1/ Opuscule sur l’immortalité, essai 1983, revue « L’ère nouvelle ».

2/ L’année des Chemises noires, roman historique, 2005 Albiana.

3/ Le caïman noir, 2009, thriller, Durand Peyroles.

4/ Le manchon noir, 2011, roman, Durand Peyroles.

5/ L’asymptote du rajeunir, roman médical, 2013, Durand Peyroles.

6/ Noir d’ivoire, thriller, 2016 Sudarènes.

7/ Djihâd Chiche-Kebab Connexion, 2018 www.publilivre.fr

8/ Autobiographie d'une spermatozoïde, 2021, Les Presses du Midi

 

    Mon premier écrit en 1978 fut un essai intitulé « Opuscule sur l’immortalité ». À l’époque le fait d’avoir mis en avant des expériences de clonage des grenouilles, et les possibles applications sur l’homme, n’eurent pas l’effet escompté. Mes contradicteurs arguaient que les batraciens n’avaient pas de nombril et conséquemment aucun cordon ombilical ! Pour des raisons qui m’échappent encore aujourd’hui cet essai n’avait pas convaincu mes confrères jusqu’à la naissance, 20 ans après, de la première brebis clonée répondant au joli nom de Dolly !  On a parfois tort d’avoir raison trop tôt ; je l’ai appris à mes dépens. C’est grâce à la revue « l’Ère nouvelle », heureusement pour moi,  que six articles réactualisés du n°26 au n°31 de 1983, reprirent l’essentiel de la publication initiale.

   Dans « L’année des Chemises noires » (2005 chez Albiana), c’est un enfant de 11 ans, prénommé Côme, qui nous révèle son passage brutal à l’âge adulte. Il nous relate sa vie de petit paysan corse lors de l’hiver 1943, ses interrogations, alors que des rumeurs de combats meurtriers lui parviennent du fond de la vallée. Sa mutation vers l’âge adulte va se caractériser par une transition brève, excessivement violente, sans pédagogie préalable, dans ce climat mortifère d’entre deux guerres. Côme aura pour tuteurs un oncle gueule cassée, une tante veuve de 14/18 toute de noir vêtue par un mezzaru de deuil, et une tendre mère réduite à l’état de servitude muette. Son père, maquisard, est plus souvent avec ses hommes en haute montagne, à la recherche de parachutages alliés, qu’à la maison.

   C’est Frédéric Tourneur jeune réalisateur de plusieurs courts métrages - dont un récompensé par le 1er prix de Grasse avec « Le ministère de la peur » -, qui m’a convaincu de coécrire le scénario de ce livre. Comme dans le roman historique l’action se déroule en 1943 au sein d’une famille de bergers résistants dans une civilisation sylvo pastorale autarcique. A cette époque, la Corse compte 160 000 âmes. L’île, essentiellement peuplée de veuves de la première guerre mondiale, est néanmoins occupée par 85 000 italiens envoyés par Mussolini… et 30 000 allemands aux ordres d’Hitler !

   L’agencement des séquences mises en place par Frédéric Tourneur démontre avec juste raison pourquoi, face à une telle adversité, la Corse a été le premier département français à se libérer par ses propres moyens le 9 septembre 1943. Bien des éléments développés dans le scénario diffèrent de l’écrit pour des raisons de transcription.

   Le « Caïman noir », (Durand Peyroles 2011). L’intrigue, née d’une prémonition, s’est construite sur l’assassinat d’une personnalité de très haut niveau par une arme de précision à longue distance. Les commanditaires en col blanc de ce forfait voyaient d’un mauvais œil qu’on ose s’attaquer à leurs trésors de guerre - la moitié des liquidités mondiales -, engrangés dans les paradis fiscaux. L’enquête confiée à Carlu Mattéu, Carl le Mat pour sa hiérarchie du GIGN, débute en Corse à San Ghjuvanni di Moriani dans un climat délétère de règlements de comptes entre insulaires.  La filature se poursuit en Guyane dans une tribu de Galibis culs nus, armés d’arcs, et gardiens d’une espèce internationalement protégée de caïmans noirs… alors que leur propre peuplade ne l’est toujours pas !

