Dans Eclats de murmures, publié chez Virgule Editions, Muriel Augry-Merlino fait preuve d'une grande sensibilité, qu'elle déplie de page en page comme un alphabet du regard porté sur les choses de la vie. Tout y est chuchotement, bruissement, frémissement. Des hommes passent, des noces s'annoncent, des mains s'enlacent, se séparent. On perçoit des refrains de guinguette et des poussières d'espoir se lèvent, se cognent à des brisants. Le chemin se brouille, le ciel se ternit, le regard s'aveugle, "sans larme". Affronter la mémoire d'une  "terre craquelée", entrevoir "l'homme vent", poursuivre l'empreinte du rêve, "entre vague et radeau". "La soif attendra le banquet du soir". Un très beau texte dont les gravures toutes en ombres ambrées de Moulay Youssef Elkahfaï reflètent l'essentiel. Poésie d'une présence au monde, un cheminement fait d'élan et de retenue, des images fortes ajointées aux possibilités du rêve. L’auteure sait interroger ses blessures et ses joies sans jamais se découvrir, se suffisant de mots où elle se réfugie pour s'enflammer, s'y fondre, seule possibilité d'accéder à une vérité sur le monde et peut-être même sur soi.