Présentation : Le DSK nouveau est arrivé, comédie burlesque

       

Comme le bon vin, le « DSK » arrive à point nommé pour qui sait boire comme il convient. Le nouveau crû en surprendra plus d’un, surtout les perdreaux de la génération Z.

Un produit cosmétique, « Draw The Skin », à efficacité révolutionnaire vient d’être lancé par le leader mondial Greenface. Des effets secondaires peu avouables se font jour. Le président de l’agence parisienne de publicité, Globalcom France, a assuré la promotion multimédia de cet élixir miracle : il risque de graves ennuis judiciaires. Les dirigeants américains de GlobalcomWorldwide-New York, réagissent avec vigueur pour récupérer la mise … Ce revers pourrait pénaliser cours de bourse et stock-options du comex. Les lobbies transnationaux se déchainent par avocats et médias interposés.

Les conflits intergénérationnels et les différences culturelles éclatent sur fond de crise financière. Une séduisante collaboratrice chinoise et un vice-président indien, spécialiste des gestions de crise internationale, s’affrontent à Paris. Un étudiant de business school, en apprentissage chez GlobalCom, s’avère précoce en affaires douteuses. Une directrice de marketing, d’origine provençale est dépassée par les événements mais garde les pieds sur terre. L’assistante bretonne du président, collaboratrice de la première heure, jette l’éponge devant tant de cynisme et prend sa retraite.

Un épilogue inattendu permettra-t-il au nouveau « DSK » d’affronter les défis du XXIème siècle, renouvelant les espoirs de prospérité et de plaisirs pour tous dans le nouveau monde globalisé ?

Il s’agit d’une parodie inspirée d’une actualité brûlante, visant les mondes des cosmétiques frelatés et des publicitaires véreux.

« Le DSK nouveau est arrivé » est divisé en cinq épisodes d’une durée globale d’environ 75 minutes. 

 

LE DSK NOUVEAU EST ARRIVE

Comédie burlesque

 

Aucune analogie avec des personnes décédées, vivantes ou à naître ne saurait être établie.

Le « DSK » est le produit révolutionnaire à finalités dermo-cosmétiques de la firme Greenface que l’agence de publicité GlobalCom a lancé au plan mondial.

L’auteur souhaite vous le faire connaître pour votre bonheur, regrettant qu’il ait fallu attendre pour que la médecine reconnaisse ses bienfaits…

Il remercie Marie de Brelantec, pour ses encouragements, ses suggestions et son soutien sans faille face à la crise du « DSK ».

Personnages, par ordre d’entrée en scène :

  • Jean-Marie Grosdur, 66 ans, Président-fondateur de GlobalCom France, publicitaire du cosmétique DSK
  • Marie-Ange Prat, 59 ans, Assistante bretonne de Jean-Marie Grosdur
  • Benjamin Novocasual, 25 ans, Apprenti-élève de l’e.Pub-Business.School
  • Pivoine Phoenix, 30 ans, « Créa », chez GlobalCom France, d’origine chinoise
  • Magali Mistralou, 40 ans, directrice adjointe du marketing de GreenFace France
  • Cequala Fairdeal, 44 ans, Vice-President for crisis management, d’origine indienne, GlobalComWorldwide, New York, dit « CQFD »

 

Personnages dont on parle :

  • Damon Lawless, citoyen britannique, Chairman du sous-holding Afrique-Europe-Moyen Orient (AEMO) de GlobalCom à Londres
  • Kathy Peauneuve, french celebrity de 68 ans
  • Billie Goodspeak, Boss mondial de GlobalComWorldwide, major mondial de la publicité
  • Pamela Riskfree, Directrice des Assurances, GlobalComWorldwide
  • Romuald de la Pinardière, Président du distributeur de cosmétiques Greenface France
  • Adonis Hercule Louis du Bourg de la Monte, homme politique français
  • Alexandre le Renardeau et Silvio Mortadella, lobbyistes politiques français
  • John Deepocket, Membre du Board de GlobalComWorldwide, New York

 

Sociétés commerciales concernées :

  • GlobalComWorldwide New York: Groupe mondial de publicité et ses filiales : GlobalCom France et GlobalCom Londres (sous holding AEMO : Afrique-Europe-Moyen Orient)
  • Greenface International New York: Groupe mondial de cosmétiques et sa filiale à Paris Greenface France
  • Transnational Bodybenefits: Groupe US de cosmétiques, principal concurrent de Greenfac

 

EPISODE 1

Siège de GlobalCom France à Paris. Jean-Marie Grosdur est confortablement assis dans son fauteuil présidentiel. Il s’éveille d’une sieste prolongée, les pieds sur le bureau et les mains croisées sur une bedaine respectable. Il baille à plusieurs reprises, les yeux mi-clos.

A sa gauche, Marie-Ange Prat fait ses ongles puis passe à ses courses sur internet grâce à un vieil ordinateur. L’horloge murale indique 15 heures, lundi 8 janvier. La porte de la salle de réunion attenante est ouverte.

Jean-Marie Grosdur, d’une voix endormie : A nous deux, Marie-Ange, il est temps de nous remettre au travail.

Marie-Ange Prat, absorbée, feint de ne pas entendre. Elle attaque son maquillage en utilisant l’écran de l’ordinateur comme miroir.

Jean-Marie Grosdur d’une voix suave : Marie-Ange, mon petit, m’entendez-vous ?

Marie-Ange Prat : Président, je réglais une urgence.

Jean-Marie Grosdur : Quels rendez-vous sur mon agenda aujourd’hui ?

Marie-Ange Prat : Heu, heu, … je vérifie. Un seul : l’électricien doit remplacer l’ampoule de votre lampe de bureau, cet après-midi.

Jean-Marie Grosdur : C’est tout ?

Marie-Ange Prat : Ce n’était pas facile d’obtenir une date, l’électricien est si occupé ! Il a bien voulu nous consacrer son après-midi !

Jean-Marie Grosdur se sert un grand verre de whisky pur, qu’il vide.

Jean-Marie Grosdur : Convoquez-moi notre apprenti de l’e-Pub.Business.School. Comment s’appelle-t-il déjà ?

Marie-Ange Prat : Benjamin Novocasual, Monsieur. C’est un bien joli garçon, notre nouveau pubard, il est très demandé !

Jean-Marie Grosdur : Et alors ? Je suis son tuteur, non ? Je l’attends.

Marie-Ange Prat : Le voilà qui rentre justement dans la salle de réunion. Benjamin, venez-vite, Monsieur Grosdur souhaite vous voir de toute urgence.

Benjamin Novocasual : J’arrive, mais je devais assister à un meeting important.

Jean-Marie Grosdur : Jeune homme, du respect pour tes aînés. Te rends-tu compte que je te sacrifie quelques minutes d’un emploi du temps présidentiel ?

Benjamin Novocasual : Non, enfin, … Oui Monsieur, bien, Monsieur le Président !

Jean-Marie Grosdur : Ferme-donc cette porte, Benjamin. Notre entretien restera confidentiel, compris ?

Marie-Ange Prat tente de s’éclipser discrètement.

Jean-Marie Grosdur : Marie-Ange, restez avec nous ! Je n’ai pas de secret pour vous.

Alors, mon garçon, tu commences à connaître GlobalCom France?

Benjamin Novocasual : Monsieur, je sais que vous avez créé la première agence de publicité française, vous avez inventé les concepts multimédias modernes, les fameuses « disruptions ». Certains disent, sous le sceau de la confidence, que vous allez bientôt prendre votre retraite.

Jean-Marie Grosdur, furieux : Qui a pu te raconter de pareilles balivernes ?

Benjamin Novocasual : Heu, … Je ne me souviens plus, Monsieur le Président.

Jean-Marie Grosdur : Ça vaut mieux, si tu veux faire carrière chez nous. A ton âge, j’avais déjà lancé trois campagnes de pub pour de grandes marques françaises. N’est-ce pas Marie-Ange ?

Marie-Ange Prat : Oui, Monsieur, j’étais alors votre première et seule collaboratrice. J’ai rejoint Jean-Marie Grosdur Agency, « JMGA », à 17 ans, c’était dans les années 1980 …

Jean-Marie Grosdur : Benjamin, tu vois ce que l’on peut faire, quand on a de l’énergie, de la volonté, de l’ambition. Le succès n’a pas attendu le nombre des années. Quand j’ai revendu « JMGA », j’avais plus de mille collaborateurs en France. GlobalComWorldwide de New York m’a fait un bon prix ! Ces bandits américains n’avaient pas de cash, ils m’ont payé en actions et en stock-options.

Benjamin Novocasual : C’était un joli coup ! Quel génie des affaires vous faîtes Monsieur Grosdur ! Puis-je me permettre de vous demander pourquoi vous travaillez encore ?

Jean-Marie Grosdur : Vois-tu mon garçon, je me suis allié à la première agence de pub mondiale : ils ne peuvent plus se passer de moi à New York. Ils admirent mes succès commerciaux. « I am the best » pour eux-aussi ! Sais-tu quels sont mes produits préférés ?

Benjamin Novocasual : Non, Monsieur le Président.

Jean-Marie Grosdur : La santé, la pharmacie, la parapharmacie, un marché mondial à plus de 100 milliards de dollars. Croissance garantie sur les vingt ans à venir, démographie oblige ! Aujourd’hui l’Europe, demain l’Asie, après-demain l’Afrique … Vive les pandémies !

Benjamin Novocasual : Monsieur Grosdur, je dois écrire un rapport d’apprentissage sur GlobalCom France pour mon école. Auriez-vous un cas intéressant que je pourrais étudier ?

Jean-Marie Grosdur : Ma dernière aventure, la plus belle, c’est le lancement mondial du « DSK » pour Greenface. C’est un produit miracle breveté en France. Il fait 30% du chiffre d’affaires de mon agence et 50% de ses profits. On a verrouillé les choses avec mon ami Romuald, le président de Greenface en France.

Benjamin Novocasual : Qu’est-ce que ça veut dire « DSK » ?

Jean-Marie Grosdur : « Draw the Skin », dessine ou plutôt tire la peau, quoi ! C’est un élixir de jouvence inspiré des recettes secrètes du Moyen-Age. On le boit. Les équipes de Romuald de la Pinardière, le Président de Greenface France, ont mis au point ce produit-miracle pour les seniors, hommes et femmes. Pas une trace de collagène dans ce cosmétique révolutionnaire : on laisse ces poisons aux concurrents, Transnational Bodybenefits et les autres. C’est un malin ce Romuald, un camarade de mon école de commerce, à Pont-sur-Oseille qui s’appelle maintenant « Business School Challenger 2 ». Je lui ai trouvé son slogan : « The best gateway to Europe ». Romuald et moi, nous avons fait notre service dans la Marine, il y a 42 ans… C’était autre chose que ton école de fils à Papa …

Benjamin Novocasual : Oui, mais à l’e.PuB.Business.School, il y a aussi des filles, elles ont élevé le niveau. Au fait, comment avez-vous gagné l’appel d’offre du DSK ?

Jean-Marie Grosdur : « DSK » … C’était un super contrat, un lancement mondial avec pub médias et hors médias. Du coup, j’ai aidé les équipes de Greenface France à rédiger leurs « briefs ». On a gagné du temps … Tu vois, Benjamin ?

Benjamin Novocasual : Je commence... Comment avez-vous pu réussir si vite ?

Jean-Marie Grosdur : Le chiffre d’affaires de Greenface a explosé sur tous les canaux : la grande distribution, la parapharmacie et même les ventes directes par internet. Il a fallu construire de nouvelles usines en Chine et aux Etats-Unis. Tout cela grâce à ma pub d’enfer ! Notre seul échec, c’est l’Allemagne, je ne comprends pas les Teutons.

