Présentation de MOZART A PARIS, spectacle pour marionnettes

Ce texte a été rédigé par Gérard Valin sur une idée et un scenario de Julien Bouchot, créateur et animateur de spectacles de Marionnettes : «Le Théâtre Croquignol». La première représentation a été donnée, après adaptation, à Dinard pendant les vacances de la Toussaint 2016, dans l’ancien Temple protestant de la ville (28, rue J. Cartier). Les affiches annonçaient pour cette saison : « Guignol et Mozart ».

La durée approximative du texte est de 30 minutes, non compris les auditions musicales et hors entractes. A l’exception de la « Petite Musique de Nuit » et de « La Flûte enchantée », on a privilégié les pièces écrites par Mozart à Paris en 1778. On peut retenir en complément des extraits des ballets des « Petits riens » (K.299 B) et de la « Symphonie Concertante » (K.364) ou encore de la « Symphonie des jouets » de Léopold Mozart (premier mouvement : allegro en do majeur). Les suggestions d’écoute musicale seront adaptées fonction des publics : âges, sensibilité musicale, accompagnement pédagogique.

Deux décors sont nécessaires : le salon parisien de la Marquise d’Epinay et une clairière en forêt d’Orient.

Il est souhaitable d’organiser deux entractes à l’occasion des changements de décor à la fin des tableaux 3 et 6. L’ensemble du spectacle, extraits musicaux et entractes inclus, dure environ 1h30. Le temps de chaque tableau est indiqué en minutes.

L’action, répartie en 9 tableaux d’égale longueur, après la présentation d’ouverture, se passe dans un salon à Paris et dans une clairière de la forêt d’Orient, près de Reims, au printemps de 1778. Elle est jouée par 9 marionnettes. Il est possible d’augmenter le nombre des oiseaux-musiciens :

 

  • Mozart: musicien et compositeur autrichien
  • Baron de Grimm: noble d’origine allemande
  • Marquis d’Epinay: aristocrate parisien
  • Marquise d’Epinay: son épouse, mondaine habituée aux salons
  • Un voleur: un brigand à mine patibulaire
  • Perroquet: l’oiseau parleur : « Jacquotte »
  • Oiseau: l’oiseau chanteur
  • Le gendarme : en uniforme
  • Guignol

 

Pour faciliter la manipulation par un seul marionnettiste, certains personnages seront fixes (F) ou mobiles (M).

 

« Mozart à Paris» est destiné en priorité aux enfants de 6 à 12 ans.

 

Les personnages se présentent devant le rideau ( 3’) :

Guignol (M), Baron de Grimm (F), Marquis d’Epinay (F), Mozart (F)

Guignol : « Grüss Gott » les enfants, « Grüss Gott » ! Vous me comprenez ?

Public :

Guignol : On dit bonjour comme cela en Bavière. Savez-vous où est la Bavière ?

Public :

Guignol : C’est au Sud de l’Allemagne. Le grand Mozart, ici présent, est passé par là. Il vous salue. N’est-ce pas Wolfgang ?

Mozart (avec un fort accent allemand) : « Grüss Gott », les enfants ! Je suis heureux de passer un moment avec vous. Je suis musicien et j’invente des chansons magiques.

Baron de Grimm : Ne te vante pas, Wolfgang, les Parisiens ne connaissent pas ta musique.

Wolfgang : A qui la faute ? Baron Grimm, mon père compte sur vous pour m’aider: je n’ai que 22 ans et je ne parle pas bien français.

Guignol : Les enfants, qu’en pensez-vous ? Qui aimez-vous le mieux, le vieux Grimm ou le jeune Wolfgang ?

Public :

Guignol : Qui choisir entre ces deux compères ? A chacun de se présenter. Commençons par vous, Baron Friedrich Christian Melchior de Grimm.

Baron de Grimm : J’ai choisi mes amis dans la meilleure société parisienne. Ainsi, la Marquise Louise d’Epinay, m’apprécie beaucoup et nous organisons chez elle des fêtes magnifiques. Je dirige une sorte de journal, la célèbre « Correspondance littéraire ». Il est écrit en français, votre langue, que tout le monde connait en Europe.

Guignol : Le Marquis d’Epinay participe-t-il à vos fêtes ?

Baron de Grimm : Le Marquis est ruiné. Il était chargé de collecter les impôts en France, mais il a tout dépensé …

Guignol : Il a pourtant construit une belle demeure, rue de la Chaussée d’Antin à Paris,…

Baron de Grimm : Louise et moi, nous souhaitons que ce pauvre Marquis participe à nos réceptions mondaines. Le jeune Mozart viendra jouer sa musique pour notre prochaine fête. Ce jeune prodige devrait ravir nos invités.

Guignol : Baron Melchior de Grimm, vous êtes un grand homme ! Et vous, Wolfgang Amadeus Mozart, pourquoi venir à Paris ?

Mozart : C’est mon père qui m’envoie. Nous avons des dettes. J’espère être reçu à la Cour et chez les Grands du royaume. Ma mère, Mutti, m’accompagne depuis que nous sommes partis. Ma grande sœur Nanerl est restée avec mon père Léopold, chez nous, en Autriche.

