Admiration
 
C’est grâce à l’admiration que les êtres se rapprochent les uns des autres. Dans l’admiration, on s’étonne avec plaisir de ce que peut élaborer une autre personne.
Toute personne souhaite être admirée d’une façon ou d’une autre. On peut dire qu’il y a trois sortes d’admiration : familiale, collective et individuelle. Elles sont complémentaires, mais plus une forme d’admiration est intense, plus les deux autres ont tendance à être minimisées. Cependant, l’être atteint une plénitude lorsqu’il célèbre les trois formes d’admiration.
L’admiration familiale est fondamentale pour la construction de l’être. L’enfant a besoin de recevoir de ses parents toute l’estime possible et être complimenté. Puis, cela vaut pour tous les liens familiaux. Les dénigrements intrafamiliaux sont ravageurs.
L’admiration collective fonde les nations. Elle commence par les hommes et les femmes célèbres du passé et se continue dans le présent en tous domaines : la politique, l’entreprise, les arts, les sciences, les sports, les médias, etc.
Enfin, l’admiration individuelle relève du choix intime de chaque individu en fonction de ses passions, de ses projets. L’accession à l’admiration individuelle est de nos jours l’une des conditions majeures de l’épanouissement.
L’admiration est si nécessaire à notre identité que la moindre attaque d’une admiration suscite de violentes réactions. Ce qui ne signifie pas qu’il faille accepter autour de soi n’importe quel type d’admiration ! Chaque admiration est un débat qui mérite d’être intéressant.
 
12 octobre 2015

Amitié

Entre les liens de sympathie et ceux d’amour se conjugue l’amitié. L’espace est large, aussi l’amitié évolue-t-elle de la simple camaraderie à l’attachement indéfectible.
L’amitié élabore, avec l’altruisme et l’amour, l’une des relations humaines les plus sophistiquées. Elle n’existe que par une volonté assidue : il faut vouloir réciproquement l’amitié, et l’entretenir avec vigilance.
L’amitié se réalise dans le partage prolongé de moments privilégiés. Les lieux d’apprentissage la favorisent. Elle se développe grâce à l’invitation et la conversation.
Elle permet de rechercher les bons cheminements dans l’existence et de se soutenir mutuellement. Les trois objectifs de la rhétorique se retrouvent dans l’amitié : intéresser, plaire et divertir.
De sorte que le sens de l’amitié paraît être l’une des qualités essentielles à acquérir dès l’enfance.
L’ami(e) unique se situe au centre d’un cercle d’amitiés plus diverses, de la sympathie jusqu’à la camaraderie. C’est un art que de choisir ses amis et de privilégier ceux avec qui l’on s’entend le mieux et qui vous apportent la meilleure des stimulations.
Il ne faut pas penser que l’amitié entre en concurrence avec l’amour. Bien au contraire : l’amour naît d’une continuité qui passe de l’attachement familial à la préférence amicale.
Avoir des amis, voilà l’une des meilleures chances de l’existence. C’est une recherche qui dure toute la vie.
 
19 octobre 2015
 

Amour

Qui sort de l’enfance avec une confiance dans la sensation du sentiment d’amour part du bon pied. Le manque d’amour dans les premières années est une catastrophe. La défiance survient en cas de délaissement parental ou de traumatisme.
Mais pourquoi l’amour est-il si important ?
Parce qu’il est le summum de ce qui nous fait exister : la relation à l’autre. Chez l’enfant, la garantie durable d’être aimé lui permet de ne pas douter de la protection, des soins, de l’aide à grandir.
Cependant, les quatre étapes d’élargissement de notre relation au monde – mère, famille, collectivité, individualité – déterminent quatre formes d’amour : l’amour maternel, l’amour familial, l’amour collectif ou altruisme et l’amour individuel.
Selon les époques de la vie, l’une de ces formes peut être privilégiée. Les deux grands événements habituels sont la prise de conscience, à l’adolescence, de l’état du monde avec une accentuation de l’altruisme, puis, dans la jeunesse, la survenue d’un amour-passion.
À l’âge adulte, les quatre formes d’amour coexistent et entrent plus ou moins en compétition, voire en conflit. On peut imaginer que l’épanouissement consiste à les vivre en harmonie, avec intensité.
L’amour individuel est la forme qui nécessite le plus de volonté personnelle car provenant d’un choix réciproque. L’art magnifie cette aventure récente, obtenue dans l’étape individuelle.
 
26 octobre 2015

Arbre

Les arbres nous accompagnent depuis nos origines. Nous avons vécu dans leurs branches et avons été nourris de leurs fruits. En grimpant à tous les arbres possibles, les enfants récapitulent les millions d’années dont nous provenons.
La beauté des arbres exalte le regard attentif. Cet ancrage des racines dans le sol, cette détermination solide du tronc pour la verticale, cette élévation résolue et souple, ce déploiement intrépide attiré par la lumière emportent l’admiration.
L’arbre accueille les oiseaux et le vent, reçoit la pluie en connivence. La couleur verte, dans ses variations depuis le vert tendre jusqu’au pourpre sombre, submerge de plaisir la rétine. Aucun spectacle n’est plus attrayant qu’une forêt à perte de vue depuis un promontoire.
Chaque espèce invente son port, son écorce, son bourgeon, sa feuille, ses fleurs et ses fruits. La feuille séduit : subtile usine au découpage multiple, elle fait monter la sève et capte la lumière. Toute déliée au printemps, elle multiplie les couleurs à l’automne.
L’arbre en fleurs donne une leçon d’abondance qui se transforme en générosité des fruits, lesquels coévoluent avec les animaux : le végétal nous les offre pour que nous dispersions ses graines.
Si j’ai grandi parmi les arbres, je les retrouve dans toute la ville qui me semble alors m’appartenir. Hêtres, chênes, cèdres, marronniers, platanes, paulownias, catalpas, magnolias, érables, frênes, bouleaux, charmes, peupliers d’Italie, saules pleureurs, tilleuls argentés, robiniers, sapins bleus, ginkgos, cerisiers, pommiers, noyers…, tous sont mes familiers.
 
02 novembre 2015

Aventure

Le mot aventure est en relation étymologique avec « avenir ». L’aventure recherche un avenir particulier, celui que l’on crée dans une exploration volontaire, persistante, attentive.
Voir la vie comme une aventure ne relève pas de l’évidence. Celles et ceux qui choisissent cette attitude se distinguent par une volonté explicite d’aller vers la nouveauté.
Partir à l’aventure, c’est ne rien avoir prévu d’avance ; vivre une aventure amoureuse, c’est se lier à une personne sans bien la connaître.
Aventure rime avec nature. Toute immersion dans la nature crée du suspense. Mais la « nature », c’est aussi nous-mêmes. L’ensemble du corps exprime d’une façon intense par les sens, les gestes, la parole et l’écrit, sa relation au monde.
L’être qui vit pleinement son histoire s’éveille chaque matin avec le sentiment d’une ferveur intérieure. L’action est confortée par la contemplation.
L’inconnu, l’imprévu, l’innovation sont périlleux. Mais plus une entreprise s’épanouit, plus une vigilance est portée à la diminution des risques afin de prolonger le plus longtemps possible le plaisir.
Ennemi principal : la routine, génératrice d’ennui. Sans le jeu, l’apprentissage, la découverte et l’émotion, l’être ne décèle plus les pistes de son développement.
L’aventure révèle l’extension incessante de la relation au monde.
 
09 novembre 2015