L’année 1943 vue par les yeux d’un gamin corse dans son village perché. La Corse est occupée par les Chemises noires mais la vie suit son cours et grandir est bien difficile… Une fresque sans égale, comme un roman d’apprentissage, documenté, sensible et généreux.
Avoir onze ans dans la Corse de la dernière guerre c’est vivre les événements avec la candeur et la gravité propre à cet âge.
Le jeune narrateur de ce journal intime retrouvé affronte la vie au cœur d’un village suffisamment reculé pour que même la route n’y parvienne pas. Les échos de la guerre lointaine y sont pourtant bien présents, bien audibles même si diffractés. La menace des Chemises noires et des « Boches », l’économie de survie, les comportements dictés par la peur ou l’envie, les disparitions nocturnes des hommes de la maison, les récits épouvantables des anciens de 14-18, tout cela reste une toile de fond sur laquelle, au quotidien il faut bien grandir, avec ses questions d’enfants et ses désirs de devenir enfin un homme.
Dans cette Corse recroquevillée, retrouvant les réflexes de survie d’antan, la modernité continue son chant des sirènes et le départ pour le continent reste une alternative audacieuse.
Le jeune homme subira bien son rite d’initiation, sanglant, et trouvera un chemin bien difficile, sur le ton de la confession intime de ses éveils à la culture, à la sexualité, au rôle dévolu aux hommes.
Un grand roman moderne, régionaliste et humaniste, entre Romain Gary et Jean Giono.
Le roman régionaliste, lorsqu’il ne porte pas le vernis de la nostalgie est porteur de vérités universelles. L’extrême précision des descriptions des faits, gestes et rituels de la société en question accentue le sentiment de lire un vrai témoignage.
Le public le plus large a l’habitude de réserver le meilleur accueil aux sagas et autres romans historiques et sociaux, pour peu que ceux-ci laissent la porte ouverte à la vraisemblance.
Ni ouvrage pour adolescents, ni livre pour spécialistes et initiés, L’année des Chemises noires séduira le grand public.
 

Article publié dans Nice Matin et signé M.A.


Article signé par Ghjuan-Petru Simoni

Article signé Marie-Hélène Ferrandini en janvier 2006