Guignol : C’est votre premier séjour en France, Wolfgang ?

Mozart : Non, c’est le troisième ; mon plus grand succès a eu lieu à Versailles, à la Cour du Roi de France, quand j’avais six ans. J’ai joué alors avec tout mon cœur et les filles du Roi, Victoire et Adélaïde, m’avaient embrassé. Je n’avais même pas pleuré !

Guignol : Le roi est mort, vive le roi ! Louis XVI a succédé à Louis XV, il y a quatre ans…

Mozart : Louis XVI a épousé Marie-Antoinette, une princesse d’Autriche, à qui j’avais été présenté à la Cour impériale de Vienne. Nous allons bien nous entendre, elle et moi !

Baron de Grimm : Quel vantard ce Mozart ! Il n’arrivera à rien sans mon aide, ni à la Cour du Roi de France ni dans les salons parisiens.

Guignol : C’est ce que nous verrons …

 

Musique : « Petite Musique de Nuit » - « Allegro initial » - K.525 (137 mesures)

 

Tableau 1 (3’)

Décor : Salon d’Epinay à Paris

Marionnettes : Baron de Grimm (M), Marquis d’Epinay (M)

Marquis d’Epinay : Moi, Marquis d’Epinay, j’ai accepté l’invitation du Baron de Grimm chez ma femme, Louise !

Baron de Grimm : Marquis, vous êtes chez vous. Je ne suis qu’un Allemand à Paris qui vous demande l’hospitalité. Je suis votre serviteur, et celui de Louise...

Marquis d’Epinay : Vous vous moquez … Je n’ai plus un écu mais je ne m’inclinerai pas devant vous !

Baron de Grimm : Nous tenons à votre présence, Marquis, à la réception que j’organise avec Louise. Mozart, ce prodige de la musique, ne devrait pas tarder à nous rejoindre et charmer nos invités.

Marquis d’Epinay : Baron, cela fait longtemps que nous l’attendons, votre prodige musical. Je pars !

Baron de Grimm : Je vous en prie, Marquis, votre femme sera désolée : elle souhaite présenter une requête, par votre intermédiaire, au jeune Mozart.

Marquis d’Epinay : De quoi s’agit-il ?

Baron de Grimm : Ce Wolfgang est un esprit rebelle. Il se méfie de moi et n’en fait qu’à sa tête. Son père, le célèbre Léopold Mozart de Salzbourg, est mon ami. Si Wolfgang arrive en retard à notre réception, ce sera une honte pour nous, et pour votre épouse, Louise.

Marquis d’Epinay : Cela m’est égal. La Marquise, ma « très chère femme », continue à vivre à mes crochets.

Baron de Grimm : Marquis, Mozart pourrait faire de cette journée une réussite mondaine.

Marquis d’Epinay : Baron, je vous accorde un dernier quart d’heure. Après quoi, j’irai dîner avec mes amis au Palais Royal. Vous direz bonsoir de ma part à ma femme, Louise. J’écouterai Mozart, une prochaine fois … Excusez-moi !

Baron de Grimm : Marquis, ne partez pas. Souvenez-vous ! Mozart enfant jouait dans les Cours du Roi de France, de l’impératrice d’Autriche, du Roi d’Angleterre, Georges III, chez le Prince d’Orange à La Haye, … Il a du caractère, c’est un artiste !

Marquis d’Epinay : C’est tout ?

Baron de Grimm : Non, à Rome il a enchanté le Pape, Clément XIV, qui l’a fait « Chevalier de l’éperon d’or ». Le musicien Christoph Willibald Glück avait reçu le même hommage de la « Milice Dorée ». Wolfgang fait de la musique comme les enfants lisent les contes : il improvise, il compose, il joue … de façon divine.

Marquis d’Epinay : Votre Wolfgang Mozart a vingt-deux ans, ce n’est plus un enfant ! Croyez-vous qu’il se contentera d’amuser gratis votre galerie parisienne ? Pour les beaux yeux de Louise, peut-être ?

Baron de Grimm : Il joue du violon et du clavecin, ce qui enchantera nos illustres amis au cours du dîner. Il a un immense talent de compositeur. Il a déjà écrit plus de trois cents pièces : sonates, concertos, symphonies, sérénades, trios, quatuors, chants, variations … et trois petits opéras.

Marquis d’Epinay : Et alors ?

Baron de Grimm : Nous voudrions, avec Louise, votre épouse, l’encourager à faire une œuvre magistrale, ici à Paris. Nos amis parisiens le souhaitent. C’est vous qui commanderez un opéra à Mozart et il le dédiera à Louise. Je vous laisse avec la Marquise.

 

 Musique : « Symphonie Parisienne » - « Allegro assai initial en ré majeur » - K.297 (295 mesures)

 

 

Tableau 2 (3’)

 

Décor : Salon d’Epinay à Paris

Marionnettes : Marquis d’Epinay (F), Marquise d’Epinay (M), Guignol (M)

Marquis d’Epinay : Quelle crapule, ce Baron de Grimm ! Il prétend me donner des ordres. Mais qui voilà ?