Benjamin Novocasual : Greenface International et GlobalComWorldwide sont donc vos success stories mondiales ?

Jean-Marie Grosdur : Greenface a dû faire venir des renforts dans leur usine de Dijon pour la production européenne. Des biologistes anglais sont chargés de l’approvisionnement en pépins de pommes... Il fallait leur laisser un os à ronger à ceux-là. « DSK » est le blockbuster de Greenface. L’une jeune collaboratrice, Pivoine Phoenix, une chinoise brillantissime de Shanghaï m’a aidé. Elle n’y connaissait rien en dermo-cosmétique. Je l’ai formé à ma manière …

On frappe à la porte.

Jean-Marie Grosdur : Marie-Ange, qu’on ne me dérange sous aucun prétexte, je suis en conférence.

Marie-Ange entrouvre la porte et discute longuement avec une interlocutrice qui reste dans la salle de réunion puis qui rentre brutalement. Pivoine Phoenix parle avec un accent chinois typique.

Marie-Ange Prat : Monsieur, Pivoine Phoenix souhaite vous voir d’urgence.

Jean-Marie Grosdur : Quand on parle du loup … Je ne sais plus où donner de la tête, comme d’habitude. Qu’elle entre !

Pivoine Phoenix : Monsieur, le « DSK », qu’on croyait prêt à l’emploi pour la prochaine saison, il est fini, bon pour la casse, épuisé ! Qui aurait pu croire qu’il disparaîtrait si vite, notre produit-miracle de la cosmétique on line ?

Jean-Marie Grosdur : Voyons, Pivoine, du recul, de la modération, de la maîtrise, souvenez-vous de mes conseils !

Pivoine Phoenix : Impossible, Monsieur Grosdur, je viens d’écouter Channel 1, ils nous attaquent.

Jean-Marie Grosdur : Qui ça, ils ?

Pivoine Phoenix : Les victimes du « DSK » et leurs avocats.

Jean-Marie Grosdur : Vous plaisantez ! Qui sont ces trouble-fêtes ?

Pivoine Phoenix : Vous les connaissez, ils vous ont déjà fait des misères, les Maîtres Côme et Pacôme Dentdure et associés.

Jean-Marie Grosdur : Les crapules ! Ils m’auront emm… jusqu’au bout, ceux-là ! Pacôme, ça va encore, mais Côme Dentdure, c’est une calamité juridique, une catastrophe médiatique, un cataclysme apocalyptique. Qu’est-ce qu’il a trouvé pour arrondir ses honoraires sur mon dos ?

Pivoine Phoenix : Des victimes … Les addicts du « DSK » !

Jean-Marie Grosdur : De quoi souffrent-ils ces malades imaginaires ?

Pivoine Phoenix : Sur Channel 1, il y en avait trois, un homme et deux femmes. Depuis leur EHPAD, ils se plaignent des effets secondaires du DSK.

Jean-Marie Grosdur : L’air n’y est pas plus mauvais qu’ailleurs, dans les maisons de retraite ! J’y avais placé ma pauvre mère. Paix à son âme ! Si seulement elle avait pris du « DSK » !

Pivoine Phoenix : Vous n’y êtes pas Monsieur Grosdur, elles ne sont pas encore mortes, les victimes, elles exprimaient leurs immenses souffrances en présence de Maître Côme Dentdure. Leurs yeux étaient rouges, elles pleuraient, elles se grattaient ! C’était bien joué !

Marie-Ange Prat faisant les gros yeux à Jean-Marie Grosdur : Laissez-donc parler Pivoine Monsieur, vous voyez bien qu’elle est émue.

Pivoine Phoenix : Ces seniors voulaient se rajeunir... Le directeur de l’EHPAD leur avait vanté les vertus du DSK. Leurs peaux ont été liftées, mais elles sont devenues jaunes, de la tête aux pieds. Elles éternuent, elles n’arrivent plus à respirer, elles versent des larmes sur les micros. Elles s’excitent devant l’écran … si vous voyez ce que je veux dire.

Jean-Marie Grosdur, en plaisantant : Voilà un problème qui ne risque pas d’arriver aux clients asiatiques du « DSK ».

Benjamin pouffe de rire, mais il est le seul !

Jean-Marie Grosdur : Tu es encore là toi ! Pas un mot de tout cela à l’extérieur. Fiche-moi le camp, ou plutôt, … reste ! Ton Président va régler, en trois coups de cuillère à pot les nouveaux problèmes de Greenface. Marie-Ange, passez-moi mon ami, le Président Romuald de la Pinardière.

Marie-Ange Prat : Tout de suite, Président.

Un long silence s’installe, Jean-Marie Grosdur remet les pieds sur son bureau, boit un nouveau verre de whisky et donne des cannettes de coca-cola à Pivoine et à Benjamin. Marie-Ange Prat s’affaire au téléphone, on la voit parler, mais on n’entend rien.

Marie-Ange Prat : Impossible de joindre le Président de la Pinardière. Selon ma collègue, il préside un meeting au golf de Saint-Nom-de-la-Bergère. Il ne repassera pas au bureau. Ce soir, il dine au Club du Bois des deux Boules pour discuter affaires entre amis.

Jean-Marie Grosdur : Je connais ce golf, les plus beaux dix-huit trous de l’Ouest parisien ! Je devais rejoindre ce soir mes amis sportifs : c’est le « Tir aux dindons ». Je voulais proposer à Romuald de présenter notre campagne mondiale du « DSK » aux Awards de Cannes, le couronnement de ma carrière. Là, j’aurais pu être d’accord pour passer le manche. Il me vient une pensée profonde, Benjamin : « On est toujours précédé par des incapables et suivi par des ingrats ». Développe un peu et tu tiens l’introduction de ton rapport d’apprentissage.

Benjamin Novocasual : Je note votre brillante formule, Monsieur. Je citerai dans mon rapport d’apprentissage en précisant l’auteur.

Pivoine Phoenix : Chez nous, Lao Tseu dit quelque chose d’approchant … Mais il y a urgence ! Monsieur Grosdur, vous ne m’avez pas laissé le temps de vous informer de tout.

Marie-Ange Prat : Allons, Monsieur le Président, laissez parler Pivoine.

Jean-Marie Grosdur : Quoi encore ! Le temps presse…

Pivoine Phoenix : Maître Côme Dentdure va porter plainte au pénal contre Greenface à cause des effets secondaires du « DSK ». Il considère GlobalComWorldwide comme coauteur, voire comme complice, ce que lui suggèrent les meilleurs juristes de la planète …

Jean-Marie Grosdur : S’il me cherche, il va me trouver ! Si je pouvais négocier avec Pacôme. Avec Côme, on ne peut pas se sentir...on a un vieux contentieux !

Marie-Ange Prat : Monsieur … comme vous y allez !

Pivoine Phoenix : Ce n’est pas tout. Maître Côme Dentdure a demandé, sur Channel 1, à toutes les victimes du « DSK », de se signaler à son cabinet dans les meilleurs délais. Il estime les dommages et intérêts entre 100.000 et 500.000 € par victime.

Jean-Marie Grosdur : On croit rêver ! Il se paye toujours sur la bête celui-là. Comme d’habitude, il leur facturera des honoraires proportionnels aux sinistres ! Et si les vieux de la maison de retraite avaient simplement attrapé la jaunisse ? Cela arrive, une épidémie dans les EPHAD...

Jean-Marie Grosdur rit tout seul. Le téléphone sonne, Marie-Ange Prat décroche et met le haut-parleur.

Voix off de Magali Mistralou (avec un fort accent provençal) : Je suis Magali Mistralou, la directrice-adjointe marketing de Greenface en France. Je cherche à joindre Pivoine Phoenix d’urgence. On me dit qu’elle est dans le bureau du Président Grosdur. Notre Président international m’a confié cette mission, car il travaille ses relations dans son club privé.

Marie-Ange Prat : Vous êtes dans le bureau du Président Grosdur. J’ai mis le haut-parleur, Monsieur Grosdur et Pivoine Phoenix vous écoutent, Magali.

Voix off de Magali Mistralou : Je sais pour le « DSK ». France. Que puis-je faire pour vous ?

Jean-Marie Grosdur fait signe à Pivoine Phoenix de répondre.

Pivoine Phoenix : C’est moi, Magali. Je suis Pivoine. A nous d’agir, nous avions piloté la campagne de pub mondiale du « DSK », toutes les deux.

Jean-Marie Grosdur, intervenant vivement : Pas question, je vais d’abord m’entretenir avec le Président de la Pinardière. Lui et moi, nous aviserons quand nous aurons toutes les cartes en main.

Voix off de Magali Mistralou : Monsieur, nous faisons faillite à cause des méfaits du « DSK » … J’ai peur ! Comment je vais payer les études de mes petits, Marius et Fanny ? Les pauvres ! Fanny, elle est maline, mais Marius, il est bien brave … Je les aime tous les deux !

Jean-Marie Grosdur : Madame Mistralou, vous êtes notre cliente, je vous dois le respect. Pouvez-vous me dire si les lobbies médicaux et pharmaceutiques ont réagi ? Et ces journalistes de Channel 1, vous les connaissez ?

Voix off de Magali Mistralou : Monsieur, je ne sais rien de plus ; nos équipes de marketing sont sur le pont pour découvrir le pot aux roses, sans succès.

Jean-Marie Grosdur : Selon vous, notre problème touche-t-il d’autres pays que la France ? D’autres continents ? Greenface et GlobalCom ont monté une campagne mondiale pour le « DSK », toutes générations et sexes confondus. C’est Paris qui gère l’ensemble du budget « DSK ». Ce ne sont pas vos petits poissons-pilotes qui vont m’impressionner…

Voix off de Magali Mistralou : Moi, je ne fais pas partie des cercles parisiens. Je viens de Carpentras dans le Vaucluse. Personne ne me dit rien.

Jean-Marie Grosdur : Si vous le permettez, chère Madame, ce sujet vous dépasse. Laissez-donc faire vos Présidents. Nous aviserons, il vous restera à exécuter, c’est déjà beaucoup.

Pivoine Phoenix : En attendant, on ne fait rien ?

Jean-Marie Grosdur : Marie-Ange, organisez demain, une réunion à 9 heures dans la salle d’à côté. Il me faut les responsables de la campagne DSK chez Greenface en France.

Tous d’une même voix : Bien, Monsieur le Président. Bonne soirée, Monsieur le Président

 

EPISODE 2

 

 Siège de GlobalCome France à Paris. Bureau de Jean-Marie Grosdur : Les projecteurs illuminent, l’un après l’autre, trois slogans du « DSK « sur des affiches grandeur nature, comportant des illustrations suggestives :

  • « Une rasade de « DSK » pour vous les hommes et votre peau devient lisse comme celle d’une pomme »
  • « Une gorgée de « DSK » pour vous les femmes et vous voilà tout-feu tout- flamme »
  • « DSK » à chaque repas et la fatigue ne revient pas »
  • « Consommez le « DSK » à tout âge, il vous aimera sans partage »
  • « Si vous le buvez partout, « DSK » fera tout pour vous »

L’horloge murale marque 8h30, mardi 9 janvier.

Jean-Marie Grosdur, nerveux, boit café sur café dans son canapé. Marie-Ange Prat achève son maquillage du matin. On frappe à la porte de réunion qui est fermée.

Jean-Marie Grosdur : Vous voilà enfin, Pivoine ! Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

Pivoine Phoenix : Moi non plus, Monsieur Grosdur. Avez-vous écouté les infos de 20 heures sur Channel 1 ?

Jean-Marie Grosdur : Evidemment, vous me prenez pour une bille !Quelle catastrophe !

Pivoine Phoenix : Monsieur Grosdur, il y a trente victimes déclarées du « DSK ». On pouvait craindre davantage !

