Interview publié dans la revue municipale de Chaville, N° 51, déc. 2006.
 
Créer pour mieux vivre
Ecrivain, psychothérapeute, animatrice d’ateliers d’écriture, Denise Morel vient de sortir un nouveau livre, « Les brodeuses de l’Histoire ». Petit tour dans son univers personnel, riche en surprises.
Elle hésitait entre les métiers de juge pour enfants, d’interprète ou de psy. Denise Morel est devenue psychothérapeute et psychanalyste. Puis écrivain. Elle a publié des dizaines d’ouvrages. Elle organise régulièrement des ateliers d’écriture à Chaville.
Elle a enseigné la psychologie à l’université. Mais elle préfère les ateliers d’écriture, car « ce n’est pas un enseignement théorique, c’est un partage, une dynamique. A partir de ce que les gens écrivent, je travaille des propositions de techniques pour arriver à quelque chose, on est dans la pratique tout de suite ».
Mais, explique-t-elle, « Ma première passion, c’est l’écriture. Seulement si on veut écrire il est important d’avoir une expérience de la vie, qu’on n’a pas à vingt ans, j’ai fait beaucoup de petits travaux différents, pour mieux sentir les choses ».
 
Interpréter
Et effectivement, elle a des aventures à raconter. Elle a même passé sept ans dans un couvent. Oui, Denise Morel a été nonne ! Elle a ensuite repris des études et décroché un doctorat de psychopathologie clinique. Au bout du compte, aujourd’hui, toutes ces activités a priori différentes s’imbriquent dans une joyeuse harmonie : « Mon métier de psy finalement est un travail d’interprétation, l’écriture c’est aussi une interprétation », remarque-t-elle.
Elle vient de sortir un nouveau livre, « Les brodeuses de l’histoire », écrit à quatre mains, avec Marie-France Le Clainche. Un roman autour de la tapisserie de Bayeux, vu sous un angle original. « Nous avons essayé d’imaginer ce que les brodeuses avaient vécu en réalisant cette tapisserie, alors que certaines pleuraient un être cher tué à Hastings » (voir encadré). L’interprétation et le souci du déchiffrage sont des thèmes récurrents dans ses ouvrages.
 
Les vertus thérapeutiques de la création
Denise Morel a beaucoup écrit, dans divers domaines : sur la voyance et le tarot, sur l’Egypte, la psychanalyse, la shoah, les erreurs de justice… Son mémoire portait d’ailleurs sur « les superstitions dans le milieu étudiant parisien », et sathèse de doctorat sur les familles de créateurs du passé et contemporains.
Autre thème qui la préoccupe,la souffrance de la séparation. Née en Algérie, elle est arrivée à l’âge de 14 ans à Marseille, arrachée au lieu de sa naissance et de sa jeunesse. « Cela a été un traumatisme, d’autant plus que l’accueil n’a pas été chaleureux », se souvient-elle. Quelques années plus tard, elle fera le tri dans ses émotions sur un divan d’analyste. Mais pour traverser les épreuves, elle s’intéresse aussi à d’autres armes, comme la foi et l’art, la création, le plaisir d’écrire. « Dans l’écriture on peut se lâcher, j’écris tout le temps, c’est une pratique quotidienne. La création permet le renouvellement de la vie ».