Marquise d’Epinay : Mon Denis ! Quelle joie de vous revoir, mon cher mari. Il y a si longtemps …

Marquis d’Epinay : Ma femme, vous me tendez un piège avec cet excité de Grimm. Vous vous entendez donc avec le Baron pour organiser vos réceptions ?

Marquise d’Epinay : Cet homme délicieux connaît tout le monde ; grâce à lui, nous allons recevoir ce musicien génial qui nous vient d’Allemagne, le divin Mozart. Quel bonheur !

Marquis d’Epinay : Ma pauvre Louise ! On l’attend encore… on ne sait pas où il est. Grimm est parti à sa recherche.

Marquise d’Epinay : Cher Denis, un jeune homme de ce talent, n’aurait-t-il pas le doit d’ignorer l’heure ? Mes vieux amis lui ressemblent : Diderot, d’Alembert, d’Holbach,… Ils aiment se faire attendre. C’est dans leur nature.

Marquis d’Epinay : Je n’ai pas de temps à perdre. Mes amis sont déjà au restaurant du « Grand Véfour ». Après dîner, nous allons au théâtre du Palais Royal. Le rideau se lève à 9 heures.

Marquise d’Epinay : Mon Denis, je vous aime, je compte sur vous.

Marquis d’Epinay : Mais pourquoi vous cèderais-je ?

Marquise d’Epinay : Je voudrais offrir la musique magique de Mozart à nos invités, mais ce n’est pas tout. Je suis jalouse … à cause de lui … de certaines de mes amies.

Marquis d’Epinay : Si je le pouvais, je conseillerais à Mozart de ne jamais venir chez vous.

Marquise d’Epinay : Mozart avait su séduire autrefois les grandes dames de la Cour : Mme de Pompadour, la Comtesse de Tessé, la Princesse de Carignan… Il a dédicacé des pièces de clavecin à Madame Victoire…

Marquis d’Epinay : Et alors ?

Marquise d’Epinay : Je vaux bien Mme Victoire, la fille du défunt Roi Louis XV. Mozart nous dédiera, à vous et à moi, un grand opéra à notre nom. Nous deviendrons célèbres, vous comprenez ?

Marquis d’Epinay : Louise, vous êtes folle …

Marquise d’Epinay : Denis, vous méprisez mes talents d’artiste... La Reine de France brille à Versailles dans la galerie des glaces. Moi, je suis la reine des lettres dans les salons parisiens et vous l’ignorez.

Marquis d’Epinay : Louise, vieillit, elle perd la raison … J’aurais dû m’en rendre compte plus tôt.

Marquise d’Epinay : Votre opinion m’importe peu. Je me suis déjà exercée à chanter moi-même.

Elle entonne des vocalises du solo (2éme air) de la reine de la nuit (« la Flute enchantée ») ; elle accumule les erreurs de tempo et les fausses notes.

Marquis d’Epinay : A l’aide ! Les lustres commencent à tinter, ils vont se décrocher !

La Marquise d’Epinay chante de plus belle. Rien ne saurait l’arrêter.

Marquis d’Epinay : Mes oreilles éclatent, je n’en peux plus, arrêtez là, ma femme, je vous l’ordonne !

Guignol entre avec un verre d’eau et asperge cérémonieusement la Marquise d’Epinay. Elle ne s’arrête pas de chanter et poursuit son solo à tue-tête. Le Marquis d’Epinay s’enfuit tandis que Guignol essaye – sans succès – de faire asseoir la Marquise d’Epinay qui quitte le salon en courant

 

Tableau 3 (3’)

Décor : Salon d’Epinay à Paris

Marionnettes : Marquise d’Epinay (M), Guignol (M), Baron de Grimm (F)

Guignol : Ouf ! La maison a retrouvé son calme. La Marquise d’Epinay ne sait pas chanter.

Baron de Grimm : On ne peut pas avoir tous les talents. Elle anime son illustre salon littéraire à Paris.

Guignol : Au secours, la revoilà ! Monsieur le Baron, il me faut des instructions pour éviter un malheur dans la maison.

Marquise d’Epinay : Je me plaindrai, je suis maltraitée par mon valet. Grimm, renvoyez, ce Guignol, il ne connaît rien à la musique !

Baron de Grimm : Madame, on ne peut pas lui reprocher son ignorance. Mozart fera de notre réception une grande réussite, pour notre gloire.

Marquise d’Epinay : Frédéric, je commence à nourrir quelques doutes, je suis troublée.

Baron de Grimm : Louise, que puis-je pour vous ?

Marquise d’Epinay : Mon bon Frédéric, nos amis préfèrent la musique italienne, celle de cet ambitieux Niccolo Piccinni. Pour plaire à la Cour, il vient de composer un opéra à la gloire de la France de toujours : « Roland ». Votre Wolfgang est bien allemand, non ?

Baron de Grimm : Autrichien, Louise ! Il écrira pour nous un opéra en allemand. J’en fais mon affaire.