Jean-Marie Grosdur : Selon vous Pivoine, elles se manifestent spontanément ces victimes ? S’exciteraient-elles devant un micro, juste pour émouvoir les téléspectateurs en manque de scoop ?

Pivoine Phoenix : Ce n’est pas ce que j’ai dit Monsieur Grosdur. Pour les victimes leur jaunisse et leurs allergies, c’est la faute du « DSK ».

Jean-Marie Grosdur : Passer de trois à trente victimes en une nuit, c’est normal pour vous, Pivoine ?

Pivoine Phoenix : Non ! C’est à cause de Côme Dentdure, un maître chanteur comme on dit chez vous, un fouille-m … Et puis, leurs symptômes s’aggravent !

Jean-Marie Grosdur : Comment ?

Pivoine Phoenix : Les allergies sont accompagnées d’excitations sexuelles irrésistibles. Les directeurs des EPAHD assistent à des orgies inattendues … Les cardiologues sont appelés à la rescousse. On attend avec impatience les effets du « DSK » sur les jeunes générations. On envisage des distributions gratuites de préservatifs. La ministre de la santé a passé commande à de grands labos pharmaceutiques, pour cause de catastrophe sexuelle mondiale …

Jean-Marie Grosdur se met à rire à gorge déployée, il se mouche bruyamment et paraît tout ragaillardi. Marie-Ange Prat se précipite.

Marie-Ange Prat : Monsieur le Président ! Ce n’est pas drôle... Voulez-vous des cafés, tous les deux ?

Elle sort dans la salle de réunion et s’active autour de la machine à café.

Jean-Marie Grosdur : Pivoine, ma « créa » préférée, ma créatrice d’avenir, vous êtes ma beauté, mon printemps, ma fleur... Je crains pour votre carrière ! Elle risque de s’arrêter net.

Pivoine Phoenix : Pardon ! Je ne suis pas votre créature, je suis créatrice de pub chez GlobalCom France. Je me forme en Europe pour attaquer le marché international. La Chine m’attend pour copier vos méthodes. Ce sera la révolution culturelle, celle des femmes...

Jean-Marie Grosdur : Moi, je n’étais pas prêt à répondre à tous ces coups de fil hier soir.

Pivoine Phoenix : Qui a eu le culot de vous importuner Monsieur Grosdur ? C’est moi la responsable de la campagne mondiale du « DSK », l’invincible, l’incontournable, le tout-puissant, l’irrésistible « DSK », comme le vante notre slogan multimédia transnational.

Jean-Marie Grosdur : Vous avez fait des erreurs, des promesses mensongères aux consommateurs du « DSK ». Les agences du médicament s’associent aux plaintes des victimes. A cause de vous, tout le monde croit que le DSK est une drogue, je veux dire un médicament !

Pivoine Phoenix : Cela ne m’étonne pas de l’ agence de santé française puisque vous les avez sollicitées vous-même … sans succès ! Nous sommes plus efficaces en Chine …

Jean-Marie Grosdur : S’il ne s’agissait que de l’agence française, j’en aurais fait mon affaire ! Les officiels anglais et allemands se sont rangés du côté des victimes. Ils m’ont appelé sur mon portable, alors que je dinais chez des amis, villa Mozart. Je n’attends plus que le coup de fil de l’agence européenne du médicament. C’est la rançon de ma gloire …

Pivoine Phoenix : Seule l’Europe est touchée, ce n’est pas trop grave pour le « DSK ».

Jean-Marie Grosdur : Vous me décevez, Pivoine. Vous raisonnez par tête de pipe, mais pas en pouvoir d’achat. Vous saisissez ?

Pivoine Phoenix : Oui, enfin, tout dépend si on pense au présent ou à l’avenir...

Jean-Marie Grosdur : Je suis écœuré, cette Agence Française de la Santé avec laquelle j’étais en si bons termes... On travaillait en confiance, le directeur et moi. Je connais ses experts, je les ai invités à mes voyages d’incentives : Angkor, le carnaval de Rio, les Maldives... Tout a un prix ! Il fallait aussi honorer leurs correspondants à Bruxelles. Quelle ingratitude! Des jeunes loups sont arrivés, des ambitieux qui ne seront plus là dans six mois. IIs travailleront aux Etats-Unis ou en Asie, ou pire encore, ils séviront dans nos cabinets ministériels.

Pivoine Phoenix : Monsieur Grosdur, ne vous inquiétez pas, je serai digne de votre success-story, je la sauverai au plan mondial.

Un silence pesant s’installe. Marie-Ange Prat rentre avec les cafés qu’elle dispose sur la table devant le canapé. Elle repart discrètement vers son ordinateur.

Jean-Marie Grosdur : Ces nouveaux journalistes de Channel 1, je ne les connais pas, ils ignorent tout de GlobalCom France. Ils jettent les victimes du « DSK » dans les bras de Côme Dentdure … à moins que ce ne soit l’inverse !

Pivoine Phoenix : Monsieur Grosdur, seul l’audimat compte aujourd’hui. Channel 1 doit embaucher des journalistes agressifs et inventifs. Ils regardent devant, eux, pas derrière !

Jean-Marie Grosdur : Je veux leurs noms, leurs profils de carrière, leurs followers, tous leurs points faibles, quoi ! On va s’en occuper de ces freluquets avec Romuald de la Pinardière. Votre bonus, Pivoine, dépendra de la qualité de votre enquête, en France comme à l’étranger.

Pivoine Phoenix : Monsieur Grosdur, vous êtes injuste !

Jean-Marie Grosdur hors de lui : Et ce Romuald qui ne consent toujours pas à se manifester. Il est sûrement au courant de tout et d’autres choses encore. « Dites-moi tout et je devine le reste », voilà sa devise !

Pivoine Phoenix : Ce serait bien qu’on connaisse ses réactions, qu’il exprime ses intentions, qu’il manifeste sa sympathie à votre égard, votre ami de toujours...

Jean-Marie Grosdur : Le plus humiliant pour moi serait que Romuald agisse avant que nous puissions discuter. A votre avis, Pivoine, aurait-il déjà prévenu les dirigeants de Greenface à New York ? Je le plains, il risque sa place … Comme moi d’ailleurs !

Marie-Ange Prat : Monsieur le Président, je reçois un mail de Greenface France.

Jean-Marie Grosdur : Enfin ! Qu’est-ce que vous attendez pour nous le lire ?

Marie-Ange Prat : Le mail vient de Magali Mistralou. Elle dit que son patron, le Directeur du Marketing de Greenface France, a été débarqué ! C’est elle qui assistera à votre réunion de ce matin. Elle aurait aimé parler d’abord à Pivoine.

Jean-Marie Grosdur : Ce ne sera pas le cas !

Marie-Ange Prat : Mais ce n’est pas tout, oh, la, la ! Une avalanche de mails et ceux-là sont longs !

Jean-Marie Grosdur de plus en plus stressé : Pour qui ? De qui ? A quel sujet ?

Marie-Ange Prat : Les mails viennent de GlobalComWorldwide, à New York. Ils sont envoyés par plusieurs directions et d’abord du service juridique, spécialité assurance. Un autre est signé par un manager de crise, un certain Cequala Fairdeal. Enfin, il y a celui du patron mondial, Billie Goodspeak.

Jean-Marie Grosdur décomposé, puis emphatique : Romuald, que m’as-tu fait ? Quelle faute ai-je commise à ton égard pour subir de tels affronts, endurer une telle cruauté, redouter une telle déchéance ? Ce sera tout pour aujourd’hui Marie-Ange ?

Marie-Ange Prat : Monsieur le Président, un dernier mail vient d’arriver. Il va vous déplaire, il est signé Damon Lawless, Chairman de GlobalCom à Londres.

Jean-Marie Grosdur : Il ne manquait plus que celui-là. Il veut ramasser la mise, à l’anglaise... sans risque, pour la gloire du « british empaiire » ! Quelle vie de misère, quel funeste destin que le mien ! Des stock-options qui fondent comme neige au soleil, des actions de GlobalComWorldwide qui n’ont plus aucune valeur … Quelles souffrances !

On frappe à la porte de la salle de réunion.

Marie-Ange Prat : Magali Mistralou demande à voir Pivoine.

Jean-Marie Grosdur : Pas question. Je préside notre réunion. Cette Magali Mistralou, c’est le gratin que Greenface nous sert en cas de crise ? Appelez-donc aussi notre apprenti, votre pubard, comment se nomme-t-il déjà ? Cela fera une moyenne en matière de compétences !

Marie-Ange Prat : Benjamin Novocasual, Monsieur le Président.

Jean-Marie Grosdur : Qu’il nous rejoigne immédiatement !

Ils passent tous dans la salle de la réunion. L’horloge murale marque 9 heures. Benjamin s’installe avec eux autour de la table.

Jean-Marie Grosdur : Alors, Madame Mistralou, quoi de neuf ?

Magali Mistralou : Tout est fichu, le « DSK » et Greenface avec, une catastrophe sur le plan mondial !

Jean-Marie Grosdur : Je crains de mal vous comprendre Madame, vous n’avez pas construit votre existence sur les vertus du « DSK » jusqu’à nouvel ordre.... Dans toute carrière, il y a des hauts et des bas.

Magali Mistralou : Après mon chef, le Dir Mark de Greenface en France, le prochain fusible, ce sera moi ! Je n’ai rien fait de mal. Je suis allée une fois au « Tir au dindon » avec mon Président, Monsieur de la Pinardière. Ces messieurs revenaient de leur golf de Saint Marteau. Ils n’ont parlé que du dix-neuvième trou et ils vantent leurs prouesses au tir à la bécasse.

Jean-Marie Grosdur, prenant sa respiration : Madame, de la hauteur de vue, du discernement, de la vision à long terme. Dites-moi, comment va-t-il ce cher Romuald, mon vieux complice ?

Magali Mistralou : Il est fou-furieux. Depuis hier-soir, il a tout le monde sur le dos à cause du « DSK », à commencer par les syndicats de Greenface France.

Jean-Marie Grosdur : Pourquoi donc ?

Magali Mistralou : Monsieur de la Pinardière a refusé de répondre aux agences officielles du médicament et aux journalistes de Channel 1. Ils se sont adressés à nos représentants syndicaux de notre usine de Dijon, celle qui fabrique le « DSK » pour l’Europe entière.

Jean-Marie Grosdur : Où est le problème ? Chez Greenface, tout n’est-il pas propre, clean, seamless, dans quelle langue faut-il le répéter ?

Magali Mistralou : Personne n’avait prévu que des clients souffrent de jaunisse et d’allergies à cause du « DSK », et ces pulsions sexuelles insatiables … même dans les EPHAD ! Une enquête interne a été lancée, sur ordre du Président de la Pinardière. Elle s’avère délicate …

Jean-Marie Grosdur : Moi aussi je bois du « DSK », trois fois par jour. Romuald m’avait fait livrer tant d’échantillons ! Je pourrais en prendre jusqu’à la fin de mes jours. Est-ce que j’ai attrapé la jaunisse pour autant, est-ce que je me gratte, est-ce que j’éternue ? Jusqu’ici, aucune femme ne m’a dit que j’avais retrouvé ma vigueur d’antan ! Ce n’était pas la peine …

Pivoine Phoenix : Si vous le permettez, Monsieur Grosdur, et jusqu’à nouvel ordre, vous ne faites pas partie de la clientèle de Maître Côme Dentdure et associés.

Jean-Marie Grosdur fou furieux : Arrêtez de me chauffer avec cette vipère, je ne les supporte plus.

Marie-Ange Prat qui vient d’apporter des mails opère un prudent repli stratégique.

Marie-Ange Prat : Je n’ai pas fini d’imprimer vos mails, Monsieur le Président. Je vous les apporterai à la fin de votre réunion.

