Dans l’univers feutré de la haute couture, le succès d’une collection ne tient pas à grand-chose… Feutré ? Heu… peut-être les étoffes, mais pas l’ambiance, surtout dans le Manchon noir de Jean-Pierre Simoni, avec qui cette tournée en Russie semble virer à la Bérézina…  De retour à l’étage, je m’annonce en frappant trois coups brefs suivis de trois plus forts et espacés. Je connais cette suite au centimètre près. C’est moi qui ai découvert et déconnecté la mini caméra braquée sur notre top. Rendu fou furieux, j’avais violemment admonesté le maître d’hôtel. Celui-là s’attendait à un bingo, pas à une fracture de côte. Depuis la pipe la plus chère du monde du Sofitel de Manhattan, ils s’imaginent détectives à la solde d’avocats véreux… C’est lui qui gueule, en ce moment, des messages à la recherche de notre vedette. Après cette dérouillée mémorable, il n’a qu’une crainte : que je le bigne à nouveau, et pire encore que je le dénonce. Une côte qui couine en dedans c’est plus qu’un rappel à l’ordre, à la moindre toux, au plus petit rire. Pour l’instant, il m’obéit au doigt et à l’œil…… Un bristol de Sabine – la dame de compagnie trilingue que nous avions l’habitude d’engager depuis une dizaine d’années – est coincé bien en évidence à hauteur des yeux dans le montant gauche de la glace du vestiaire. On peut y lire : Cher Maxence, je me carapate sans pouvoir t’adresser un S.M.S ou plutôt un S.O.S… Vous m’aviez embauchée pour subvenir aux besoins d’une vedette handicapée par ses fractures, et non pour maîtriser une folle à lier ! J’ai eu son boy-friend sur mon mobile juste avant qu’elle ne le fracasse contre le mur à coups de pieds. Son prince n’est qu’un gros con furibard, ivre, probablement en manque de came, et qui parle de casser la gueule à tout le monde. Je ne veux pas servir de punching-ball à cet ordurier personnage. Navrée d’avoir à baisser les bras, je vous souhaite à tous et à toutes bien du plaisir ! Peut-être à Saint-Pétersbourg ?


Article signé M.B., paru le 24 janvier 2012 dans La Provence.