Sensation 
 

Avec la sensation, nous sommes à l’origine de la vie animale. Les premiers neurones créent la perception du monde extérieur. Encore peut-on penser que la sensation commence dès les Unicellulaires qui s’orientent en fonction des gradients de température et de concentrations chimiques.

La vie ayant son origine dans la mer, le goût et le toucher semblent les deux sens d’exploration les plus anciens. Dans le goût, les molécules extérieures se fixent à des capteurs, tandis qu’avec le toucher le contact reste délié.

L’audition serait une évolution du toucher puisqu’il s’agit de la pression ponctuelle ou répétée de l’eau, et ensuite de l’air, sur une membrane. De même la vue qui résulte du choc des photons sur la rétine.

Après la sortie des eaux, l’odorat devient un goût aérien. Chez le nouveau-né, on ne doit pas s’étonner de l’attraction maternelle immédiate puisque les capteurs ont été mis en œuvre lors de l’immersion dans le liquide amniotique.

À ces cinq sens, s’ajoutent nos sensations intérieures. D’innombrables signaux nous renseignent sur notre fonctionnement corporel. On comprend dès lors que la synthèse décisionnelle soit difficile. Les meilleurs plaisirs privilégient un sens à la fois, chacun à son tour. Et rien ne nous plaît tant que l’oubli de tout dans une activité qui nous passionne.

 
23 janvier 2017

Sentiments 
 

L’interprétation de ce que l’on ressent crée les sentiments. De sorte qu’ils s’échelonnent depuis l’effet des sensations corporelles immédiates jusqu’aux relations affectives.

Il y a ainsi deux grandes sortes de sentiments : d’une part, les états intimes de plénitude, de bien-être, de frustration, d’angoisse, etc. ; d’autre part, les dynamiques d’attachement ou de rejet vis-à-vis d’autrui.

La palette est si large que l’on peut supposer que nous sommes assaillis en permanence par ce discours intérieur subjectif qui résulte de l’analyse des multiples éléments de nos vies complexes.

On peut supposer que les êtres qui n’ont pas connu de violences inattendues, s’ils existent, sont habités par une confiance : ils peuvent se reposer sur des sentiments rassurants, apaisants. Au contraire, ceux qui ont rencontré des traumatismes subissent le doute et l’inquiétude, ils vivent dans l’inconfort des incertitudes de l’avenir.

Le surmenage moral nous empêche d’apprécier pleinement l’instant présent. Souvent est évoquée la nécessité du lâcher-prise. Si les sentiments nous obnubilent, il n’est pas facile de préserver un certain sentiment… de liberté.

 
06 mars 2017

Sexualité 
 

Apparue très tôt dans l’évolution animale et végétale, la sexualité définit les espèces et croise les qualités génétiques. Certains végétaux ou animaux sont hermaphrodites. Ou bien les individus peuvent changer de genre au cours de leur développement.

Chez les humains, le mâle est nommé homme et la femelle femme. Les féministes auront noté qu’appeler mâle un homme est valorisant, tandis que femelle une femme est méprisant.

Notre caractéristique par rapport aux autres animaux est de savoir différer la reproduction. Selon les cultures, le décalage est de plusieurs années après la puberté. Cela entraîne une vigilance prolongée des parents sur les adolescents.

La sexualité produit une intense attraction entre les êtres et une compétition. Le plaisir peut atteindre des intensités inégalées, mais tout autant les conflits, les dominations et les solitudes provoquent de grandes souffrances. Sans compter le risque de maladies.

La sexualité relève de l’intimité, mais également de la vie sociale, ce qui fait qu’interdits et liberté la délimitent. La législation protège les enfants, punit les agressions, interdit de rétribuer. La sexualité est un art sensoriel et affectif qu’il importe de cultiver avec beaucoup d’attention, de prudence, de joie.

 
13 mars 2017

Socialisation 
 

Nous sommes des êtres sociaux, donc la socialisation est inévitable. Et comme il s’agit d’être en relation avec autrui, cela se réalise grâce à l’environnement.

Certains sociologues distinguent une socialisation dite primaire, qui relève de la scolarisation, et une socialisation secondaire, qui permet d’acquérir une aptitude professionnelle.

Plus précisément, nous dirons ici que la socialisation parcourt les trois étapes du développe­ment. La première socialisation est familiale, la seconde collective et la troisième individuelle.

La socialisation familiale semble universelle. En cas de carence parentale sans substituts, la souffrance est certaine et les socialisations suivantes sont compromises.

Ou bien, après une socialisation familiale harmonieuse, c’est la socialisation collective qui peut faire défaut. Dans ce cas, la troisième socialisation risque d’errer dans des explorations excessives.

Assurément, la socialisation individuelle est la plus délicate car la plus récente. Chacun fait pour le mieux !

 
27 mars 2017

 

Solitude  

Notre existence est tellement inséparable d’autrui que, dès qu’un écart trop important survient, le sentiment de solitude apparaît. Celui-ci résulte d’une pensée de privation de la relation. À l’inverse, si l’écart avec autrui se réduit trop, c’est un sentiment d’oppression qui surgit. Nous oscillons entre sujétion et délaissement.

La solitude est le plus souvent affective lorsque l’être s’estime peu entouré, qu’il se juge en manque d’amitié ou d’amour. Elle peut aussi être générée par des circonstances trop individuali­santes comme la maladie ou le grand âge.

Le sentiment de solitude est également inhérent à l’exploration et à la créativité. Dès qu’un être cherche à produire du nouveau, il se retrouve en moindre visibilité d’autrui, la distance augmente.

Nous craignons à juste titre la solitude. L’art est de ne jamais la laisser s’installer. Mais nous devons aussi admettre qu’elle nous apporte certains des moments les plus intenses de notre existence, en particulier lorsque nous nous retrouvons seuls en pleine nature. Le retour fugace vers le monde d’avant la parole et l’écrit, le monde purement sensoriel et gestuel, nous apporte une félicité, nous apaise.

 
24 avril 2017

 

Surréalisme 

« C’est complètement surréaliste ! », cette exclamation péjorative prononcée comme une plainte lors d’une situation inextricable devrait plutôt être utilisée comme un compliment.

André Breton, disparu il y a cinquante ans, est l’un de nos grands génies, pionnier de l’émanci­pation individuelle dans le souci de l’avenir. La poésie, l’amour et la liberté furent les trois valeurs du surréalisme. Elles restent à défendre énergiquement quand l’utilitaire a la fâcheuse tendance à les exclure.

Réaction énergique à l’impardonnable guerre de 14-18, le mouvement surréaliste devint l’une des plus intenses sources de créativité artistique et intellectuelle européenne.

La pesanteur guette nos existences, la banalité empêche les rencontres, l’effet zéro nous menace constamment. Cependant : « le merveilleux est toujours beau, n’importe quel merveilleux est beau, il n’y a même que le merveilleux qui soit beau. »

 
05 mai 2017