Jean-Marie Grosdur : Merci, mon petit. Faisons le point, Benjamin. Tu vas vivre le cas d’école du siècle. Pour comprendre le fond de l’affaire, pense à Talleyrand. Tu ne connais pas ? Je le paraphrase : « Pour réussir en affaires, le plus simple, c’est encore de revendre tous ceux qui vous ont acheté ». Réfléchis ! Tu peux faire de beaux développements sur ce sujet dans ton mémoire.

Jean-Marie Grosdur s’adresse à Pivoine Phoenix, d’un ton solennel :Récapitulons. Pivoine, je vous ai soutenue dans vos idées pour lancer le « DSK ». Vous paraissiez réussir. Ingrate, vous m’avez caché vos erreurs. Vous avez désorganisé la campagne mondiale de mon « DSK », mon dernier enfant.

Pivoine Phoenix : Faut-il donc, Monsieur Grosdur, que je rafraichisse votre mémoire ? Magali, vous nous direz si vous êtes d’accord avec mon debrief.

Magali Mistralou : Vous pouvez compter sur moi.

Pivoine Phoenix : D’abord, conformément aux objectifs de Greenface, le « DSK » visait une target globale : hommes et femmes, jeunes et seniors de tous les continents et de toutes conditions. Une première mondiale dans le domaine des skin dreams, avec un budget colossal à la clé que je manage.

Magali Mistralou : C’est exact, le « DSK » n’est pas un complément alimentaire, c’est un adjuvant gustatif, une révolution culturelle offerte à l’humanité à la recherche de la beauté universelle ! Le « DSK » permet à tous de garder la vigueur de sa jeunesse jusqu’à la tombe … sans qu’on sache pourquoi. C’est un secret partagé par les initiés.

Pivoine Phoenix : Ensuite, il a fallu contrer la concurrence qui utilise baumes, masques et autres skin protectors à base de collagène. Notre « DSK », l’élixir de jouvence pour tous, correspondait à une prescription quasi-médicale : une absorption trois fois par jour avant chaque repas. Nous avons déstabilisé les guignols de Bodybenefits, nos concurrents : ils ne s’attendaient pas à une telle révolution pour réveiller le skindream, sans le moindre zeste de marketing sensoriel.

Benjamin Novocasual : Si vous permettez, une question pour mon rapport, pourquoi avant chaque repas ?

Magali Mistralou : La consigne présidentielle, c’était d’assimiler le « DSK » à un médicament. On risque moins d’être oublié si on est prescrit avant plutôt qu’après le repas. C’est du marketing de haute volée, une loi statistique élaborée, du grand art moderne, quoi !

Benjamin Novocasual : Vous vouliez donc que vos clients fassent des cures des « DSK » ?

Pivoine Phoenix : Parfaitement, Benjamin. Pour que le « DSK » ressemble à un médicament, on a rédigé, avec Magali, une notice jointe à chaque flacon. On y vante les mérites du « DSK » : peau tendue, légèrement ambrée et même effets amaigrissants, des résultats garantis sous réserve d’une fidélité totale au « DSK » pendant un minimum d’un an. Beau programme de bonheur, et de chiffres d’affaires, non ? C’est comme ça qu’on élabore un business model gagnant !

Jean-Marie Grosdur : Du côté effets secondaires, Mesdames, vous aviez prévu un petit quelque chose ? Des lignes à décrypter au microscope comme je vous l’ai appris, Pivoine ?

Pivoine Phoenix : Non.

Jean-Marie Grosdur : Comment cela, non ? Vous êtes des gamines, vous ne connaissez pas l’usage du parapluie ? Vous avez besoin d’un stage de remise à niveau du côté de la Tamise. Un peu de « fog » et « d’understatement » vous fera du bien. Je vous le recommande à contrecœur ! Les Anglais ramassent la mise au dernier moment, avec un sourire de pitié, si « sorry » pour vous.

Pivoine Phoenix : Avec Monsieur Romuald de la Pinardière, vous nous aviez donné des instructions formelles. Aucun effet secondaire à redouter du « DSK » dans la limite d’une fidélité absolue à la dermo-cosmétique orale.

Jean-Marie Grosdur : Je n’en ai aucun souvenir. Auriez-vous conservé une trace écrite de mes directives présidentielles ?

Pivoine Phoenix : Non, comme vous le disiez, l’essentiel ne s’écrit pas, il se comprend.

Jean-Marie Grosdur : Pivoine, vous retenez mes leçons, vous avez de l’avenir.

Magali Mistralou : Tout cela n’avance pas les affaires de Greenface. Je ne sais pas ce que donnera notre enquête. Mes services ont une armée d’experts sur le dos. Je suis épuisée !

Pivoine Phoenix, interloquée : Vous ne m’en aviez rien dit, Magali.

Magali Mistralou : Je n’ai pas eu le temps depuis hier soir. Mon Président m’a appelée tard dans la soirée depuis le « Tir au Dindon ». Moi, je pense à mes petits, Fanny et Marius. Je vais les renvoyer chez mes parents à Carpentras. Fanny se languit de son petit ami, Vincent Cagnard … Ils feront un beau couple, ces deux tourtereaux … Où en étais-je ?

Pivoine Phoenix : Quoi de nouveau ?

Magali Mistralou : Le lobby des chirurgiens esthétiques se déchaîne, ceux qui vous tirent la peau, en toute confidentialité. Ils sont trop heureux d’apprendre l’échec du « DSK ». C’était leur concurrent du moment.

Pivoine Phoenix : On l’avait bien un peu prévu...

Magali Mistralou : Dans la foulée, tous les prescripteurs de botox se sont réveillés. Ils prétendent être les seuls à traiter rides et ridules, avant qu’elles n’apparaissent chez les femmes et, même, chez les hommes. Un marché mondial de 25 milliards €, au minimum !

Jean-Marie Grosdur : Jusque- là, Mesdames, je ne vois rien de nouveau dans ce bas monde.

Magali Mistralou : Comme d’habitude, les dermatos sont partagés sur le problème : 50 % sont pour et 50 % sont contre le « DSK », vous savez pourquoi … Les prescripteurs nous coûtent cher… Quant à notre principal concurrent sur le créneau, Bodybenefits, il fait déjà le tour de nos distributeurs. Je me demande si j’ai bien fait de quitter la Provence. Carpentras, c’était plus calme …

Jean-Marie Grosdur : Allons Mesdames, Romuald et moi-même, nous allons prendre votre petite affaire en main. Il s’agit d’un contretemps statistique, minime, passager, insignifiant ! Pivoine, vous me devez une note d’information sur vos petits interviewers de Channel 1 ?

Marie-Ange Prat jugeant le moment opportun, intervient avec tact et délicatesse.

Marie-Ange Prat : Monsieur le Président, j’ai imprimé vos mails, voulez-vous que je vous les lise ?

Jean-Marie Grosdur : Résumez mon petit, l’heure avance, je dois me rendre au Club du Bois des deux Boules, pour mon déjeuner. Faites avancer la voiture.

Marie-Ange Prat : Monsieur le Président, ces mails viennent de GlobalComWorldwide New York et de Londres.

Jean-Marie Grosdur : Allez-y, mais faites vite ! Je veux consulter mes amis du Club.

Marie-Ange Prat : De GlobalCom New York, il y a trois messages :

  • De Pamela Riskfree, Directeur des Assurances, 300 victimes à 50.000 €, cela fait 15.000.000 €, c’est plus que leur couverture d’assurance en responsabilité civile. Pamela recommande de négocier avec Maître Dentdure et associés, en temps utile.
  • De Cequala Fairdeal, Vice-Président for Crisis Management de GlobalComWorldwide, il arrive demain par le premier avion. Rien ne doit être décidé sans lui.
  • De Billie Goodspeak, CEO de GlobalComWorldWide, il vient d’être informé des dysfonctionnements concernant le « DSK » par Romuald de la Pinardière. Après s’être concerté avec le CEO de Greenface International de New York, Billie vous ordonne de vous mettre, vous et toutes vos équipes, à l’entière disposition de Cequala Fairdeal, le manager de GlobalCom WorldWide en cas de crise transnationale.

Jean-Marie Grosdur : C’est tout ?

Marie-Ange Prat : J’oubliais le mail de GlobalCom Londres. Damon Lawless annonce qu’il attend les dernières instructions de New York pour vous les transmettre. Il demande que vous lui rendiez compte directement de l’évolution de la situation vue de France, heure par heure. Il vous rappelle que vous faites partie de sa zone commerciale. Il vous convoque à vingt heures pour une vidéo-conférence avec ses collaborateurs de Londres.

Jean-Marie Grosdur : Dites-leur que je les emm… tous. Je file ma démission de GlobalCom. Et puis non, c’est bientôt la retraite, je ne vais pas leur faire le coup du burn-out. Ne répondez rien mon petit, voyons ce que va donner leur enquête interne chez ce traitre de Romuald. A quoi il ressemble votre Cequala Fairdeal ? Quant- à Damon Lawless, Marie-Ange, il peut venir gérer la crise du « DSK » si cela lui chante. Je lui laisse les clés : « good luck » à lui, au service exclusif du « british empaiiire » et des yankees ! Mon chauffeur n’ira pas chercher Cequala Fairdeal. Il se débrouillera seul, votre manager de crise …

 

EPISODE 3

 

Siège de GlobalCom à Paris. Bureau de Jean-Marie Grosdur. L’horloge murale indique 20 heures, mardi 9 janvier. Cequala Fairdeal est assis devant le bureau présidentiel, les pieds sur la table, les mains derrière la tête. Pivoine est assise en face de lui. La porte de la salle de réunion est fermée. Jean-Marie Grosdur écoute à la porte du bureau. Marie-Ange Prat et Benjamin Novocasual sont assis à la table de réunion.

Cequala Fairdeal, avec un fort accent indien-british : Je suis crevé, ces vols intercontinentaux me détraquent le sommeil, je vais changer de métier…

Pivoine Phoenix : Voulez-vous un verre d’eau, Cequala ? Il faut boire pour faire passer le jetlag. J’en sais quelque chose avec mes allers-retours sur Shanghaï.

Cequala Fairdeal : J’ai besoin d’un énergisant, genre double-dose de Bourbon. Jean-Marie doit en garder dans sa réserve personnelle.

Pivoine Phoenix : Vous lui demanderez. Pourquoi voulez-vous me rencontrer avant lui ? Cela me gêne.

Cequala Fairdeal : C’est simple, je ne connais rien au « DSK, » je surfe d’une crise à l’autre, sur tous les continents, sur ordre du big boss de GlobalCom à New York. D’abord, c’est quoi la composition de votre « DSK » ? Un cosmétique qui se mange ?

Pivoine Phoenix : C’est un secret protégé par un brevet français !

Cequala Fairdeal : Vous deviez en savoir plus pour monter votre campagne de pub, non ?

Pivoine Phoenix : Voilà ce que je sais :

  • D, cela veut dire vitamine D, celle du tonus permanent, des défenses immunitaires,
  • S, c’est la formule secrète, Magali Mistralou serait peut-être autorisée à vous la communiquer,
  • K, cela veut dire « Kraft », la force, la vigueur retrouvée par tous ceux qui sont en contact avec le « DSK ». On fait croire aux naïfs que c’est un médicament.

Cequala Fairdeal : C’est tout ?

Pivoine Phoenix : Il y a aussi le jus de pomme mélangé à des pépins broyés selon une dose variable. C’est bio, on n’a pas besoin de parabène.

Cequala Fairdeal : Me voilà bien avancé ! Je comprends pourquoi votre campagne de pub est un bide retentissant.

