Éclats de murmures

ÉPILOGUE

 

                                                                  -I-

 

Elle avait au creux de l’heure rempli de sable son escarcelle

Troué le nuage à force de le regarder

Taillé le roseau usé dans l’écume piquée de sel

 

Elle avait mordu  la nuit blanche

Qui s’échelonne de grès en grès et sourit à la falaise

 

Du cyprès elle avait la confidence gourmande

Et savait que le bougainvillier abrite le sommeil des coupeurs de rêves

 

Elle volait d’heure en heure les ailes des flamands pour tracer sa route

 

Elle avait trompé l’attente du soleil en arrachant les aiguilles du cactus

Pour les planter sur le versant du désert

 

                                                           -II-

 

Brûlante était la turquoise dans le ventre de l’été

Sur le sein hâlé des passantes le ciel

          Sans compter dévide ses couplets

Le sentier se fracture sous le pied du guetteur

D’échos en échos les tours frissonnent

Hier ils étaient

 

Les volets soupiraient suffoqués par l’éclat de la chaux

          Soupirs oblongs

Le sable hésite entre terre et mer

Et roule sous le pouce en rides de jouvence

 

Tempête de miel

Les abeilles se sont tues

L’air succombe sous son fardeau de plomb

 

                                                           -III-

 

Réveil dans la pénombre ajourée

Les cigales se gavent de palabres

Nausées en cascades

 

Dans les sacs de toile les enfants retiennent

          Leurs cris

Ils n’iront pas chercher l’immortelle

 

Deux larmes d’orgueil glissent

Sur le tronc du palmier au flamboyant veuvage

Il a vu des visages sans couleur

Écouté des secrets sans clé

Il a délaissé la boussole

Et plié le dos contre les pierres de sang séché

Au sud de l’amertume

 

                                                           -IV-

 

 

Aveuglements

Aux croisements décoiffés

Morsure

Des chairs exubérantes

Le vertige laisse tomber l’onguent sur le sol fissuré

Courbe après courbe

 

Une île se noie dans ses rancœurs

Repères ficelés

          Aux assauts des embruns

          La houle se tord

Une barque

Goulue

Se fige

 

                                                           -V-

 

 

Murmures

Accrochés aux plis du ravin

Écrasés de poussières roussies d’errance

De ronces griffés

Aux fières grimaces

 

            Murmures

Au seuil de l’auberge

De marche en marche déguisés

Clignant de l’œil à l’étranger

 

            Murmures

Assoiffés de sable

Dans la vasque de marbre assoupis

 

Murmure

Par les sauts du galet éclaboussé

Statufié

En attente de l’ultime conciliabule en bleu mineur