Marquise d’Epinay : Vous n’êtes pas capable de le faire venir chez nous en temps et en heure … Qu’en penseront nos amis ? Je ne sais plus à quel saint me vouer pour justifier son retard. Ce n’est pas la faute à Rousseau, ce n’est pas la faute à Voltaire ! Voltaire vient de mourir et Rousseau s’est réfugié à Ermenonville…

Baron de Grimm : Entre nous, Louise, nous nous moquons de l’opinion de ces grands hommes : ils ne s’y connaissent pas plus en musique que vous et moi… Certains ne sont plus en forme, c’est le moins que l’on puisse dire !

Marquise d’Epinay : Vous me surprenez, Frédéric, vous qui êtes si savant. Vous êtes allemand, vous ferez en sorte que l’opéra de Mozart soit chanté en allemand !

Baron de Grimm : Mais …

Marquise d’Epinay : Voilà, la musique qu’il jouera pour moi. (La Marquise d’Epinay reprend ses vocalises avec vigueur. Elles sont toujours aussi fausses. Le Baron de Grimm se bouche les oreilles et fait signe à Guignol de venir).

Guignol : Monsieur le Baron m’a appelé ?

Baron de Grimm : Je ne sais comment calmer les ardeurs de la Marquise d’Epinay. Il faut faire vite.

Guignol : A vos ordres, Monsieur le Baron.

Baron de Grimm : Amenez le buffet : champagne, petits fours, sucreries, celles que la Marquise d’Epinay adore.

Guignol : Voilà, Monsieur le Baron !

Guignol apporte le buffet de la réception. La Marquise d’Epinay s’arrête de chanter et se jette sur la nourriture sans oublier la boisson qui a le don de la rendre fort joyeuse.

Baron de Grimm : Ouf ! Mais qu’est-ce que j’entends ? Est-ce que je rêve ? Mozart serait-il déjà là ? Je devine qu’il demande à sa bien-aimée, Aloysia, de chanter le solo de l’un de ses opéras. Il ne l’a pas encore composé, il y pense déjà. Mais non, je rêve, Mozart se fait encore attendre. Où peut-il bien être ? J’entends les appels à la vengeance de la Reine de la Nuit, une mère qui pleure dans la nuit.

 

Musique : « La Flute Enchantée »- « 2éme air de la reine de la nuit »- K.620

 

Premier entracte

 

Tableau 4 (3’)

Décor : Une clairière dans la forêt d’Orient

Marionnettes : Mozart (M), un brigand (M), l’oiseau (F)

Mozart : Ouf ! J’avais besoin de me soulager ! Mutti, vous devriez faire de même ! … Huit jours de voyage depuis Mannheim, c’est épuisant ! Ces Français qui ne parlent pas un mot de notre belle langue.

L’oiseau : Il chante un beau trille à la façon d’un merle qui ressemble au piccolo (ou flute de pan) de Papageno ! … Toi, l’Allemand, tu m’écoutes ?

Mozart : Merci, l’oiseau, tu me plais. Tu chantes aussi bien que ma belle Aloysia avec ta voix de soprano.

L’oiseau : Aloysia ? Quel beau nom ! Je ne sais pas ce qu’est, une soprano

Mozart : Aloysia est mon amour ! Je l’aime de tout mon cœur. C’est pour elle que je viens à Paris, pour prouver que je peux réussir dans la capitale des arts. Je créerai une musique aussi belle que la tienne.

 

Musique : Début du solo de Papageno : « Der Vogelfänger bin ich ja» de la « Flute enchantée- K 620

Un voleur: Taisez-vous ! Donne ta bourse, l’étranger!

Mozart : Je n’en ai pas, je n’ai que des dettes et ma pauvre mère m’accompagne à Paris sans le moindre sou vaillant.

Un voleur : Que vas-tu faire à Paris ?

Mozart : Jouer de la musique, me présenter à la Cour du Roi, me faire connaître de tous ! J’ai reçu une invitation du Baron de Grimm et de la Marquise d’Epinay…

Un voleur : Je ne connais pas ces gens-là. Dis-moi, ta malle me paraît bien garnie !

Mozart : Elle contient mon violon et mes partitions, ma musique, c’est tout ce que je possède !

Un voleur : Je prends tout. J’en obtiendrai un bon prix à la foire de Reims, ou même, de l’Archevêque. Je connais ses valets. Ils m’aident à l’occasion à voler un peu d’argenterie. Nous partageons le butin en bon voleurs…

Le voleur s’enfuit dans la forêt, chargé de son larcin. Mozart pleure à chaudes larmes.

Musique : Suite du solo de Papageno « Der Vogelfänger bin ich ja » de la « Flute enchantée - K 620

Mozart : Quelle belle musique résonne autour de moi ! Je n’en ai jamais entendu de si poétique, de si légère et si profonde à la fois. J’aimerai l’imiter. Merci, de nous enchanter, les oiseaux !

L’oiseau : C’est nous avons qui avons inventé la musique, Mozart. Si tu es gentil, on veut bien t’aider. Voilà ce que nous savons faire…

Mozart : Vous chantez tous ensemble ! Vous ne formez pas un orchestre . Vous ne faites que des solos. Vos voix sont merveilleuses, mais il faudra m’obéir au doigt et à l’œil. Il faut beaucoup d’instruments … je veux dire d’oiseaux

L’oiseau : Nous n’avons pas l’habitude d’obéir aux vieilles, ni même aux jeunes personnes, elles ne nous comprennent pas. Et vous les enfants ?