Pivoine Phoenix : Je ne vous permets pas, nous subissons des revers imprévus. Ils sont accidentels, aléatoires, comme dit Monsieur Grosdur. On ne peut pas tout prévoir…

Cequala Fairdeal : Ok, je serais d’accord si vos problèmes ne touchaient que la France ou même l’Europe. Ordre du big boss mondial : vos erreurs de communication ne doivent pas sortir de votre « business unit » : l’AEMO, « Afrique-Europe-Moyen Orient » : elle est dirigée par Londres à qui nous faisons confiance. Je vous rappelle votre subordination à la hiérarchie.

Pivoine Phoenix : J’agis sur les instructions de mon chef, le Président Jean-Marie Grosdur.

Cequala Fairdeal : Il est temps de le faire venir celui-là. Dites-lui qu’il peut se faire assister.

Jean-Marie Grosdur, Marie-Ange Prat et Benjamin Novocasual entrent dans le bureau. Cequala Fairdeal ne bouge pas de son fauteuil et leur fait signe de se tenir debout. Jean-Marie Grosdur se sert un verre de whisky et s’assied confortablement sur le canapé avec Benjamin Novocasual. Marie-Ange Prat s’installe à son bureau, allume son ordinateur et se connecte à Channel 1.

Jean-Marie Grosdur : A votre santé, Mr Fairdeal. Vous ne buvez rien ?

Cequala Fairdeal : Je veux un double Bourbon. Je suis ici pour corriger le tir de votre pub désastreuse du « DSK », Mr Grosdard.

Jean-Marie Grosdur : Pas Grosdard, Grosdur ! Voilà votre verre de Bourbon. Brisons la glace entre nous, Mr Fairdeal. Appelez-moi Jean-Marie. Que puis-je pour vous ?

Cequala Fairdeal : Vous pouvez m’appeler « CQFD », comme mes collègues des States. Venons au fait ! Vous avez piloté une campagne mondiale de pub sans connaître le produit, je veux dire la composition exacte, le profil cosmétique, du « DSK ». C’est une erreur, non… c’est une faute !

Jean-Marie Grosdur : Mr Fairdeal, vous êtes en Europe, c’est notre secret de fabrique. Greenface France ne tient pas à en informer ses concurrents ! Nous sommes espionnés par ces crapules de Bodybenefits, tous les jours et à partir de tous les continents !

Cequala Fairdeal : Toutes les équipes mondiales de GlobalComWorldWide sont sur le pont pour sauver votre « DSK ». Nous n’accepterons pas d’être complices de Greenface France pour cause de malfaçon. La malpractice paramédicale, cela peut conduire très loin…. Vous avez créé le badbuzz avec votre publicité de M... Vous devez assumer toutes les conséquences.

Jean-Marie Grosdur : Mr Fairdeal, notre stratégie est plus subtile. Nous avons fait en sorte que le « DSK » ne soit pas un médicament, mais il y ressemble. C’est la quintessence de la publicité des cosmétiques et de leur emballage. « Etre disruptif », Mr Fairdeal, tout est là, comme on disait dans ma Business School de Pont-sur-Oseille. Il faut nous distinguer de la concurrence, la prendre à revers ! Les baumes apaisants, les crèmes hypoallergéniques, les fluides hydratants, voilà ce qu’il fallait dépasser, et surtout les cosmétiques de ces chiens galeux de Transnational Bodybenefits ! Quelques doses de cet élixir de jouvence, cet adjuvant gustatif, et tout le monde retrouve sa peau tendre de bébé, dans sa couleur d’origine, hommes et femmes, sous toutes les latitudes. Au moyen-âge, le « DSK » aurait été un élixir d’amour, recommandé par les meilleurs alchimistes et leurs prescripteurs, les moines. J’ai lancé une fontaine de jouvence miraculeuse … pour le XXIème siècle. Voilà le rêve que vivent, grâce à moi, les consommateurs du « DSK », pour le plus grand profit de Greenface et de GlobalCom.

Cequala Fairdeal : Vous êtes un dinosaure ! Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est du good buzz sur internet. Peu importe l’efficacité réelle du produit, il faut être aimé, « liké » quoi, surtout par vos amis que vous ne connaissez pas . Il faut faire envie pour que tous vous suivent comme des moutons à tondre. Pas trop tondus à chaque fois, mais le plus souvent possible! Ce n’est pas du rêve, ce sont des dollars « in the pockets of the bests », c'est-à-dire nous, agence de publicité et accessoirement notre client GreenFace !

Jean-Marie Grosdur : Nous visons les seniors, hommes et femmes, conformément au brief-client, la silver economy, quoi ! C’est dans les vieilles casseroles qu’on fait les meilleures soupes. Nous voulons séduire tous les canaux de distribution à la fois. Mon dispositif publicitaire a marché grâce à une campagne disruptive.

Cequala Fairdeal : Réagissez en temps réel, « in real time », Jean-Marie ! vous n’y êtes plus du tout ! Tenez, vous, Miss, comment ?

Marie-Ange Prat : Marie-Ange Prat. “Call me Mary”, c’est plus court.

Cequala Fairdeal : OK, Mammy ! Et moi « CQFD », c’est comme cela qu’on m’appelle aux Headquarters de GlobalComWorldwide. Mammy, que disent-ils aujourd’hui sur Channel 1 à propos du « DSK « ?

Marie-Ange Prat : Pas Mammy, Mary ! Seuls mes petits enfants ont le droit de m’appeler Mammy … Ce que je vois est effrayant, je n’arrive pas à y croire, « CQFD ».

Jean-Marie Grosdur : Je suis prêt à tout encaisser, Marie-Ange, je suis manager de crise.

Marie-Ange Prat, à part : Je le déteste.

Cequala Fairdeal : Au fait, …

Marie-Ange Prat : Il y a 300 victimes déclarées du « DSK ». Selon Pamela Riskfree, cela fera 15 millions de dollars de préjudices. C’est qu’il cogne le « DSK » depuis que les Dentdure s’en occupent ! Quelle tonicité impressionnante, quelle puissance de feu, quelle vigueur extraordinaire ! Toujours les mêmes symptômes : la jaunisse, des allergies, la puissance sexuelle décuplée pour tous.

Jean-Marie Grosdur : Et pourquoi pas installer des TDB, des « Table Dance Bar » dans les maisons de retraite, tant que vous y êtes… Marie-Ange, mon petit, vu que Romuald m’a lâché, j’ai fait savoir au Président de Channel 1 que je leur supprimais nos budgets de publicité. Sauf s’il virait les journalistes qui sont de mèche avec Côme Dentdure …

Marie-Ange Prat : Ce sont deux nouveaux, plus jeunes que ceux d’hier. De belles personnes d’ailleurs, elles feraient presque de la pub pour le « DSK » si elles en avaient consommé.

Benjamin Novocasual pouffe de rire, mais Jean-Marie Grosdur le foudroie du regard. Benjamin sort son smartphone et tapote furieusement sur le clavier.

Jean-Marie Grosdur : C’est tout ?

Marie-Ange Prat : Non, Romuald de la Pinardière parle à la télé. Ils n’ont pas les résultats de l’enquête interne chez Greenface. En attendant, il a décidé d’arrêter la distribution en Europe et, bien sûr, la publicité ! Il rappelle les flacons de DSK qui se trouvent dans les circuits.

Jean-Marie Grosdur : … Sans me prévenir ! Romuald, je te hais, tu es un fourbe, tu m’as trahi !

Cequala Fairdeal : GlobalComWorldwide à New York risque de payer pour vos erreurs, Jean-Marie. Quant à vos « TDB », c’est la seule idée qui me paraît bonne. Notre filiale de Paris, paiera les tests et investira dans cette opportunité, c’est-à-dire vous….

Marie-Ange Prat : Chez Channel 1, ils ont atteint hier leur meilleur audimat grâce au « DSK ».

Cequala Fairdeal : OK pour la télévision. Mary, que disent les "social networks" ?

Jean-Marie Grosdur : Mr Fairdeal, nous-autres, nous n’aimons pas ces réseaux sociaux ouverts à tous les vents. Question de principe, de protection de la vie privée, vous comprenez ? Est-ce qu’ils nous aiment, eux, vos amis du net ?

Cequala Fairdeal : Hors sujet, Grosdard. Alors, Mamy ?

 

Pivoine Phoenix : Monsieur Grosdur, j’avoue tout. Marie-Ange et moi, nous avons ouvert des comptes sur des grands réseaux avec des pseudos à partir de nos comptes personnels.

Benjamin Novocasual : Moi, je me connecte tous les jours pour voir ce que devient le « DSK ».

Cequala Fairdeal : Et alors, young boy ?

Benjamin Novocasual : GlobalComWorldwide est cernée, une association de défense des victimes du « DSK » a été créée, elle dépasse les 200 membres. Non, je vois, 500 depuis une minute. Elle est domiciliée chez Maîtres Dentdure. Monsieur Fairdeal, ils ont déposé aujourd’hui une plainte au pénal contre Greenface International et GlobalComWorldwide … Ils estiment que les firmes de New York sont plus solvables que les filiales françaises.

Cequala Fairdeal : Nous y voilà ! Merci Jean-Marie, au nom du CEO de GlobalComWorldwide New York ! Il y aura des demandes d’indemnisation aux US.

Benjamin Novocasual : Ils ont réuni un collège d’experts judiciaires, des chirurgiens esthétiques et des dermatologues, pour évaluer les dommages et intérêts, cas par cas. Les traductions du dossier en anglais sont en cours.

Cequala Fairdeal : Jean-Marie, vous allez nous faire des excuses publiques avec le Président de Greenface France. Si vous voulez, je vous prépare avec une séance de média-training. Ensuite, vous confirmerez par écrit ce que je vous dicterai

Jean-Marie Grosdur : Jamais ! C’est un coup monté par Côme Dentdure contre moi.

Cequala Fairdeal : OK. Il faut ménager l’avenir, circonscrire le problème, désamorcer les procédures juridiques contre les US en mandatant notre agence de relations publiques, GlobalCom RP. Leurs honoraires seront à votre charge personnelle, Jean-Marie.

Jean-Marie Grosdur : Je refuse. Qu’en pensez-vous, Pivoine ?

Pivoine Phoenix : C’est que …

Jean-Marie Grosdur : Bien, j’ai compris, je me défendrai seul contre tous, comme d’habitude.

Jean-Marie Grosdur sort en claquant la porte. Pivoine Phoenix et Benjamin Novocasual le suivent discrètement. Cequala Fairdeal reste seul et se sert un verre de Bourbon. Il compose ensuite tranquillement un numéro de téléphone, les pieds sur le bureau.

Cequala Fairdeal : Allo, boss, tout marche comme sur des roulettes, on va les mettre au pas, ces Frenchies, mais il y a des zones d’ombre. Le budget mondial de pub du « DSK » reste piloté de Paris … Greenface New-York veut mettre la main sur les brevets enregistrés à Paris … ? Pas de brevets enregistrés chez Greenface US, pas de pub pilotée par GlobalWorldCom aux US … ! OK, Billie. Il ne faut pas mollir ? Comptez sur moi, Billie. God bless America ! Pouvez-vous me passer Pamela ?

Cequala Fairdeal : Allo, Pamela, c’est à propos du « DSK ». S’il y a une plainte au pénal, les assurances ne couvrent pas GlobalComWorldwide, n’est-ce pas ? …OK, c’est ce que je pensais, il n’y a plus d’aléa, c’est un acte volontaire, il y a eu intention de nuire, c’est la faute de ce Jean-Marie Grosdur … c’est le mandataire social. C’est ce que vise le big boss pour affaiblir les frenchies et permettre à Greenface US de récupérer les brevets français à bon compte tout en se défilant pour les indemnités ! … Non, bien sûr que je ne lui ai pas dit. Quel benêt ce brontosaure docile de Jean-Marie, égaré dans Jurassic Parc ! Ils vont sentir passer le boulet avec Romuald de la Pinardière. Good shot, je veux dire double shot !

