment par un énorme sarcophage.
Et quand on pense que cela s'est reproduit avec Fukushima, le 11 mars 2011. Encore un réacteur touché à la suite d'un tsunami, accident classé lui aussi au niveau 7.
Mais il faut conclure.
Je dirais que LES ÉTOILES DE TCHERNOBYL, avec son thème émouvant, m'ont menée vers d'autres pensées, nombreuses, et tout cela avec ces quelques 80 pages !
Je n'aurais jamais imaginé cela et j'en ai été étonnée.
Je remercie donc Babelio de m'avoir sélectionnée pour la dernière Masse Critique et je remercie également les Éditions Chèvre-Feuille qui m'ont fait parvenir ce petit livre, qui, sitôt reçu a été lu en 30 minutes…."

Nadiouchka, le 31 janvier 2017, Babalio.com

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"Divine surprise ! Lors de la dernière masse critique de Babelio, j'ai reçu le livre de Viviane Campomar, les Etoiles de Tchernobyl, éditions le chèvre-feuille étoilé.
Viviane Campopmar est scientifique, poète et littérateur, ce qui ne semble pas évident au premier coup-d'oeil, mais elle parvient à concilier l'ensemble avec bonheur pour notre plus grande joie.
Les étoiles de Tchernobyl, un opus de 76 pages qui donne la parole à des témoins de la catastrophe de 1986, trente années plus tard, propose deux lectures différentes de cet événement qui a marqué la planète.
Des anciens, starojily, refusent de quitter le village de Pripiat, tandis que leurs enfants sont évacués sur Kiev, en principe pour trois jours disent les autorités, puis au bout d'une semaine, « (...) un responsable du parti vint nous prévenir que nous ne pourrions pas retourner chez nous, que la zone autour de la Centrale restait contaminée durant plusieurs semaines encore et que ces mesures n'étaient que prophylactiques (...)»
L'écriture de Viviane Campomar est simple et fluide, sans fioritures, elle parvient à matérialiser par ses mots, la différence entre deux Russies (deux URSS devrais-je dire) . Celle des anciens qui ont connus la guerre - le village de Pripiat a été exterminé par les Nazis - et qui, en dépit de toutes les critiques, sont reconnaissant envers l'Etat et le Parti de la renaissance de la Russie.
La Centrale en est le symbole, elle qui a apporté la lumière et le progrès dans la région et jusqu'à Kiev.
«La Centrale faisait partie de ces réussites, n'avait-on cesser de leur seriner : elle offrait de l'électricité en autonomie absolue à toute cette région qui avait tant souffert de la seconde guerre mondiale. Un bien précieux, cette électricité. Toutes ces villes, et peut-être même Kiev , éclairées le soir par la seule magie d'une usine unique.»
En face, les enfants n'ont pas ces références, ils comprennent leurs parents, mais subissent plutôt les contraintes de ce régime qui leur ment et les réduit à une migration sociale, géographique et professionnelle, sans explications, sans compensations.
«(...) j'avais conscience de mentir, ne croyant pas moi-même à ces paroles lénifiantes et officielles qu'en bonne soviétique, je faisais miennes.» dit Macha l'infirmière, la fille de Mitia et Dacha lorsqu'elle présente le drame à ses enfants.
Vivivane Campomar propose une vision sans fard du mensonge d'état, qui rappelle la notre, quand les autorités françaises professaient, sans crainte du ridicule, et avec toute l'onction de certains membres de la communauté scientifique, que le nuage de Tchernobyl n'avait pas traversé notre territoire.
Séparés de leurs enfants Dacha et Mitia vivent à Pripiat, avec leurs rêves et leur ignorance, insouciants du danger et sûrs de leur bon droit : « Mitia et Gricha venaient d'entamer une bouteille de Vodka de qualité trouvée dans les réserves abandonnées du village, qu'ils ne se seraient jamais payée et pensaient garder pour les grandes occasions, mais plus rien à perdre désormais, quelles occasions pourrait-il y avoir désormais.»
A Kiev, leurs enfants et Alexeï, continuent à vivre, incapables de faire le deuil de parents promis à la mort mais encore vivants, peut-être, bien que disparus à tout jamais à leurs yeux : «Alors même qu'on nous évacuait, la mort nous suivait, ombre fidèle et malveillante, qui se riait de notre terre nourricière qu'elle avait entièrement pourrie.»
Les deux lectures des événements alternent :
…tantôt Mitia et Dacha dont un narrateur rapporte l'histoire.
« Il ne lui avait pas parlé (…) il l'avait enveloppé de ses bars (…) Ils avaient regardés (…) Chaque soir Dacha sort (…) Ils n'étaient que deux couples de starojily (…) Là, le caractère utilisé est une police Garamond, large et espacée, à l'image des deux starojily, perdus dans leur inconscience du danger et se raccrochant à des rêves du passé.
…tantôt Macha, leur fille déplacée à Kiev, qui s'exprime en bookman old style une police droite, verticale, ramassée, austère. Macha est un « je » et un « nous » … « J'ai tout de suite compris (…) Mon impuissance incommensurable (…) J'avais trente ans et j'étais infirmière à l'hôpital de Pripiat. (…) Je compris alors que nous étions des pestiférés (…) Je ne leur avais laissé qu'un message insignifiant (…) »
Cette façon de rapporter les témoignages renforce l'opposition entre les deux visions de l'URSS, celle du passé, glorieux mais disparu, celle d'un avenir réel mais incertain.
Le récit, court, lu avec avidité, intérêt et étonnement agit comme un puissant déclencheur de questions et nous rappelle à notre conscience de citoyens pour ne pas oublier.
Qu'est devenu Pripiat aujourd'hui ? Il y-a-t-il toujours des habitants ? Les liquidateurs, ces soldats du Césium, ont-ils tous disparus ? Pourquoi ne parle-t-on jamais de Tchernobyl ? le danger du nucléaire est-il maitrisé ?
Outre l'intérêt de son contenu, ce livre est également un bel objet. Un petit livre faussement carré de 12 cm par 13, agréable à regarder et à toucher, conçu et mis en page par Marie-Noël Arras avec une illustration de Danièle Maffray.
Merci aux éditions du Chèvrefeuille étoilé pour la qualité de la fabrication de ses livres !
Si vous le pouvez, lisez le livre de Viviane Campomar."