Le public : …

Mozart : Pour obtenir une musique harmonieuse, il faut un chef d’orchestre qui fait résonner les cuivres, les bois, les cordes et les percussions, au bon moment.

L’oiseau : Je n’y comprends rien !

Mozart : C’est à prendre ou à laisser, va en parler à tes compagnons. Sinon, je ferai appel à mes bons amis de Mannheim, Johann Baptist Wendling et Friedrich Ramm. Ils jouent de la flûte et du hautbois. Ils sont à Paris où j’aurais dû arriver depuis hier. Johann Baptist et Friedrich connaissent mon Aloysia, ils me comprennent. Le chanteur Anton Raaff n’a pas besoin d’instrument, c’est une voix de ténor !

L’oiseau : Je dois consulter mes cousins les oiseaux. Ils sont très occupés, mais je vais leur parler en ta faveur, Wolfgang. Je demande à Papageno l’oiseleur de m’aider à les convaincre.

 

 Musique : « Sonate en la majeur »- « Allegretto de la marche Turque » - K.331 (127 mesures)

 

Tableau 5 (3’)

Décor : Une clairière dans la forêt d’Orient

Marionnettes : Mozart (M), l’oiseau (M), le perroquet (F)

Mozart : Mutti, reste dans la calèche. Tant pis pour notre retard ; le Baron de Grimm et la Marquise d’Epinay attendront ! Je vais tailler ma baguette de chef d’orchestre dans une branche de chêne.

L’oiseau : Mes amis les oiseaux hésitent, ils ne croient pas que tu es le divin Mozart. Personne ne passe dans la forêt d’Orient, sauf les voleurs et les gendarmes.

Mozart : Comment connaissent-ils mon nom?

L’oiseau : Nous voyageons beaucoup . Plusieurs d’entre nous ont entendu ta musique à Salzbourg, Mannheim, Milan et Vienne … Ils ont retenu et chanté tes mélodies. Papageno, l’oiseleur, organise pour nous des concerts dans toutes les forêts d’Europe.

Mozart : Je découvre le monde des oiseaux… Je suis bien Wolfgang Amadeus Mozart ! Connaissez-vous aussi mon père, Léopold ? Et ma grande sœur, Nannerl ?

L’oiseau : Bien sûr ! Nous avons aussi aperçu ta vieille mère dans la calèche. Nous l’aimons car elle a nourri beaucoup d’entre nous l’hiver dernier, quand il faisait si froid. Elle a l’air fatiguée...

Mozart : Elle n’est plus jeune et le voyage de Mannheim à Paris est long. Elle se repose en écoutant vos chants dans votre grande forêt d’Orient.

L’oiseau : Wolfgang, je vais te présenter mes amis musiciens. Tu dois les séduire

Mozart : Je les entends, mais je ne les vois pas.

L’oiseau : Ils sont timides. Ils se méfient de la compagnie des hommes célèbres. Ils se sont posés dans les hautes branches de ce chêne, au-dessus de toi.

Mozart : Je ne peux pas diriger un orchestre le nez en l’air ! Je regarde ma partition pour lire les notes.

L’oiseau : Débrouille-toi, tu es le chef ! C’est à prendre ou à laisser. Je te préviens, dans l’orchestre des oiseaux, il n’y a pas de cordes. Pour nous, ce sont de dangereux filets que les chasseurs tendent pour nous attraper. Quant aux cuivres, nous ne savons pas ce que c’est.

Mozart : Il n’y aura donc que des bois et des percussions. Je vais changer mon programme, ils ne s’en apercevront pas à Paris. Remercie l’oiseleur Papageno d’avoir regroupé tes amis les oiseaux.

L’oiseau : Nous avons une petite cervelle. Il faut commencer sinon nous ne retiendrons rien.

Mozart lève sa baguette en direction de l’arbre. Il s’en suit une terrible cacophonie qu’il n’arrive pas à arrêter. On a l’impression que tous les oiseaux se mettent à rire.

Mozart : Halt ! Silencium ! Cela ne va pas ! Vous me cassez les oreilles.

L’oiseau : Dirige-nous, mais ne l’oublie pas, nous sommes habitués à chanter ce qui nous plait. Mais, tu es Mozart, le prince des musiciens et on t’obéira.

Mozart : Je vous donne le ton. Vous devez accorder vos petits gosiers sur la note : « la ». Je n’ai pas besoin d’un orchestre, il suffit de quelques instruments bien accordés et d’un bon chanteur.

Tous les oiseaux se mettre à piailler ensemble. On a l’impression d’entendre : Et moi ? Et moi ?

Mozart : C’est moi qui décide :

  • Toi le merle, tu seras la flûte,
  • Toi la grive, tu seras le hautbois,
  • Toi le pivert, tu seras les percussions.
  • Toi le rossignol, tu seras la chanteuse soprano, comme ma belle Aloysia.

L’oiseau : Attention ! Le rossignol ne chante que la nuit. Pour l’ intersyndicale de la gente volage, c’est un avantage acquis. On n’y peut rien ! Tu confonds le merle avec la merlette noire, elle part en automne pour le pays du Sud. Quant au pivert, c’est un solitaire, il ne supporte pas la concurrence.

