Jean-Pierre Simoni : « Autobiographie d'un spermatozoïde »

Philippe Jammes, le dimanche 23 mai 2021, in Corse Net Infos

Original, voici le parcours d’un spermatozoïde de nos plus lointaines origines jusqu’à un avenir plus rassurant. Ce parcours, cette atypique autobiographie nous est relatée par le docteur Jean-Pierre Simoni*, auteur déjà de 7 autres ouvrages**. Un périple touristique à l’intérieur de cette cellule de cinq millièmes de millimètre sans laquelle personne n’existerait. CNI a plongé dans l’infiniment petit….

Dans ce livre, édité par Les Presses du Midi, illustré et documenté pour une compréhension facilitée, à chaque paragraphe, l’infiniment petit rayonne immensément.  Un ouvrage truffé de références scientifiques, de précisions, de mises en garde aussi de l’auteur qui a répondu à nos questions

Le style de ce livre peu commun ?
Je reconnais la difficulté, pour des profanes, de décrypter la langue « étrangère » scientifique. C'est pour cette raison que j'ai choisi de la traduire en « français courant ». Le style du livre renoue donc avec le genre "roman scientifique" tombé en désuétude, puis ressuscité de ses cendres grâce au Covid 19. Depuis la pandémie, sur 70 millions d'habitants, la France compte 2/3 d’infectiologues à l'heure de l'apéro. Ce constat m'a conduit à utiliser un vocabulaire hybride alliant un imaginaire romanesque prenant appui sur des béquilles scientifiques indiscutables. 


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Article signé Jeannot Filippi dans Corse matin du 17 septembre 2021.


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Ami,


je viens de lire votre « roman scientifique » dont le principal héros est le spermatozoïde,  livre acquis à la Maison de la Corse à Marseille et que vous m’avez dédicacé…


J’avoue avoir été, avant de le lire, très  perplexe quant à l’intérêt de sa lecture, vu le titre , croyant d’abord qu’il ne pouvait s’agir  que d’une histoire un peu farfelue et humoristique , ayant pour but principal la pédagogie à propos de sujets que je sais très complexes car  faisant appel à des connaissances précises dans divers domaines; ceux  de la biologie, , de la chimie organique et surtout de la génétique.


Mais je me suis trompé et,  après l’avoir lu, je dois dire,     


                                                  Bravo!


- Bravo pour votre recherche documentaire et la mise à jour de vos  de nos connaissances dans ce domaine. Elles ont été aussi indispensables qu’elles l’auraient été pour moi, car, comme moi  vous n’aviez sans doute que les souvenirs, déjà anciens,  de nos études de médecine, études qui nous ont permis, autour de années 60 à  70 du siècle dernier,  d’avoir accès à ce qui venait d'être découvert dans le domaine de l’ADN, de l’ARN messager et de la Génétique en général.


- Je me souviendrais toujours, de l’enthousiasme du Professeur Picard (plus encore que du contenu détaillé de ses cours), qui au bas de l’Amphi, à la Fac de médecine de Marseille, en première année de médecine, nous présentait ce qu’il fallait savoir sur  l’ADN. Ce nucléoside, cette  molécule du noyau cellulaire, qui a été  découverte par une femme Rosalind Franklin,  ce qui a conduit à attribuer le prix Nobel à trois hommes  en 1962 : James Watson, Francis Crick et Maurice Wilkins. !


 Crick et Watson ont décrit la forme en double hélice de la structure moléculaire de  l’ADN.


- Et pour moi ce cours avait été donné en fin d’année 1960 !!!   C’est loin ... et votre mise à jour a été bien utile , même pour moi également !


- Bravo aussi pour votre rédaction d’un texte clair , comportant des références précises et une présentation « moderne », illustrée par de magnifiques schémas et assortie de remarques pleines d’humour et parfois audacieuses…


         - J’ai ainsi  bien aimé votre incursion dans le passé , jusqu’à XIII Ga, via la création et la vie du spermatozoïde et de ses brins d’ADN, 23 XX ou 23 XY,  ainsi que vos interprétations de ses accidents de parcours...


         - J’ai aimé tout autant votre manière de souligner des faits bien réels, comme l’impact de la température sur nos pauvres testicules tout au long de la vie, ou les effets de certaines hormones sur les « mâles  » que nous sommes peut être encore,  ou parfois, et sur la supériorité sur ce point également, de nos compagnes «  femelles ».


