Mon chemin, celui du silence

Marie-Claire Silvestre

Éditions du Panthéon, Paris, 2021

               

Un livre sorti au moment du travail de la C.I.A.S.E. après cinquante six ans de silence imposé à la petite fille qui a été violée par son oncle prêtre pendant des années. Itinéraire,  grand travail de recherches sur les traumatismes physiques et psychiques, longs questionnements sur le mutisme des adultes catholiques devant l’autorité de leur Église, autorité assurée et par l’aura du prêtre et par la couverture d’évêques insensibles à la souffrance d’enfants. Alors qu’elle est la neuvième de sa fratrie, la petite fille se trouve toute seule et démunie, sans aucune protection de ses parents, mais elle sait bien fort que le prêtre ment, que ses paroles à la messe sont fausses, qu’il joue avec les corps, qu’il s’empare de son corps. Grâce à des rencontres avec des jeunes et à un professeur de littérature, elle reprend « confiance en l’homme » et elle développe ses rêves qui la sauvent au jour le jour. Aujourd’hui, dans sa septième décennie, elle interroge sur l’incapacité des adultes et des médecins à comprendre les signes et les symptômes des enfants : « Ah ! Se poser des questions est donc si difficile que cela ? » Elle estime qu’elle a été enfant « au milieu des muets ». Le lecteur comprend que, par différents modèles culturels et par des formatages séculaires, les pratiquants catholiques sont d’abord muets, rendus muets… et que l’Église qui se pense forte est terriblement minable.

Libre, Marie-Claire Silvestre a demandé l’apostasie de son baptême qui avait été célébré par ce prêtre. Libre, elle devient poète. Libre, elle enseigne la résilience et annonce sa foi.

Merci beaucoup aux Éditions du Panthéon pour la publication de tels livres ! Par la thérapie de l’écrit et de l’édition, l’autrice est ainsi passée du statut de victime à la responsabilité vitale et vitalisante de témoin.