Mozart : Ce n’est pas grave, je ne me produis qu’en fin de soirée et je quitterai Paris à la fin de l’été. Les grands de ce monde se réunissent sur le tard à la belle saison pour commenter les potins du jour. Il me faut un tambour pour donner le rythme.

Le perroquet : Et moi, Jacquotte ? Je n’ai pas parlé jusqu’ici. Je sais jouer de tous les instruments !

Mozart : Jacquotte, tu pourras être le tambour en utilisant ton bec, mais je t’interdis de répéter toujours la même chose !

L’oiseau : J’ai reçu une réclamation de l’ancien secrétaire général de la section « oiseaux de nuit » du syndicat. C’est le hibou. Il dit qu’il ne chantera jamais en dehors de la nuit. Il est payé pour cela - mal à son avis - mais c’est son métier. Il n’en démordra pas …

Les oiseaux crient tous ensemble. On devine : non, non, non…

L’oiseau : Sa revendication n’est pas approuvée, mais attention ! Le hibou est minoritaire, mais susceptible… Gare aux représailles ! Je lui dirai qu’il a de beaux yeux ! En général, cela le calme.

 

Musique : « Concerto pour flûte et harpe »-« Andantino en fa majeur » - K.299 (118 mesures)

 

Tableau 6 (3’)

Décor : Une clairière dans la forêt d’Orient

 

Marionnettes : Mozart (M), un paysan (M), le perroquet (F)

Mozart : Mutti, nous allons repartir. En route !

Le perroquet : Tu ne sais même pas où est la route de Paris. Tu es perdu dans notre forêt.

Mozart : Oiseau de mauvais augure, tu ne joueras pas avec mon orchestre. Tu es trop méchant, Jacquotte.

Le perroquet : J’ai conservé ma dignité d’oiseau, moi. Tu dis que je radote comme un vieux barbon. Tu te trompes. Je suis le plus beau, le plus intelligent et le plus travailleur des oiseaux de ce pays.

Mozart : Jacquotte, je n’ai parlé que des mauvaises habitudes de certains de tes congénères : ils émigrent chez nous et ne s’intègrent pas. J’ai de l’estime pour toi, mon bel ami, toi qui es déjà naturalisé malgré tes plumes de toutes les couleurs.

Le perroquet : Ecoute-moi. Je sais jouer de tous les instruments. Apprends-moi l’harmonie, donne-moi le « la » avec ton diapason, indique-moi la mesure, tu ne seras pas déçu.

Mozart : Jacquotte, je ne peux pas te laisser chanter à la place de tous ! Même un petit orchestre comporte plusieurs instruments. Il me faudrait aussi un chœur avec des chanteurs. Tu ne seras que le tambour… et peut-être le chanteur !

Le perroquet : Tu ne me comprends pas, Mozart. Tu ne nous connais pas encore. Certains de nos cousins se souviennent d’avoir parlé avec Saint-François en Italie. Nos lointains ancêtres, les chardonnerets, ont inspiré Vivaldi, à Venise, par exemple. De célèbres musiciens du passé, Couperin, Haendel, Telemann, Rameau ont, eux-aussi, chanté avec nous.

Mozart : Jacquotte, tu dis vrai.

Le perroquet : Les meilleurs d’entre nous peuvent aussi prédire l’avenir. Ainsi, nous savons, de source sûre, qu’un grand compositeur, Olivier Messiaen, naîtra en Avignon dans quelques siècles. Ce musicien se passionnera pour les voix magnifiques de nos collègues d’Outre-mer. Son chef-d’œuvre s’appellera le « Catalogue des oiseaux », ce sera une merveille.

Mozart : Jacquotte, tu es un oiseau savant ; rends-moi un service, mets-moi sur la route de Paris.

Le perroquet : Pas question, tant que tu ne m’auras pas attribué le rôle de premier soliste dans ton nouvel orchestre. Je ferai aussi le tambour…

Le perroquet s’envole, dépité. Mozart regarde autour de lui. Un paysan arrive dans la clairière.

Le gendarme : Voilà un beau Monsieur perdu dans la forêt. Que puis-je pour vous, Monseigneur ?

Mozart : Je cherche la route de Paris. On m’attend depuis plusieurs jours.

Le gendarme : Prenez cette route au Nord et vous arriverez dans trois lieues à Brienne.

Mozart : Et là ?

Le gendarme : Là, vous vous arrêtez à l’auberge de la ville. Ma femme y est cuisinière. Vous lui demandez une flute de champagne.

Mozart : Une flute ?

Le gendarme : Ici, en France, c’est le nom des verres où pétille notre vin blanc. Vous êtes près de Reims, vous savez !

Mozart : D’accord pour boire votre champagne dans une flute, et après ?

Le gendarme: Après, vous dégusterez un bon dîner, puis vous dormirez dans l’auberge. Cela vous fera du bien ainsi qu’à la vieille dame que je vois, si fatiguée, dans la calèche.