Cequala Fairdeal raccroche le téléphone.

Cequala Fairdeal : Enfin ! Cela déménage ! Place aux jeunes qui travaillent pour le big business transnational ! On les manipule sans qu’ils réagissent, à croire qu’ils aiment ça ! Je me méfie de cette Pivoine, on ne sait pas pour qui elle travaille, mais nous aurons besoin d’elle en Chine. Benjamin pourrait aussi se rendre utile. Ils ne doivent pas être bien chers à nos standard US, tous les deux

 

 

EPISODE 4

 

Siège de GlobalCom à Paris. Bureau de Jean-Marie Grosdur. Mercredi 10 janvier, 15h00. Cequala Fairdeal, absorbé, est assis sur le fauteuil présidentiel et tapote son téléphone portable qu’il met sur haut-parleur.

Cequala Fairdeal : Mamy, dites à Monsieur Grosdur que je l’attends dans son bureau ?

Marie-Ange Prat via le haut-parleur : Mary, pas Mamy. Doit-il venir seul ?

Cequala Fairdeal : Mamy, nous devons parler tous les deux, entre hommes.

Cequala Fairdeal raccroche brutalement pendant que Jean-Marie Grosdur frappe discrètement à la porte de la salle de réunion.

Cequala Fairdeal : Allons, du nerf, Monsieur Grosdur, je ne vous entends même plus frapper à la porte. Prenez place à côté de moi. Vous paraissez épuisé, mais suis là pour vous aider. Un peu de « DSK » pour vous améliorer le look ?

Jean-Marie Grosdur : Vous ne m’appelez donc plus Jean-Marie, CQFD ? Des mauvaises nouvelles ?

Cequala Fairdeal : Oui, les news vont faire mal, surtout à vous, Mr Grosdur, je suis désolé.

Jean-Marie Grosdur : Ce « DSK » c’est notre cher petit à nous deux, Romuald et moi. Pivoine y est aussi pour quelque chose. Cequala, on ne contrôle pas toujours l’avenir de ses enfants. Ce n’est pas faute de s’en être occupé. Je l’aime notre baby « DSK », il me fait du bien tous les jours. J’ai l’impression de rajeunir, j’ai besoin de lui, matin et soir … et même la nuit !

Cequala Fairdeal : Monsieur Grosdur, allons au fait. La Direction Générale de GlobalComWorldwide n’assumera pas la déconfiture du « DSK » à la place de Greenface. Ce serait une catastrophe financière pour nous aux US.

Jean-Marie Grosdur : Comment ? Mon superbe « DSK », ma plus belle réussite ! Grâce à moi, Greenface, jouit d’une réputation mondiale. Personne ne pouvait faire mieux que Romuald et moi.

Cequala Fairdeal : C’est votre opinion, Monsieur Grosdur. Pour nous, votre « DSK » c’est le boulet de l’année, la tâche sur la réputation mondiale de GlobalComWorldwide. Cet échec magistral, c’est votre faute. Personnelle. Vous devez payer...

Jean-Marie Grosdur : On n’attend donc plus les résultats de l’enquête interne diligentée par le Président de Greenface France, mon ami Romuald de la Pinardière ?

Cequala Fairdeal : Monsieur Grosdur, à New York, on n’a pas le temps d’attendre. Chez Greenface et chez GlobalComWorldwide, on comprend vos états d’âme sans les approuver. Ce qui compte aujourd’hui, c’est l’image de marque, le brend content, le story telling. C’est notre business plan du moment. Nos objectifs, ce sont les cours de bourse, les stock-options, Wall Street, la vraie vie quoi ! La seule qui mérite d’être vécue !

Jean-Marie Grosdur : A qui le dites-vous !

Cequala Fairdeal : Monsieur Grosdur, du fait de votre campagne de pub débile, Greenface va perdre un tiers de son chiffre d’affaires, plus de trois milliards d’euros en Europe. Avec 30 % de marge brute, cela leur fait un manque à gagner d’un milliard d’euros ! Je pense à ces pauvres actionnaires, à ces veuves et à ces orphelins qui ont fait confiance à Greenface. Ils voient les cours de l’action s’écrouler, leur épargne fondre comme neige au soleil, leur espoir de retraite heureuse s’évanouir. Voilà les malheurs que vous avez provoqués avec votre « DSK » ! Pensez-vous parfois aux fonds de pension et à leurs petits retraités ?

Cequala Fairdeal essuie une larme. Jean-Marie Grosdur le regarde droit dans les yeux.

Jean-Marie Grosdur : Et moi ? Je n’ai pas assez souffert avec la chute de mes stock-options ? Ce n’est pas ma faute si Maître Côme Dentdure a persuadé quelques clients qu’ils ont attrapé la jaunisse, s’ils sont devenus allergiques et parfois surpuissants à cause du « DSK ». C’est une chance de retrouver la vigueur de sa jeunesse. Tous sont manipulés par le lobby du viagra qui tire sans sommation !

Cequala Fairdeal : Il y a du pénal dans l’air, il faut neutraliser ces plaintes tant qu’il en est temps. Elles ne doivent pas atteindre la réputation de nos personnes morales, j’insiste : « morales ». Nos firmes sont des modèles de vertu publique. Les plaintes ne concerneront que des personnes physiques dirigeantes, les plus anciennes dans le grade le plus élevé, de chaque pays. D’après notre charte d’éthique d’entreprise, il faut responsabiliser nos dirigeants locaux. Voyez ce que je veux dire … Ce sont nos coupe-circuits en cas de poursuites pénales visant les USA.

Jean-Marie Grosdur : Vous pensez à Romuald ?

Cequala Fairdeal : A vous d’abord, Monsieur Grosdur. Il y a aussi du nouveau concernant votre ami de la Pinardière.

Jean-Marie Grosdur : A moi, il n’a rien dit.

Cequala Fairdeal : Et pour cause ! Romuald de la Pinardière a été convoqué hier à New York au siège de Greenface International en présence du big boss de GlobalComWorldwide, Billie Goodspeak.

Jean-Marie Grosdur : Je suis soulagé. Voilà pourquoi mon cher camarade ne pouvait pas me parler.

Cequala Fairdeal : Face aux dirigeants de Greenface International et de GlobalComWorldwide, Monsieur de la Pinardière a reconnu ses fautes, à commencer par le choix de votre agence locale de publicité à Paris. Il vous a mis en cause, Monsieur Grosdur, vous seul, pour cause d’obsolescence.

Jean-Marie Grosdur : Quelle honte ! « Shame on you Romuald » !

Cequala Fairdeal : Ce n’est pas tout. Pour sauver sa tête, Monsieur de la Pinardière a accepté de transférer gratuitement les brevets mondiaux du « DSK » déposés en France sur Greenface WorldWide US, immatriculée dans le New Jersey.

Jean-Marie Grosdur : Qui fera la pub du « DSK » maintenant ?

Cequala Fairdeal : Dans la foulée, les participants de cette réunion au sommet ont décidé que la totalité des budgets de pub du « DSK » serait transférée à GlobalComWorldwide à New York. Compte tenu des nouveaux risques, les budgets pour l’année en cours sont augmentés de 15 %, de quoi couvrir une surprime d’assurance pour GlobalComWorldwide. Les protocoles ont été signés ce matin par les parties concernées. The game is over, Jean-Marie, at least for you.

Jean-Marie Grosdur : Et moi, qu’est-ce que je deviens ?

Cequala Fairdeal, en riant : Le sujet n’a pas été évoqué, Monsieur Grosdur. Vous n’êtes pas un perdreau de l’année. Ce ne sont pas ces petits plombs dans l’aile qui vous empêcheront de voler … On vous fait confiance pour rebondir … jusqu’au ciel !

On frappe vigoureusement à la porte du bureau. C’est Magali Mistralou qui est immédiatement introduite par Marie-Ange Prat.

Cequala Fairdeal : Que veulent ces ladies ? Quel culot ces Françaises !

Marie-Ange Prat : Pardon, Messieurs. Magali Mistralou veut vous faire part d’une nouvelle urgente.

Cequala Fairdeal : Mamy, les urgences c’est moi qui les fixe. Je manage la crise mondiale du « DSK ». Si nous ne réagissons pas, le « DSK » aura notre peau à tous chez GlobalComWorldwide comme chez Greenface.

Magali Mistralou : Vous n’y êtes pas Mr Fairdeal ! Le « DSK » est sauvé, et nous avec …

Cequala Fairdeal : … Magali, expliquez-vous !

Magali Mistralou : L’enquête interne, Mr Fairdeal, elle a tout révélé …

Cequala Fairdeal : En Europe, vous ne contrôlez donc pas les résultats des enquêtes avant de les rendre publics ? Quel amateurisme ! Ce n’est pas professionnel …

Magali Mistralou : L’enquête n’est pas encore publique, Mr Fairdeal. Mon patron, Monsieur Romuald de la Pinardière, s’exprimera sur Channel 1 ce soir. Il a mis dans la combine ses amis du Tir au Dindon et du Golf de Saint Marteau pour passer en prime time.

Cequala Fairdeal : Il va s’excuser pour les erreurs commises ! Vous pouvez vous joindre à votre ami, Monsieur Grosdur, sur la télé. Je vous aiderai à préparer l’interview, c’est mon job.

Magali Mistralou : Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes pour GlobalCom et pour Greenface. Il n’y a plus de plainte concernant le « DSK ».

Cequala Fairdeal : S’il n’y a plus de crise, je sers à quoi, moi ?

Magali Mistralou : Voilà ce que l’enquête interne a révélé : à l’usine de Dijon, il y a eu une rupture de stock en pépins de pomme. Certains flacons de « DSK » ont été contaminés.

Jean-Marie Grosdur : La belle affaire, et comment ?

Magali Mistralou : En plein burn-out, notre Directeur de l’usine, avait demandé à des biologistes anglais de résoudre son problème d’approvisionnement.

Cequala Fairdeal : Je ne vois pas où vous voulez en venir, Magali.

Magali Mistralou : Ces chimistes ont consulté votre patron de Londres, Damon Lawless qui leur a suggéré d’utiliser le safran des Indes, le curcuma, à la place des pépins de pomme. Un ancien fellow d’Eton et du Magdalen College d’Oxford, avait de gros stocks à écouler dans l’Ouest de l’Inde, à Cochin. Les Indiens ont consenti des rabais à Greenface et Damon Lawless voulait rendre service à tous. C’est la « fair attitude » qui l’imposait. Entre diplômés d’Oxford en poésie latine on fait preuve d’un esprit de corps à toute épreuve.

Jean-Marie Grosdur : Vous voyez, je n’y suis pour rien dans la jaunisse, les allergies des clients du « DSK », et le reste...

Magali Mistralou : Les experts ont reconnu que leurs premiers diagnostics étaient un peu rapides. Les symptômes initiaux n’ont pas duré. Aujourd’hui, plus aucune victime ne se gratte, ni n’éternue ou ne prétend avoir la jaunisse. Elles ne s’excitent plus, même à la télévision, c’est vous dire...

Jean-Marie Grosdur : Ce Maître Côme Dentdure, on l’attaque pour diffamation ? Et les Experts, on les laisse jouer les nuisibles ? Qu’en pensez-vous, « CQFD » ? C’est de la gestion de crise, non ? Et votre Damon Lawless, on le liquide pour cause de bons conseils ?

Cequala Fairdeal : Je ne pense rien Monsieur Grosdur, tant que je n’ai pas contacté nos headquarters de New York. Wait and see !

Jean-Marie Grosdur : Mais vous, Cequala, le safran des Indes, vous devriez le connaître, non ? Il vient bien de chez vous ce colorant épicé ? C’est lui qui rend tout jaune, même vos compatriotes Indiens ?

