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      Timothée, principal héros malgré lui de cette tragédie, est orphelin  d’un père corse abattu lors de règlements de comptes six mois avant sa naissance. L’inconscience de son oncle Augustin, fiché au grand banditisme et auteur du casse de la Brink’s à Marseille, lui vaut une lourde condamnation. C’était, cruelle coïncidence, pour l’anniversaire de ses vingt ans. Aux Baumettes, sa rocambolesque généalogie n’a cessé de l’encenser auprès des codétenus. Un jour de visite, un notaire est venu plastronner contre les grilles noirâtres du parloir :

     _Vous êtes testamentaire ; c’est une tontine !

     Puis, baissant d’un ton, l’homme de droit s’est voulu persuasif :

    _ Il s’agit d’une sorte de viager. Vos grands-parents, oncle et tante récemment assassinés, avaient mis un capital en commun. Cet acte notarié légalise la réversibilité de tous leurs biens, à la mort de chaque participant, sur la tête des survivants !

    L’avenir, déjà plombé, s’est embrouillé tout de go. Bientôt la rumeur laissera planer un doute. Existe- t-il d’autres spoliés de la tontine ?  Qui sont-ils ? Le  soi-disant scoop avec cette maudite phrase : (…) à la mort de chaque participant, sur la tête des survivants… promet de funestes lendemains.

    On voudrait le désigner comme cible qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Du coup sa joie de libérable s’éteint d’heure en heure, de minute en minute, de seconde en seconde. Prenant subitement conscience des entourloupes que sa levée d’écrou implique, il en perd le sommeil. Chez les truands, statistiques à l’appui, la survivance après 30 ans n’est qu’une hypothèse aléatoire.