Tournesol voleur d’espoir

Tournesol voleur d’espoir
De rage je te crache
De rage je te noie
Dans les puits des villes
L’égout des campagnes

Cœur d’ambre gelé
Aux pétales hirsutes
Tu trônes dans la salle
Salues les marchands mangeurs de mots

Tu souris aux mendiants qui parlent à la lune
Et supplient les étoiles
Tu savoures ta gloire obscène

Tournesol impie
Que ne renie-tu pas ta superbe
Pour offrir à l’homme usé des poussières d’espoir

Girasol ladrón de esperanza

Girasol ladrón de esperanza
De rabia te escupo
De rabia te ahogo
En los pozos de las ciudades
La alcantarilla del campo

Corazón de ámbar helado
De pétalos desgreñados
Reinas en la sala
Saludas a los mercaderes comedores de palabras

Sonríes a los mendigos que hablan a la luna y
suplican
las estrellas

Saboreas tu gloria obscena

Girasol impío
Por qué no reniegas tu soberbia
Para ofrecer al hombre desgastado polvillos
de esperanza

                                                                                            Traduction Pedro Vianna

Trilogie poétique

Muriel AUGRY

-I-

Orange comme miel au soleil

A l’angle du sourire
Il parcourt à vive voix
De la Sierra Nevada les vallées suspendues sur un fil d’horizon

Ce soir le silence s’enflamme
Se fait tambour
Roule ses oripeaux sur le parquet de vers usés

D’embrassements furtifs
En glorieuses ruptures
Mots à tous vents
Fièvre heureuse comme l’aurore

Orange comme miel au soleil
Que l’on effleure à pleine bouche

De l’une ou l’autre troublant alter ego
Il donne âme à l’âme
Souffle sur la vague dans l’ombre tapie
L’absence se fait chair criante

Sur un papier bavard des signes de mémoire
Sur un papier buvard le visage des jours feu

 

Trilogía poética

Muriel AUGRY

-I-

Naranja como miel al sol

En la esquina de la sonrisa
Él recorre a voces
De la Sierra Nevada los valles suspendidos encima de un hilo de horizonte

Esta tarde el silencio se arrebola
Se vuelve tambor
Hace retumbar sus oropeles en el entarimado de versos gastos

De besuqueos furtivos
En gloriosas rupturas
Palabras a los cuatro vientos
Fiebre feliz como la aurora

Naranja como miel al sol
Que uno roza con toda su boca

De la una o de la otra el alter ego provocativo,
Él da alma al alma
Sopla la ola en la sombra agazapada
La ausencia se vuelve carne en aullidos

En un papel hablador signos de memoria
En un papel secante el rostro de los días de fuego

 

-II-

La vague rouge

J'aurais voulu te croiser à l'heure où le crépuscule s'embrase
Dans l'été caniculaire
Lorsque les mûres sauvages pressent leurs juteuses boursouflures
Contre les turgescences des rameaux

J'aurais frôlé les goélands mâchant l 'espace
D'un bec
Et souri de leurs hardiesses

J'aurais humé les embruns jusqu'à l'ivresse
et scruté la vague rouge

J'aurais cherché à t 'apercevoir
Dans les faisceaux intermittents
Du phare centenaire

 

-II-

La ola roja

Hubiese querido cruzarte en la hora en que arde el crepúsculo
En el verano canicular
Cuando las moras silvestres exprimen sus jugosas hinchazones
Contra las turgencias de los ramos

Hubiese rozado las gaviotas masticando el espacio
Con su pico
Y sonreído de sus audacias

Hubiese olido el rocío marino hasta la ebriedad
y escrutado la ola roja

Hubiese buscado vislumbrarte
En los haces intermitentes
Del faro centenario

 

-III-

En bleu croisés 

Assis à la terrasse
Ils, eux,
Passagers de l'heure
En quête de palabres

Aux quatre coins de la table
Nous

Ce vendredi argenté
À l écart du tumulte
Gourmands d’instants gaufrés

À nos bras une signature
Éphémère
Complice
De nos corps hier meurtris

Ce soir l’air s’enivre
Se saoule au champagne
Les platanes retiennent leur souffle
Le long du boulevard à la lourde mémoire

Ce soir des mots mâchés, décortiqués ont un goût fruité d’été
Ils quittent l’étroit salon
Roulent sur les tréteaux
Dévalent les estrades
Se campent dans l’amphithéâtre éclaboussé de soleil

Frissons de soi égarés
Suspendus

Une trace nous enlace
Au cœur du boulevard à la riche mémoire

 

-III-

En azules cruzados

Sentados en la terraza
Él, ellos,
Pasajeros de la hora
En busca de charloteo

En los cuatro costados de la mesa
Nosotros

Este viernes plateado
Lejos del tumulto
Golosos de instantes gofrados

En nuestros brazos una firma
Efímera
Cómplice
De nuestros cuerpos ayer magullados

Esta noche el aire se embriaga
Se emborracha con champán
Los plátanos aguantan su aliento
A lo largo de la alameda y su memoria pesada

Esta noche palabras masticadas, descascaradas tienen un afrutado sabor de verano
Ellos dejan el estrecho salón
Se dan vueltas en los estrados
Bajan a toda prisa de las tarimas
Se plantan en el anfiteatro salpicado de sol

Escalofríos de sí extraviados
Suspendidos

Una huella nos estrecha
En el corazón de la alameda de rica memoria

                                                         Poemas traducidos del francés por Pedro VIANNA