     « Le manchon noir » (Durand Peyroles 2013) Un Quasimodo mental œuvre dans l’obscurité des back-stages et finit, à la suite d’un concours extraordinaire de circonstances, par se rendre indispensable auprès de Carat, l’égérie des top-modèles. Elle vient d’être mise en surbrillance, par la presse people internationale, avec le titre envié de « meilleur mannequin mondial de l’année ». Cette beauté porte sans complexe, du haut de son 1 mètre 85, un mélange de sex-appeal et d’arrogance. La chute, en apparence anodine dont-elle fut victime la veille du défilé de mode, lui occasionna des traumatismes qualifiés de mineurs par un chirurgien moscovite… Mais cet incident, contre toute attente, allait provoquer un tel bouleversement dans sa vie de tous les jours qu’elle sera contrainte et forcée d’enchevêtrer sa destinée avec celle de Max. Ne dit-on pas d’un couple qu’il devrait-être le parfait équilibre entre deux forces de puissance égale mais de sens contraire ? J’ai essayé de démontrer la prévalence du désir de paraître, voire celui de parader, animant la nature humaine et qui fait fi de valeurs autrement plus nobles.

    « L’asymptote du rajeunir », Durand Peyroles, 2014. Ici, le personnage principal invisible mais hyperactif, énigmatique et coupable, est personnifié par une maladie orpheline ! Cette pathologie se retrouve traquée par des enquêteurs médecins qui tentent de sauver la victime, un malade prénommé Don Pierre, de ce mauvais pas. Cet archéologue à la retraite âgé de 83 ans souffre, après un premier coma, d’une tumeur hypersérétante de l’hormone de croissance qui provoque chez lui une jouvence inédite! Ce processus rarissime et inflexible, de pertes de connaissance en réveils, le fait basculer vers l’adolescence. Parmi les professeurs du staff médical c’est l’incompréhension la plus totale. L’inadaptation de l’involution du patient au monde circonvoisin et familial, s’ajoutant aux désagréments mnémoniques enduré pour une telle vie à rebours, pose  la question primordiale : est-ce que cela vaut vraiment la peine, pour un octogénaire ayant si bien vécu, de rajeunir ? Existe-t-il un tempo idéal de référence ; serait-ce celui de quinquagénaire ? De quadragénaire ? D’adulescent ? D’adolescent ? D’enfant ? De bébé ? De nourrisson ? De ...

    «  Noir d’ivoire » aux éditions Sudarènes, 2016. La vie de certains de nos semblables tient parfois à peu de chose. C’est à cause d’une œuvre attribuée à un peintre maudit qu’un jeune marseillais, supporteur de l’OM est abattu, pendant que le public se lève pour une holà, juste après un but de Paget…  Pourquoi ? Quelle relation établir plus de quatre cent dix ans après entre un tableau non signé mis aux enchères, mais attribué à un certain Michel Angelo Mérisi, et ce brave anonyme marseillais inconnu des services de police ?  Pour étoffer l’énigme, j’ai dû m’immerger dans une époque foisonnante en mystères, je me suis entièrement consacré à la lecture de biographies dédiées à ce peintre hors normes. J’y ai découvert un personnage singulier, ambivalent, une espèce rare de génie qui a marqué l’époque des clairs obscurs de la Renaissance. Puis ses œuvres sont tombées dans un oubli de trois siècles ! De nos jours une toile du Caravage mise aux enchères atteindrait des sommets incommensurables. C’est ainsi que l’art, qui devrait privilégier l’enrichissement culturel de l’humain, se transforme brutalement en placement financier froid sans scrupule ni partage.

     « Djihâd-Chiche-Kebab-Connexion » (Sudarènes, 2018). Timothée, héros malgré lui de ce thriller, est orphelin  d’un père corse abattu dans un règlement de comptes six mois avant sa naissance. L’inconscience d’un oncle prénommé Augustin fiché au grand banditisme, auteur du casse de la Brink’s à Marseille, lui vaut une lourde condamnation. C’était, cruelle coïncidence, le jour anniversaire de ses vingt ans. Aux Baumettes, sa rocambolesque généalogie n’a cessé de l’encenser auprès des codétenus.