         - Il en est de même pour vos images pleines d’humour , décrivant chez l’homme les effets , parfois déchirants et inéluctables  ( page 85 ) du vieillissement, liés au déclin des cellules de Leydig et à la baisse de la  production  de testostérone !


Il en est  ainsi de certaines de vos  expressions : du  « gland qui pendouille en berne » et qui "sonne en battant de cloche le Tocsin de ses prétentions"!!!


Et de ce "pendulum molluscum pénien"  devenant principale cause de dépression chez les vieux donjuans, et à mon avis chez bien d’autres hommes, mais pas tous probablement, largement décrits dans  la littérature , et pas seulement celle dite  romanesque !!

 

        - Alors qu’il n’y a rien de tel pour nos compagnes  « femelles », nos femmes, que la sexualité arrive à épanouir bien mieux et d’une façon bien plus extatique que les  hommes, via le clitoris et l’orgasme, que les joies de la grossesse comme celles de l’enfantement et de l’allaitement  leurs sont réservées (seuls quelques hommes peuvent toujours en rêver!) et que, le cap de la ménopause dépassé, rien n’altère leur libido ni leur sexualité, tout en les libérant du risque d’une grossesse non désirée !


J’ai bien aimé aussi votre description de leur développement post-pubertaire: «  les seins surgissent de la poitrine comme des volcans en attente d’éruption « , «  la taille se cambre , tandis que les fesses et les hanches se garnissent de jolis capitons, bien gras « (page 86 )… Quelles belles  figures, érotiques à souhaits et tellement vraies ! Bravo.


- J’ai moins bien compris cependant, car j’en ignorais l’essentiel, le rôle qu’auraient joué les holothuries  dans l’évolution de ce voyage que vous décrivez, non interstellaire ( et encore ?) mais bien terrestre, et qui a conduit au bout de XIII Ga, au spermatozoïde actuel. 

Selon vous donc , les Holothuries, ces" Cazzi marini », ainsi appelés en Corse ( ou "pénis marins" ), ou encore « viés marins », désignés  parfois ainsi dans la région marseillaise, portent bien leur nom corse quoique un peu prétentieux car ce terme désigne  des pénis toujours en érection ! Mais en Corse nous ne sommes pas à une exagération près, n’est ce pas ?


 J’en ai moi-même vu  plusieurs lors de mes  plongées sous marines en Corse , avec un masque ( ou "hublot" )  mais sans bouteilles d’air comprimé , à Bastia,  lorsque j’avais  entre 10 et 18 ans , puis plus tard.


- J’avoue que j’ignorais presque tout de ces holothuries, ces animaux marins à corps mou et cylindrique,  appelées aussi , « Zob el bahar »«  ou « concombres de mer » en français; ce dernier terme me paraissant  d'ailleurs aussi suggestif tout en étant moins érotique !!!


- J’ai donc lu et relu ce que vous en  dites ( pages 38 à 40 ) et  ce qu’aurait été ce « microscopique  animal paresseux «  , l’ancêtre du spermatozoïde, au génotype initial 13 X ou 13 Y auto-fécondant, puis devenant 26 X ou 26  Y  en fréquentant des « sites de rencontres » avant   que ces nucléosides puissent occuper ces fameuses holothuries,  des êtres vivants pouvant encore être  hermaphrodites avant de prendre racine dans les zones littorales !


- Quant à son flagelle , tourbillonnant en spirae  sur lui même plutôt que pagayant de gauche à droite, je ne connaissais pas ce détail ! Comme je ne savais pas que ce "microscopique animal »  avait été  découvert en  1678 par Antoni Van Leeuwenhoek  ( ou peut-être l’avais-je oublié  )  et que cette bestiole était capable de courir à une telle vitesse, comme un TGV  ( comme un Tétard à Grande Vitesse,  dites vous  ), avec pour  seul but la recherche obstinée de son ancienne moitié , celle perdue !