Mozart : Merci. Je vais suivre votre conseil. Suivez-moi, petits musiciens de la forêt, nous aurons une répétition à la nuit tombée. Vous dormirez, sans vous disputer, sur le toit de l’hôtel de Brienne.

Le gendarme: Vous serez demain en pleine forme pour reprendre la route, mais attention ! Pas de guano sur l’auberge ! Vous traverserez les villes de Troyes et de Provins. Cela vous fera deux jours de voyage. Gare aux chasseurs ! Petits musiciens, ils aiment vous faire rôtir dans leurs poêles et vous dévorer sur une tartine de pain grillé !

Mozart : A la ville de Brienne ! Vive le champagne ! Tant pis pour Paris !

On entend le perroquet Jacquotte au fond de la forêt qui répète : « Tant pis pour Paris, … ».

 

Musique : « La Flute Enchantée » – Duo de Papageno et Pamina « Mann und Weib » - K.620

 

Second entracte

 

Tableau 7 (3’)

Décor : Salon d’Epinay à Paris

Marionnettes : Mozart (M), Marquise d’Epinay (M), Baron de Grimm (F)

Mozart (seul) : Nous voilà à Paris. J’ai installé Mutti rue des Croissants, dans une petite chambre. Il faut que je m’excuse pour mon retard.

Baron de Grimm : Tu n’as pas honte, Wolfgang. Arriver avec une semaine de retard … Tu me causes du souci, alors que je me dévoue jour et nuit pour ta musique. Ton père sera très mécontent.

Mozart : « Grüss Gott », Monsieur le Baron, mille excuses ! Je ne pouvais pas vous prévenir. Nous avons été attaqués par un brigand dans la forêt d’Orient.

Baron de Grimm : Ce sont des choses qui arrivent, notre police est si négligente ces temps-ci …

Mozart : Je suis votre humble serviteur. Comment vous faire oublier mon impolitesse involontaire ?

Baron de Grimm : Wolfgang, cela peut s’arranger. Le goûter est passé, mais nos invités de marque vont revenir pour le dîner chez la Marquise d’Epinay. C’est son jour de réception, le jeudi.

La marquise d’Epinay arrive en chantonnant. Mozart ne peut s’empêcher de se boucher les oreilles.

Marquise d’Epinay : Cher Wolfgang, quelle joie de vous rencontrer ! Auriez-vous attrapé une otite ?

Mozart : … Non Marquise, cela me grattait, ou plutôt, cela me chatouillait, près des oreilles, surtout la droite ... Ne vous inquiétez pas, cela arrive aux musiciens.

Marquise d’Epinay : Frédéric et moi serions ravis si vous nous donniez un concert pendant notre dîner. Cela vous convient-il ?

Mozart : Certainement, Marquise, mais je meurs de faim. Pourrions-nous commencer le concert au dessert seulement ?

Baron de Grimm : Quel culot ! Wolfgang, tu n’y songes pas, tes musiciens et toi vous aurez déjà soupé aux cuisines avant que nous autres commencions à dîner. Combien as-tu de musiciens, ce soir ?

Mozart : C’est que … Un brigand de la forêt d’Orient m’a volé mon instrument et mes partitions. J’ai dû m’adapter. Mes musiciens attentent en bas, euh ! Je veux dire en haut … Regardez, on les voit par la fenêtre, sur les branches des ormeaux. Ils exercent leurs voix et voudraient que je leur donne le ton et la mesure.

Baron de Grimm : Tu te fiches de nous, Wolfgang, je ne vois que des oiseaux …

Mozart : Ce sont mes musiciens. J’ai composé pour eux – et pour vous, Marquise – la « Symphonie des Oiseaux ».

Marquise d’Epinay : C’est un opéra italien ou allemand ? Ici, Wolfgang, tous préfèrent l’italien Niccolo Piccinni ; mais moi, Louise d’Epinay, la reine des salons parisiens, j’ai l’esprit large, je vois loin. Je préfère ton compatriote allemand Gluck, j’aime sa musique, comme la reine Marie-Antoinette.

Mozart : J’ai fait mieux, Marquise. C’est un opéra composé pour vous : il est chanté dans la langue des oiseaux de la forêt d’Orient. C’est la voix de la nature.

Marquise d’Epinay : Ouvrons les fenêtres, que tes musiciens entrent dans le salon ! Wolfgang, tu dîneras avec mes amis. Nous écouterons ta musique ensuite.

Baron de Grimm : Louise, un musicien dirigeant avec une branche de chêne comme baguette de chef d’orchestre n’est pas un maître… Ces oiseaux vont abimer votre salon, quelle honte !

Marquise d’Epinay : Il suffit, Baron, il en sera ainsi.

 

 Musique : « Aria Popoli di Tessaglia » - « Récitatif initial en do mineur» - K.316 (47 mesures)

 

Tableau 8 (3’)

Décor : Salon d’Epinay à Paris

Marionnettes : Mozart (M), le perroquet (M), Baron de Grimm (F), Marquis d’Epinay (F), Marquise d’Epinay (F), l’oiseau (F)

Mozart : Je suis dans un mauvais pas ! Et la nuit qui ne tombe pas encore… Le rossignol ne voudra jamais chanter si tôt et il ne veut pas quitter son ormeau.