    Dans ce thriller j’ai voulu faire du lecteur un témoin privilégié d’affrontements, à la vie à la mort, entre trois communautés. Corses, Maghrébins et Arméniens se défient dans l’espace confiné du trafic de stupéfiants. Les héros de ce drame, fichés « au grand banditisme », n’ont pas conscience d’être des marionnettes programmées par un lourd passé généalogique. Ce Djihâd, subi par mes héros, n’a rien de commun avec celui dont on nous rebat les oreilles. C’est un Djihâd particulièrement taiseux, rampant, typé boa constrictor. Il vient jusque dans vos  bras pour asphyxier nos enfants dans une étreinte sans fin. Notre jeunesse est décérébrée par l’immixtion lente des poisons que les fous de Dieu diffusent au prix fort. Nous avons affaire à des assassins, pas à des vendeurs à la sauvette de marchandises médicamenteuses contrefaites. Des dizaines de milliers de morts, directes ou indirectes, leurs sont imputables. Ceci étant avancé, il n’y a pas que les djihadistes, le grand banditisme corse s’est également introduit dans tous les rouages de la société insulaire. L’industrie touristique, le bâtiment et le commerce, les vignobles, les sociétés de gardiennage, sont pollués par de l’argent sale. Le monde politique dans son ensemble, et plus particulièrement les autonomistes, pourraient y perdre leur âme. Le mouvement nationaliste, est né en septembre 1976 dans des caves viticoles de rapatriés à Aléria. S’il ne s’oppose pas à l’ignominie d’une soumission à la voyoucratie, les rêves d’autonomie agoniseront dans les vignobles de Linguizzetta fief des Casabianca depuis des générations. 

   Dans une vie antérieure j’étais médecin généraliste dans les collines de Pagnol. L’idée d’écrire « Autobiographie d'un spermatozoïde » naquit le jour où, dans les tiroirs sonnants et trébuchants d’une vieille commode, je découvris  six revues de «L’ Ère Nouvelle » datées de 1983. Du numéro 27 au 31 j’avais rédigé cinq articles intitulés " Essai sur l'immortalité ".
C’est en me relisant que j’éprouvais comme une renaissance. Je fus surpris de retrouver l’esprit d’investigation qui n’a cessé de m’animer ma vie durant. Un tiers de siècle a passé ; l'adaptation de la forme aux canons de la révolution numérique s'est imposée d'elle-même.  Les changements climatiques, y compris l'intrusion de ce Covid-19 mesurant seulement 1/20.000ème de micron, m'ont poussé à reprendre la plume sans jamais éprouver l’angoisse de la feuille blanche.
J’eus la certitude qu’avant de naître je n’étais pas tout à fait mort ; plus précisément programmé depuis la nuit des temps : 45 milliards d’années. Nous émergeons d’un mystère désormais élucidé ; nous y retournerons tant que nos descendants procréeront. Le spermatozoïde unicellulaire généalogique de nos ADN, sur 150 millions de prétendants, s’agitant à vue dans un océan d’incertitudes liquidiennes, féconda par hasard un ovule qui déambulait dans le 1/3 inférieur d’une trompe utérine maternelle.
Soudainement zygote, puis embryon barbotant dans des sérosités amniotiques, nous avons muté après quelques semaines en fœtus aux formes vaguement humanoïdes. Les gesticulations de nos quatre membres nous encouragèrent à tourner en rond, tel l’écureuil dans sa cage. Comme vous, je m’imaginais accoster sur une île au trésor, déserte, improbable, prometteuse d’une terre sphérique à la Galilée. Juste le temps de m’habituer à l’immersion d’un scaphandrier de mille et une lieues sous la mère que la paroi utérine entreprit de m’expulser.
De vastes lames de ciseaux, actionnées par de gigantesques doigts gantés de latex, sectionnèrent net le cordon artérioveineux de mes autonomies abyssales pour faire de moi un SDF migrant d’une poitrine à l’autre. Indifférent au vacarme flagornant je m’appliquais à  téter un tendre mamelon tout en comprimant l’autre de crainte de perdre mes uniques bouées de sauvetage. Deux brefs changements supplémentaires de sauf-conduits, sur les trois premiers périmés, me promulguèrent bébé, puis enfant, en m’affublant d’un prénom administrativement dactylographié…

  C’est ainsi qu’ « Autobiographie d’un spermatozoïde », grâce aux éditions Les Presses du Midi s’inscrit dans la lignée des romans scientifiques.