Liberté

 

La liberté est une notion toute relative, mais ce qui ne fait aucun doute, c’est que nous n’acceptons pas son absence. Et il faut être conscient qu’elle résulte, à tout âge, d’une lutte. Elle s’obtient par une conquête sans cesse renouvelée.

Chaque étape du développement nécessite une émancipation. Étape maternelle : ma mère ne me surveille plus à tout instant ; étape familiale : je choisis mes activités, mes amis ; étape collective : je travaille utilement, je circule librement dans le pays, je pense d’une façon autonome ; étape individuelle : j’aime qui je veux, je détermine mon existence.

La liberté n’est bien sûr possible que dans le respect d’autrui. L’oppression guette toujours : les parents peuvent être trop prescriptifs, la famille aliénante, la collectivité persécutrice, l’individu harceleur ou manipulateur.

Le moment le plus intense d’accès à la liberté survient à la sortie de l’adolescence. Il s’agit de devenir pleinement adulte. La liberté résulte alors d’une recherche qui se prolonge tout au long de l’existence. Les concessions ne doivent être accordées qu’à condition de les délimiter dans le temps.

C’est en élargissant constamment la relation au monde que l’on évite que la liberté soit menacée. Être libre, c’est ressentir que malgré les obstacles, on progresse dans les diverses aptitudes corporelles, ce qui inclut la parole et l’écriture.

 
23 mai 2016

 

Lieu
 

Même s’il peut se déplacer à loisir, l’être est inséparable de son environnement. Le lieu le nourrit en toutes les composantes de sa réalité corporelle. Nous sommes très attachés au lieu pour la simple raison que nous lui appartenons.

À commencer par le premier lieu, celui de la naissance ou des premières années. La rupture avec un lieu d’origine est d’autant plus cruelle qu’elle se produit tôt dans une vie, ou de façon contrainte ou multiple.

Plus on a vécu dans le même lieu apprécié, plus nous y sommes attachés. Vivre dans le même lieu pendant de nombreuses années provoque une concomitance intense des souvenirs.

Et retourner dans des lieux inchangés du passé génère une émotion intense. Quoi ! J’étais là il y a dix, vingt, trente ans... Il y a de la reconnaissance dans les retrouvailles. Et l’on a l’impression d’une permanence absolue de soi-même.

Les lieux savamment protégés dans la mémoire affective ne se séparent pas des êtres en qui ils sont gravés. Et lorsque le souvenir des personnes s’ajuste exactement à la géographie, alors le temps et l’espace fusionnent pour sublimer le réel.

Dans le paysage aimé ou retrouvé, l’immuabilité nous interroge : sommes-nous plus qu’une brise légère qui agite à peine le feuillage d’un peuplier ? Plus que ce parfum des tilleuls soudain en fleurs ?

 
30 mai 2016

 

Lumière

Nous devons tout au Soleil, il nous réchauffe et nous fait percevoir le monde, en couleurs.

La lumière est émise, absorbée et réfléchie par la matière : sans matière, pas de lumière. Les physiciens la décrivent comme une onde électromagnétique, sans masse, caractérisée par sa longueur d’onde.

Ce que nous appelons lumière, c’est le groupe de longueurs d’onde auquel notre rétine est sensible grâce à une protéine spécifique. Le changement d’état des cellules réceptrices déclenche des influx nerveux, c’est la vue.

Les autres longueurs d’onde nous donnent radio, télévision, téléphone, micro-ondes, wi-fi, etc.

Les sources naturelles de lumière ne sont pas si nombreuses : étoiles, foudre, feu, lave, animaux phosphorescents... Elles nous fascinent toutes. Et bien sûr, nous ne nous privons pas d’en inventer : la lumière électrique et la fluorescence ont transformé notre relation à la nuit.

Si la domestication de l’électricité nous a fait basculer dans une autre existence, la dualité ne s’est pas atténuée : nous comprenons la matière puisqu’elle nous constitue, mais la lumière reste « abstraite » comme... la pensée !

 
06 juin 2016