Liturgie 7, Deux jours, 25 et 26 décembre.
 
 
Savons-nous pourquoi les français bénéficient chaque année de deux lundis fériés, le lundi de Pâques et le lundi de Pentecôte ?
L’usage vient des habitudes juives en Diaspora. En effet, le calendrier liturgique juif dépend des mois lunaires avec des dates très précises. Or, le relevé exact des quartiers de la lune varie de plusieurs heures aux divers points du globe. Les Sages décidèrent qu’en dehors de la Terre d’Israël, la durée plus longue de la fête assurerait les Rendez-vous des fils d’Israël avec Dieu, voire rassurerait les inquiets. Les fêtes, ou Rendez-vous, seraient bien célébrées aux dates voulues.
 
La Primitive Église prit acte de cette coutume pleine de bon sens. Même si les Évangiles paraissaient quelque peu linéaires quant à la chronologie de l’Incarnation, la fête de la naissance de Jésus Christ ne serait séparée de la pleine mémoire de sa Résurrection ni du Témoignage des apôtres. Si le numéro 25 correspondait au même numéro de mois dans d’autres religions, l’Église devait étendre sa liturgie sur deux jours afin qu’à la naissance de l’Enfant soit associée la naissance de la Communauté ecclésiale. Les deux jours successifs 25 et 26 décembre devinrent indissociables…
 
Pourtant, ils furent quelque peu oubliés sauf pour ceux et celles dont la ville ou la paroisse étaient nommées Saint Étienne, le premier martyre fêté le lendemain de Noël. Surtout pour ceux et celles qui vivent sur le lieu de ce martyre, les élèves et les pères dominicains de l’École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem, l’ÉBAF, située au nord de la Porte de Damas de la Vieille Ville. Pour eux, le 26 décembre ne correspond pas du tout au lendemain du 25 décembre ; ce serait plutôt le 25 qui deviendrait la veille, ou la dernière répétition, de la grande fête du Témoignage et de la Résurrection. L’École fut fondée en 1890 par le Père Marie-Joseph Lagrange, o.p., sur le lieu du martyre d’Étienne.
 
Comme les Dominicains organisent depuis des années le Jour du Seigneur, émission dominicale de la messe télévisée, comme les deux jours de cette année 2010 étaient un samedi et un dimanche, les organisateurs ont voulu DONNER aux téléspectateurs et aux téléspectatrices les deux célébrations successives de cette unique fête. Ils se devaient donc d’établir que, le dimanche 26 décembre, la liturgie de la Parole serait celle de la Saint Étienne. Ce choix est d’une rareté extrême dans les temps actuels puisque, de ce fait, la fête de la Sainte Famille était passée sous silence. Mais les téléspectateurs et téléspectatrices ont bénéficié de cette grande Tradition de l’Unité et de l’Unification des deux pans de la vie chrétienne. Et les Anciens élèves de l’École, dont je suis, ont revu avec joie « leurs » lieux, l’atrium et la basilique, ainsi que certains de leurs professeurs…
 
Simultanément, en ce jour de Shabbat 25 décembre, les Juifs commençaient dans la Torah la lecture liturgique du Livre de l’Exode avec les Hébreux opprimés, la naissance de Moïse, sa croissance, sa fuite en Madian, puis son retour en Égypte. Sur la route du retour, la circoncision de ses fils par Tsiporah, sa femme, et les paroles de Moïse et d’Aaron devant Pharaon pour « laisser partir » le peuple.
 
 
©  Marie Vidal