Préface du recueil Les lendemains turquoises
 
 
D'un coté et de l'autre de la Méditerranée, la mare nostrum, des espoirs, des désirs, mais aussi des attentes et des angoisses. Une nostalgie latente, sourde se cache derrière les mots avec lesquels joue Muriel Augry.
En choisissant la poésie en prose, elle a emprunté une piste. Celle de Baudelaire, Rimbaud, Michaux et bien d'autres. Ce sont des bribes d'histoires qu'elle veut raconter hachées par la douleur, embellies par le plaisir, fixées par le souvenir. Des histoires qui commencent et ne finissent pas, autour d'un lieu, d'un être.
Les poèmes de Muriel Augry sont courts, ciselés. Ils bannissent l'épanchement. Mais cette concision interpelle le lecteur. Sous l'apparente simplicité, il y a comme une violence du verbe. Selon les cas, elle se fait ordre ou prière; elle est le reflet d'un monde en mouvement, mais répond paradoxalement à une exigence de quiétude.
Arrêtons-nous. Prenons le temps d'ouvrir les yeux. Les vers de Muriel sont colorés. Une veine picturale les anime. Du bleu, du vert de l'Océan ou de la mer, à l'ocre et au rose du sable…L'auteur privilégie les étendues illimitées où perdre le regard, où perdre la conscience de soi.
Apre, solitaire, la nature possède un langage qui s'exprime en couleurs. Mais le vent chasse les mots et les hommes errent.
Dans la prose poétique du recueil "Les lendemains turquoises" le voyage est une constante. Il scande le long défilé des jours et lui offre des fragments de plénitude. Au détour d'un lieu, au croisement d'un visage, c'est un instant de jouissance qui apparaît. Un éclair. La nuit se cache pour laisser place à la brillance du jour; à moins que ce ne soit le contraire, car les nuits aussi sont  changeantes et versatiles.
Derrière un verbe, derrière un nom se tapissent des ombres qui aspirent  à une existence polychrome où un jeu sans loi ni règle donne à la vie son mystère et donc son charme attachant, envoûtant et sa saveur à nulle autre pareille. Jugez-en vous-mêmes par le biais de cette brise entre mille autres.
Nuits incandescentes pour les aubes colorées
Le visage de l'autre comme identité
La déraison est à l'honneur
La licence de règle
 
Bensalem Himmich