Baron de Grimm : Regardez ce pauvre Mozart, il ne sait plus où donner de la tête … Il a bu trop de Champagne !

Marquis d’Epinay : Taisez-vous, Baron de Grimm, vous êtes un vieux grincheux, et jaloux avec ça ! Ce serait plutôt à moi de l’être … quand je vous vois comploter avec mon mari.

Mozart : Aloysia, je pense à toi, mon amour. Que ferais-tu à ma place ? Je suis perdu … Jacquotte où es-tu ?

Le perroquet : Je suis là, je suis là, je suis là …

Mozart : Jacquotte, tu vas me sauver. Chante comme un ténor et une soprano et accompagne-nous aussi au tambour…

Le perroquet : J’ai écouté vos répétitions. Je connais ta musique par cœur, Wolfgang. Je peux chanter toutes tes mélodies et même suivre le tempo !

Mozart : D’accord, Jacquotte je te fais confiance. Tant pis pour le rossignol.

Le perroquet : Tant pis pour le rossignol, tant pis pour le rossignol, tant pis pour le rossignol …

Mozart : Mes amis, rentrez dans le salon de la Marquise d’Epinay ! Nous allons commencer.

L’oiseau : Nous refusons. Notre syndicat nous interdit d’entrer chez les humains, c’est trop dangereux. Nous redoutons vos « cages aux rossignols ». Cela ne nous empêche pas de chanter et de nous faire entendre : c’est à prendre ou à laisser !

Mozart : Bien ! Je m’incline devant votre syndicat. Ouvrons toutes les fenêtres ! Mesdames et Messieurs, à vos instruments ! Je vous donne le ton : la, la, la … Suivez ensuite ma baguette pour entonner vos chants. Jacquotte arrête de dire : « la » et joues du tambour !

Un début de cacophonie s’installe, comme lorsqu’un orchestre accorde ses instruments au début d’un concert. Cette cacophonie s’arrête instantanément dès que Mozart lève sa baguette devant la fenêtre. On entend le duo Papageno - Papagena de la « Flute enchantée ».

Marquise d’Epinay : C’est merveilleux mon petit Wolfgang. Promettez-moi de jouer ma « symphonie des oiseaux » avec votre orchestre animal devant mes invités chaque fois que je vous le demanderai !

Marquis d’Epinay : Vos oiseaux musiciens pourraient-ils m’accompagner un prochain jour au restaurant du « Grand Véfour » pour régaler les oreilles de mes amis du Palais Royal ? Les oiseaux seront à l’aise dans le jardin… Il y a de beaux arbres.

Baron de Grimm : Wolfgang, vous continuerez à jouer ici ! Ensuite, vous enseignerez la musique aux enfants de mes amis, le Duc de Guignes, la Comtesse de Chabot. Vous pourrez régler vos dettes.

Mozart : Merci Baron ! Pour les honoraires, c’est Mutti qui décide. Marquis, nous vous suivrons au Palais Royal. Marquise, je vous remercie pour votre gentillesse et votre générosité.

A part lui : Aloysia, je ne voulais rien de tout cela, mais je pense à toi et je t’aime de tout mon cœur. Je souffre de ton absence. Je serai bientôt de retour avec mon bon souvenir à ta sœur Constance.

 Musique : « Aria Popoli di Tessaglia »-« Allegro assaï » - K. 316 (172 mesures)

 

Tableau 9 (3’)

Décor : Salon d’Epinay à Paris

Marionnettes : Mozart (M), tous les autres fixes (F)

Mozart : Ma vieille maman, Mutti, est bien malade, mes amis. Nous sommes loin de notre famille. Un seul de mes amis est venu me voir, Jean-Chrétien Bach. J’espère repartir bientôt chez moi. Je vous laisse en souvenir la musique écrite pour vous ma « Symphonie Parisienne » et des « Petits riens », c’est un ballet... Je suis bien triste, et vous ?

Le public : …

Guignol : Mozart, on t’aime…

Mozart : Moi aussi, mes amis, je vous aime.

Le public : …

Guignol : Mozart, nous te remercions pour ta divine musique. Elle n’est ni française, ni allemande, ni italienne et nous fait tous pleurer. Demande-nous ce que tu désires !

Mozart : Nous allons chanter ensemble pour Mutti et pour vos mamans. J’ai écrit pour elles une jolie chanson. D’abord, nous allons répéter, puis ce sera votre tour. Préparez vos plus belles voix !

Musique : « K. 265 – Variation 9 » :

 

« Ah vous dirai-je Maman

Ce qui cause mon tourment

Papa veut que je raisonne

Comme une grande personne

Moi je dis que les bonbons

Valent mieux que la raison

 

Ah vous dirai-je Maman

Ce qui cause mon tourment

Papa veut que je demande

De la soupe et de la viande

Moi je dis que les bonbons

Valent mieux que la raison

 

Ah vous dirai-je Maman

Ce qui cause mon tourment

Papa veut que je retienne

Des verbes la longue antienne

Moi je dis que les bonbons

Valent mieux que la raison »

 

Pendant la sortie du public résonnera l’allegro final de « la petite musique de nuit » (K. 525).

 

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