Un coup bas pour la princesse de Clèves
 
Voilà le livre fiscalisé à 7% de TVA, induisant une déflation culturelle : les libraires seront les premiers touchés, donc les éditeurs, donc les auteurs. Et avec eux la culture pour tous, que l’on pourrait pourtant qualifier de bien de première nécessité. Ce n’est pas l’avis de tout le monde : sous le libéralisme dit démocratique, la capacité de penser de critiquer et donc de décider de son sort, la capacité d’être un véritable individu (à distinguer de l’égoïsme de masse) est assimilé à un danger, voire une folie – en tous cas un mauvais calcul économique ! 
On sait bien ce que l’on va nous rétorquer : refuser la TVA à 7%, c’est refuser de participer à l’effort collectif. Ah ces écrivains, toujours prêts à ne pas faire comme tout le monde ! Le populo, ils n’en veulent pas ! Tous bobos, ou faux aristo sans le sou… Égoïstes, nombrilistes qu’ils sont !
Pourtant, en refusant le livre taxé à 7%, ce n’est pas notre condition que nous souhaitons défendre. Pas seulement.
En refusant la TVA à 7% pour le livre, nous interpellons notre gribouille de la culture, celui-là même qui récemment encore se déclarait grand défenseur des libraires, comme il se déclara défenseur des auteurs au début de sa nomination ; qui conserve la TVA à 5,5% pour le livre numérique tout en acceptant que ses principaux bénéficiaires, Amazon et Apple, lesquels viennent de se mettre en cheville avec l’édition française, installent leurs sièges dans un paradis fiscal, le Luxembourg, échappant ainsi au grand effort national…
En refusant la TVA à 7% pour le livre, nous refusons de payer les frais de la politique des amis. Car on sait que les restrictions à l’ordre du jour ne toucheront pas les amis : ni les grosses entreprises, ni les banques (ou si peu !), ni les grosses fortunes. Autrement dit, les classes moyenne et ouvrière vont payer pour ce qu’elles ont déjà payé. C’est vraiment, oui, se foutre du monde !
Mathias Lair