Cequala Fairdeal : Heu, c'est-à-dire que … ! Bien sûr, cela peut arriver, ma grand-mère disait que le curcuma pouvait aussi guérir les maladies de la peau.

Jean-Marie Grosdur : C’est tout ?

Cequala Fairdeal : A vrai dire Jean-Marie, ce curcuma provoquait aussi des démangeaisons chez les blancs. Seuls, Les Chinois n’y étaient pas sensibles !

Magali Mistralou : Côté business, vous en vendiez beaucoup du curcuma aux Anglais, chez vous, Cequala, du côté de Cochin ?

Cequala Fairdeal : Les grandes maisons d’exportation britanniques sont prospères sur la côte des Malabars. Certains de mes neveux y travaillent, comme leurs parents et leurs grands-parents avant eux. Nous sommes des commerçants... A Cochin, il y a aussi des Arabes et des Chinois, ils ont succédé aux Phéniciens et aux Romains …

Marie-Ange Prat : C’est curieux tout cela, vous ne trouvez-vous pas Monsieur Grosdur ?

Jean-Marie Grosdur : J’admirerai toujours votre belle intuition, Marie-Ange.

Cequala Fairdeal : Ne nous embarrassons pas de ces détails, my friends. On va rebondir ensemble. La sortie de crise est proche : par le haut, en équipe de choc, grâce à notre global teamwork, mon opération commando entre dans sa dernière phase ! Vive la coopération mondiale entre GlobalComWorldwide et Greenface International, long life to the new « DSK », sur tous les continents !

 

 

EPISODE 5

Salle de réunion de GlobalCom France. Jeudi 11 janvier, 10 heures. Cequala Fairdeal est assis au centre de la table, il est seul.

 

Cequala Fairdeal : Ils sont bien gentils, à New York : m’appeler à minuit dans ma chambre d’hôtel ! Ils n’ont pas compris comment fonctionnaient les fuseaux horaires. Ils me félicitaient pour ma gestion de crise. Les crétins, s’ils savaient … Cela ne les empêche pas de vouloir décider de tout. Il faut que j’informe ces satanés Frenchies !

Pivoine Phoenix est entrée dans le bureau de Jean-Marie Grosdur, elle frappe à la porte de la salle de réunion, entre et laisse la porte ouverte.

Cequala Fairdeal : Pivoine, je vous attendais.

Pivoine Phoenix : Je suis au courant, tout va bien.

Cequala Fairdeal : Avez-vous regardé Channel 1 hier soir ?

Pivoine Phoenix : Ce Romuald, il vous a retourné la situation d’un revers de main, quelle maestria !

Cequala Fairdeal : Les interviewers de Channel 1, vos nuisibles chers à Jean-Marie, ont mordu la poussière …

Pivoine Phoenix : Cequala, nous sommes en Europe, la vérité varie selon les vents, surtout s’ils soufflent d’Angleterre. Nous nous adaptons en fonction du climat des affaires de chaque pays. Je l’ai appris à mes dépens.

Cequala Fairdeal : C’est gentil, mais les réseaux sociaux ne vont pas la boucler du jour au lendemain. Ils continuent à ne pas le « liker », votre vieux « DSK » au curcuma.

Pivoine Phoenix : La partie n’est pas gagnée … Selon le blog de Maître Côme Dentdure, des victimes supposées du premier « DSK » pourraient maintenir leurs plaintes.

Cequala Fairdeal : Il faut du nouveau, créer un événement mondial. Oublions le passé pour sortir de la crise. Avez-vous des idées, Pivoine ?

Pivoine Phoenix : Plutôt cent qu’une seule. Le pot aux roses a été découvert, nous n’avons plus rien à cacher. Je vais lancer le « DSK » nouveau, le « DSK 2 » quoi, le nouveau symbole de la dermo-cosmétique pour la jeunesse du XXIème siècle !

Cequala Fairdeal : Qu’est-ce qu’elle aura de mieux, cette nouvelle génération de « DSK 2 » ?

Pivoine Phoenix : Rien, bien entendu. Seuls la com. et la pub. vont changer ! Il suffit de mettre les moyens pour que tout le monde nous croie.

Cequala Fairdeal : Que proposez-vous?

Pivoine Phoenix : Il faut braquer les projecteurs sur le contrôle qualité, des normes scientifiques surveillées par un comité d’usagers bien payés, triés sur le volet. Je testerai les vertus du nouveau « DSK 2» par le site on-line de la boutique de Marie-France. C’est le leader web de la beauté en France.

Cequala Fairdeal : Vous êtes géniale Pivoine, venez que je vous embrasse … Qui pilotera le comité des usagers ? Comment intéresserez-vous votre plateforme aux profits ? Il dépend du journal « Femmes et Beautés », une affaire familiale, je crois ?

Pivoine Phoenix : Question de prix, j’en conviens, Cequala. Je m’en remets à vous pour calculer la rentabilité du « DSK 2 ».

Cequala Fairdeal : J’ai fait un rêve. Le « DSK 2» nouveau vous transforme l’une de vos plus anciennes égéries françaises. Elle ne veut plus de chirurgie esthétique, elle est écœurée par le botox. Les meilleurs pros de l’image n’arrivaient plus à retoucher ses photos …

Pivoine Phoenix : Il y a tellement de célébrités people en France ! A qui pensez-vous ?

Cequala Fairdeal : Je vous mets sur la voie, elle a plus de soixante-dix balais, c’est une grande actrice. Elle reste belle pour ses amoureux d’hier. Avec l’âge, elle est devenue impudique. Elle a peur qu’on l’oublie.

Pivoine Phoenix : Kathy Peauneuve, KPN, mais oui, c’est évident ! KPN et le « DSK 2 » vont unir leurs destins grâce à GlobalComWorldwide. Voilà un scoop à portée mondiale !

Cequala Fairdeal : Mariage prometteur, en effet, fécond sans doute, mais la cérémonie et le voyage de noces nous coûteront cher, la fusion du feu et de la glace … Il faut l’accord de GlobalComWorldwide et Greenface International à New York.

Pivoine Phoenix : Cela tombe bien, Magali entre dans le bureau de Monsieur Grosdur.

Magali Mistralou : Quelle chance de vous trouver tous les deux ! Je vis un rêve.

Cequala Fairdeal : Alors, Magali, on respire mieux ?

Magali Mistralou : Mon Président, Monsieur de la Pinardière, a été nommé à la tête de la filiale de Greenface International dans le New Jersey, Greenface Patent WorldWide. Il sera rémunéré sur 1 % des ventes mondiales, grâce aux brevets internationaux des « DSK 2» cédés aux USA.

Cequala Fairdeal : Cela vous fera un appel d’air à Paris, Magali, vous serez notre femme de confiance. Pivoine vient d’avoir une idée géniale : Greenface WorldWide et Global World Com lancent ensemble le « DSK 2 » sur les réseaux sociaux ! On va faire une alliance avec la plateforme « EHPAD.com ».

Magali Mistralou : J’ai été promue Dir. Mark. pour la France. Je n’avais rien demandé. Je rapporte directement à New York. Je ne serais pas obligée d’apprendre le golf ou de faire des ronds de jambe au « Tir au Dindon ». Ils m’ont proposé de payer mes droits d’entrée au « Club du Bois des deux Boules ». Les syndicats de Dijon auront une prime de début d’année, trop heureux que nous n’arrêtions pas la production. Les biologistes anglais sont rentrés dans leurs foyers. Damon Lawless, toujours fair play, se réjouit d’avoir rendu service : il a arrosé la fin de partie au Club des Anciens d’Oxford. Il s’envole demain pour Cochin. On va le décorer du Grand Ordre des Malabars. Il était déjà officier, il sera commandeur, comme son camarade, l’ alumnus d’Oxford qui avait le stock de curcuma sur les bras.

Cequala Fairdeal et Pivoine Phoenix, ensemble : Transmettez-lui nos félicitations, Magali.

Magali Mistralou : Ce n’est pas tout. On n’utilisera plus que des pépins des pommes françaises, les Golden Ladies de la région de Cavaillon pour faire un super « DSK 2 » qui va faire un malheur, grâce aux fruits « grown in Provence ». »

Pivoine Phoenix : Monsieur Grosdur va être content. Il va l’annoncer à notre Ministre du Bienfait français, Monsieur Adonis Hercule Louis de la Monte du Bourg. Ils ont les mêmes idées politiques en faveur des intérêts nationaux. En Chine, cet Adonis a mauvaise réputation, celle d’un nuisible, d’un prédateur de l’Etat, d’un parasite impénitent, d’un malfaisant incapable ! Mais au fait, qui payera la campagne de pub du nouveau « DSK 2 »?

Magali Mistralou : Greenface New York nous a fait savoir qu’ils étaient prêts à lancer une nouvelle offensive mondiale s’ils conservent la maîtrise totale des brevets du « DSK 2 » sur 30 ans.

Cequala Fairdeal : Nous avons déjà trouvé l’égérie de votre « DSK 2 », Kathy Peauneuve, « KPN », la beauté parisienne au fluide glacial et à la face botoxée.

Magali Mistralou : Kathy Peauneuve est trop chère. Sans plaisanter, elle est un peu décatie, votre intermittente du spectacle ! Peuchère …

Pivoine Phoenix : Magali, les seniors parlent aux seniors ! Au fait, Cequala, qui va parler budget avec les dirigeants de GlobalComWorldwide et de Greenface International ?

Cequala Fairdeal : Cela vous concerne Pivoine, à vous de jouer.

Pivoine Phoenix : Pourquoi moi ? Et Monsieur Grosdur ?

Cequala Fairdeal : Il y a du nouveau pour lui.

Jean-Marie Grosdur, Marie-Ange Prat et Benjamin Novocasual apparaissent dans le bureau présidentiel et sont salués par Cequala.

Cequala Fairdeal : Cher Jean-Marie, quelle joie de vous rencontrer ce matin, vous êtes plus matinal que d’habitude, vous avez rajeuni.

Jean-Marie Grosdur bougon : C’est pour tenir compagnie à Marie-Ange, vous savez, les trains de banlieue … Elle est obligée de partir tôt de chez elle pour éviter perturbations ferroviaires et incivilités des voyageurs.

Cequala Fairdeal : Jean-Marie, allons au fait. Il y a un nouveau « DSK 2 » en préparation, mais sans vous. Le « DSK » va faire peau neuve, sans mauvais jeu de mots. Notre égérie, c’est « KPN » !

Jean-Marie Grosdur : Je la connais bien. On l’avait fait travailler sur la privatisation du gaz, il y a une trentaine d’année. Elle est capable de vous faire prendre le gaz de ville pour un parfum de luxe. Vous croyez m’apprendre quelque chose Mr Fairdeal ? Vous pensez que ce « come-back » de « DSK 2 », c’est votre job ? Vous ignorez mon influence auprès des journalistes, des experts et des lobbies. Vous sous-estimez ma réputation, mon savoir-faire ! Vous ne comprenez rien à la France, la patrie du luxe !

Cequala Fairdeal : Cher Jean-Marie, vous retrouverez votre ami, Romuald, aux Etats-Unis. Notre Boss Billie Goodspeak propose de vous faire élire chairman non exécutif de GlobalComWorldwide, à New York. Il trouve que le titulaire actuel n’est pas assez généreux pour rétribuer nos dirigeants : une merveilleuse opportunité, une « indian summer career », votre fin de carrière en forme d’été indien …

Jean-Marie Grosdur : Moi qui voulais me lancer dans le marketing politique pour mettre du beurre dans les épinards de mes vieux jours. Si je m’y attendais ! Après tout, cela mérite réflexion. Mes talents sont connus à New York. Les agences européennes du médicament sont soulagées, il n’est plus question d’assimiler les « DSK1 ou 2 », à un médicament : question d’emballage. Et ma rémunération ? Il faut me motiver… je suis encore jeune !