SZRAMOWO, le 05 février 2017, Babelio.com

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"Un tout grand merci aux Editions Chèvre-feuille étoilée et Babelio pour ce petit livre que j'avais très envie de découvrir. Un récit qui nous parle des conséquences de l'accident nucléaire de Tchernobyl.
J'avais été fort émue à la lecture de "86, année blanche" de Lucile Bordes (mon avis est ici) et j'avais envie d'avoir une autre vision.
Nous sommes dans la région des marais de Pripiat, à environ 20 kilomètres de la centrale. Cette région a déjà payé un lourd tribut lors de la seconde guerre mondiale. L'incendie éclate dans la nuit du 26 avril 1986. Dacha, Mitia et leurs amis Fédia et Verotchka, enfants durant la guerre, feront de la résistance et refuseront de quitter le village lors de l'évacuation. le village sera détruit mais ils resteront, à quoi bon partir, ils sont à plus de vingt kilomètres de la centrale, c'est loin, pourquoi
partir ? Les radiations, c'est quoi ? Elles sont invisibles, inodores. Pourquoi partir ? la terre est si généreuse.

Trente ans plus tard, ils témoignent. Toujours en vie comme par miracle. Ils nous parlent de leur solitude.
Macha, leur fille est infirmière. Au moment du drame, elle a dérobé un flacon d'iodure de potassium pour sauver son mari, ses enfants. Elle est tenue au silence.
"Je cousais ma bouche au fil chirurgical"
Les habitants sont relogés, considérés comme des pestiférés, c'est difficile. Les enfants de Macha voient autour d'eux les dégâts causés par les radiations. Ils s'interrogent, pourquoi pas eux ?
Un petit récit émouvant à lire absolument.
Pour rester dans le même thème je vous conseille la magnifique Bd d'Emmanuel Lepage : "Un printemps à Tchernobyl"

Nathavh, le19 février 2017, Babelio.com