-J’avoue il est vrai  avoir eu  du plaisir à découvrir comment vous rattachez notre lointain passé, celui  des origines et des abysses, avec notre  présent et  notre avenir et ce avec le seul  exemple de "l’autobiographie  du spermatozoïde » et  avec le  rappel des liens biologiques et non pas seulement mémoriels, réels ou supposés,  établis depuis  XIII Ga  par le biais de  l' ADN  et de  tout  notre patrimoine génétique.


Ce point de vue est intéressant sur le plan philosophique également , sauf pour ce qui concerne ce que vous appelez « le trois en un »,  le sexe de l’homme avec ses trois composants externes !


D’autant que ce terme pourrait même paraître blasphématoire pour certains qui croient en la Trinité d’un Dieu unique , c’est à dire de trois entités distinctes  en un seul Dieu: soit "trois en un" !


Une telle conception ne peut que conduire, car ces faits sont indiscutables , à rendre chacun plus tolérant des différences de l’autre, plus  attentif  à ses difficultés et donc plus solidaire.


Bravo et que tous puissent vous  entendre quels que soient leur état, leurs origine, la couleur de leur peau,  leur sexe et leurs croyances , y compris les plus nationalistes, les plus fiers d’être français ou corses ou je ne sais quoi d’autre , y compris les Eric Zemour et assimilés, déments ou pas  !


 - Que la paix et une grande humilité nous habitent tous !  Merci Père, pardon,  Docteur  Jean-Pierre Simoni.


Mais pas autour du "Trois en un" , que je nommerais autrement , même si physiquement cela peut être justifié!


- Je dois dire cependant que pour moi une autre explication, non démontrée il est vrai, et sans doute très  fictive et des plus  fantaisistes pourrait être avancée, comme je vous l’ai dit à Marseille,  sur la bisexualité , et plus précisément sur le fait que les hommes sont XY et les femmes XX !


En effet pourquoi ne pas penser que  la portion manquante de  Y, ce membre absent  (  qui existe chez X ) n’est pas à l’origine de ce que vous avez nommé le « trois en un «?


En effet , un membre invisible de perdu, un autre membre bien visible, de retrouvé, entre les cuisses de l'homme !


 Je vous laisse le soin d’étudier en quoi cette hypothèse pourrait  contenir au moins une part de vérité !


- Vous voyez que je ne vous suis pas sur tous les points et en particulier sur ceux  qui, pour vous comme pour moi et bien d’autres, pourraient avoir aussi un contenu et un signifiant d’ordre  philosophique, dès lors qu’ils révèlent et/ou laissent  entrevoir ce qui est du domaine de l’invisible ou de l’indicible. Et pour cela il convient de  garder les yeux bien  ouverts et d’être sensible, afin de voir aussi avec l’aide de  l’intelligence du cœur !


- Je regrette ainsi qu’une autre dimension, qui pour moi est la plus importante, celle de l’esprit, ne soit pas abordée dans votre essai; essai ou roman scientifique , que j’ai sans doute pris trop au sérieux ! Êtes vous matérialiste à ce point?


- Je fais là allusion à tout ce qui se rapporte à ce  sentiment qui est le principal moteur des être humains (  de certains animaux peut-être aussi ) et sans doute de l’univers,  qu’est l’Amour , véritable et profond, ce  sentiment qui s’exprime aussi et qui peut être  révélé  lors de la découverte et de la recherche du « Beau » , du fait de son impact sur  chacun d’entre nous …


- Fiodor Dostoïevski , avait raison en disant, «  La beauté sauvera le monde « : vaste programme…


La beauté, sous toutes ses formes  est en effet,  pour moi aussi, i'une des  portes  d’entrée dans la perception de ce  sentiment qu’est l’amour qui ne peut exister  qu’en présence d’autrui  et qui est fait pour être partagé.


« Amor che move il sol e l’altre stelle », "Amour qui meut le soleil et les étoiles", comme nous disait Dante Alighieri, dès le débit du XIV siècle,  dans sa divine comédie,  au dernier vers du Paradis.


Merci cher ami de m’avoir permis, suite à la lecture de votre livre, de  partager ces réflexions avec vous. Cela vous prouve également combien votre analyse de ces faits et leur présentation m’ont  intéressé et m’a permis, parallèlement,  de développer  certaines de mes convictions personnelles, certes récurrentes voire lancinantes,  pour certains...


Bien à vous et amicalement,

Joseph Pollini (juillet 2022)