Cequala Fairdeal : En tant que chairman, vous négocierez avec le président du Comité des Global Benefits. Il a les poches profondes celui-là.

Jean-Marie Grosdur : Qui est-ce ?

Cequala Fairdeal : Un administrateur de talent, souple et compréhensif, un vieil ami d’Harvard de Billie Goodspeak. On peut compter sur lui. Il s’appelle John Deepocket.

Jean-Marie Grosdur : Il faut réagir au prix cassé des actions de GlobalComWorldwide. Je veux un programme massif d’attribution de stock-option. Un « golden hello » permettra de fêter mon arrivée à New York. Nous devrons lâcher quelques miettes, des bonus conditionnels, pour attirer les hauts potentiels internationaux, de jeunes talents.

Cequala Fairdeal : C’est plein de bon sens tout cela, Jean-Marie. Vos idées seront appréciées par notre board. Nos administrateurs sont des grands sensibles, c’est terriblement injuste pour eux qui donnent tant. Ils adorent les renvois d’ascenseur, surtout s’ils sont libellés en dollars, question de politesse entre gens de bonne compagnie.

Jean-Marie Grosdur : J’abandonne à son destin national l’ambitieux Adonis Hercule Louis du Bourg de la Monte. Je lui ai fait sa carrière politique à ce provincial de mes amis. Mes relations parisiennes ont leur valeur en politique. Je recommanderai Adonis à de jeunes collègues, Alex Le Renardeau ou Silvio Mortadella. Ils apprendront à monter des « washing machines » pour recycler les pétrodollars ; je laisse tomber ces gamins ingrats qui n’ont pas assez de pratique ! Tout a un prix en démocratie.

Pivoine Phoenix : Et pour les victimes du premier « DSK », on fait comment ?

Jean-Marie Grosdur : J’y viens ! Après l’interview de Romuald sur Channel 1, je n’y tenais plus, j’ai pris contact avec les frères Dentdure.

Cequala Fairdeal, Pivoine Phoenix et Magali Mistralou, tous ensemble : Et alors ? Côme ? Ou Pacôme ?

Jean-Marie Grosdur : Ils ont tout accepté, grâce à Pacôme Dentdure, le meilleur des deux frères.

Cequala Fairdeal : So what ?

Jean-Marie Grosdur : Je les ai menacés de plaintes pour diffamation, eux, leurs experts et les victimes supposées du « DSK ». Pacôme tremblait comme une feuille morte. Je leur ai fait quelques confidences sur le produit concurrent de Bodybenefits …

Pivoine Phoenix : Certaines victimes du « DSK » étaient quand même bien allergiques au curcuma …

Jean-Marie Grosdur : Elles sont trop heureuses de recevoir chacune un bon d’achat du nouveau « DSK 2 », d’une valeur de 100 €, c’est emballé, ficelé, signé.

Cequala Fairdeal : Good, Jean-Marie, c’est Pamela Riskfree qui va être contente, elle était harcelée par ses assureurs qui tremblaient devant les indemnités à payer.

Jean-Marie Grosdur, modeste : J’aurais pu faire mieux. Ma première proposition portait sur 50 euros seulement par tête de pipe en bons d’achat, à consommer dans les trois mois ! Le tout était financé par GlobalCom France. C’est conforme à notre éthique républicaine.

Benjamin Novocasual : Ce résultat vous honore, Monsieur Grosdur. Vous êtes un génie de la négociation avec les malades et les vieillards qui vous ressemblent.

Jean-Marie Grosdur : Ah, j’oubliais, Benjamin, précise dans ton rapport que Romuald de la Pinardière, past-president de Greenface France, prend en charge la moitié de l’indemnisation desdites victimes allergiques. C’est le prix de notre vieille amitié. C’est comme le DSK, ça fait du bien quand on le consomme sur le tard … Tu comprends, Benjamin ?

Benjamin Novocasual : Je m’en bats les c …. Les ambitions des élèves ont changé depuis votre scolarité à Pont-sur-Oseille. Il paraît qu’à l’époque, c’était une école prometteuse. Aujourd’hui beaucoup la considère encore comme une grande école d’avenir …

Pivoine Phoenix : Monsieur Grosdur, vous commencez l’année de vos 66 ans. C’est celle du bonheur et de la prospérité en Chine. Mes vœux vous accompagnent. Je vais vous donner, à New York, l’adresse de mon restaurant chinois préféré. Ils font d’excellentes nouilles de longévité, à la pékinoise. Entre nous, elles valent le « DSK ». Je recrute notre apprenti Benjamin pour GlobalComWorldwide. Il est né sous le bon signe pour le nouvel an chinois qui approche.

Jean-Marie Grosdur : Ok. Je ne suis pas sûr de le mettre rapidement sur la liste des hauts potentiels internationaux, celui-là. On ne comprend pas toujours ce qu’il dit. Vous Pivoine, je vous proposerai d’intégrer la classe des hauts potentiels mondiaux si vous réussissez à lancer le « DSK 2 » avec notre global team de New York.

Benjamin Novocasual : Pivoine, vous êtes formidable. A nous deux, nous ne ferons plus de la « slow motion », comme l’ancêtre, votre Monsieur Grosdur. Votre past-president, il n’aurait pas dépassé, la « DLUO », comme on le dit dans les supermarchés bien gérés, la « Date Limite d’Utilisation Optimale » ? C’est un« Has been », il n’est plus vraiment tendance …

Jean-Marie-Grosdur : Benjamin, je lis dans tes yeux : « Toi, le vieux, prends l’oseille et tire-toi. » Eh bien, moi, je ratisse le max. et je reste, rien que pour t’emm … toi et tes congénères immatures et pubères. Tu vas apprendre à attendre ! Ton e.Pub.Business.School, n’a pas d’accréditation internationale, elle ne vaut même pas le B.B.A. de Pont-sur-Oseille !

Benjamin Novocasual : Il est grave, le bouffon… Nous fonctionnons en tribu, nous avons notre way of life, il ne comprend rien le vieux … Ma tribu, c’est celle des pisse-droit ! Nos terrains de chasse, ce sont les jurassic parcs à dinosaures, comme les bureaux de GlobalWorldCom …

Jean-Marie Grosdur : Tiens, il parle la langue des moutons, ce jeune con. Au fait, sais-tu quelle est la différence entre un jeune et un vieux con ?

Benjamin Novocasual : …

Jean Marie Grosdur : C’est le temps qui reste à jouer au con ! Ta montre de luxe à 5.000 € avance un peu … Minable pisse-partout, tu représentes une promotion de pré-ados aux cerveaux en forme de cacahuètes ; grâce à toi, l’humanité régresse à toute vitesse vers le monde animal : voilà le progrès que tu incarnes ! La taille du néocortex se réduit de génération en génération, surtout à l’e.Pub.Business.School. Vous ne nous arrivez pas à la ceinture !

Benjamin Novocasual : …

Jean-Marie Grosdur : Je suis votre président. Vous allez doubler le prix du « DSK 2 » ce que justifiera le nouvel emballage. C’est l’essentiel, l’emballage . J’attends vos propositions.

Pivoine Phoenix : Evitons les recettes du passé … Il faut un lancement speed du « DSK 2». Benjamin, je te nomme « creative technologist » en charge de l’intelligence artificielle. Tu feras de la Webanalystics, tu pisteras les dark sites pour le compte de Greenface, en liaison avec New-York et Bombay de Hong- Kong, Singapour et Shanghaï. Tu seras aussi le big data manager worldwide en charge du data mining.

Benjamin Novocasual : OK, cela va chatter sur le net. Je vais écraser ces amateurs de Bodybenefits, ils n’auront à leurs trousses que les glandos impécunieux qui traînent leur ennui sur les réseaux. Nous on formatera l’intelligence de nos clients qui ont le souci de leur look. Ils nous suivront les yeux fermés.

Pivoine Phoenix : Sur le fond, quelles idées nouvelles Benjamin ? Comment toucher les Asiatiques, par exemple ?

Benjamin Novocasual : D’abord du rebranding : là-bas, on laisse tomber « DSK 2 », et on remplace par « DSKING », ça sonne bien sur le net, dans toutes les langues. En Allemagne, vous ne vendrez pas le DSK, cela veut dire : « Devisenschutzkommando », le système de contrôle des devises d’ Hitler. Les Teutons n’ont pas envie qu’on en reparle. Je vais mobiliser des copines pour vanter le « DSKING » on line. Elles sont moins chères que Kathy Peauneuve. … En matière d’âge, ça fera une moyenne à la baisse … Il y a des Chinoises, des Indiennes, des Africaines et quelques Européennes. J’appellerai à la rescousse mes potes de l’équipe de foot. Ils suivent la meilleure option : « Relooking international » !

Pivoine Phoenix : C’est tout ?

Benjamin Novocasual : Comme dit mon professeur de mark. : « Ce n’est pas parce qu’on a rien à dire, qu’il ne faut pas le dire. » Aujourd’hui, les conditions sont réunies pour stimuler l’imagination collaborative des followers sur tous les continents. In a nutshell : « Les geeks suggèrent du free-pitching, GlobalComWorldwide s’approprie les good buzz. Avec ma team, nous encaissons les bonus. On ne fait plus dans le rêve, la théorie « disruptive » ou les angoisses de vieillards moribonds. On pilote la communauté du « DSKING » on line, en temps réel. En contrepartie, pas question de rester gagne-petit comme votre Grosdur. Il faut du “feed back” monétaire in my pockets ! Right now ! Assez perdu de temps !

Magali Mistralou : Ne t’emballe pas, Benjamin, je ne sais pas quels sont les budgets autorisés par Greenface à New York. Je ne suis pas sûre qu’on pilote encore grand-chose de Paris …

Benjamin Novocasual : Je suis pressé, je me ferai virer par la génération Z. Elle me talonne, ils sont hard et speed, ces babies ! Je serai le flashboy du « DSKING », le réacteur à la nanoseconde. Magali, on va passer à l’action, tous les deux. Que penses-tu d’une liqueur de lavande, à la place du jus de pommes ? On relancerait l’économie du Vaucluse, non ?

Magali Mistralou : Pourquoi pas, mais la liqueur de lavande, cela n’existe pas. Il y a des parfums ou des huiles, mais c’est trop cher ! Et puis, l’huile d’olive, l’élixir d’or, ce n’est pas vraiment nouveau chez nous !

Pivoine Phoenix : Benjamin, soyons clair ! Je t’interdis de me tutoyer ! Tu es mon N-1 : il n’y aura pas de question d’argent entre nous … Pour les dollars, on s’arrangera toujours avec Londres ou New York. S’ils ne marchent pas, on actionnera Hong Kong, Shanghaï, ou Singapour. S’il le faut, on utilisera les paradis fiscaux. Comprenons-nous bien : ta business attitude doit s’inspirer des sages chinois : « Celui qui sait ne parle pas, celui qui parle ne sait pas ». A nous deux, on peut faire du big business, pour le bonheur de nos contemporains. Tu m’obéiras, au doigt et à l’œil. La stratégie marketing et la Com, c’est moi seule ! J’oubliais : tu as interdiction absolue d’approcher mes contacts à New York. Sache que tu es surveillé. « Mo Yan », en bon français : « Ta gueule » !

Magali Mistralou : Je me demande si je ne ferais pas mieux de rentrer à Carpentras. J’ouvrirai avec Fanny un institut de beauté. Je vois déjà l’affiche sur notre vitrine : « Le DSK nouveau est arrivé ». Les études sont moins chères à l’université d’Avignon. Ils resteront avec moi plus longtemps. Marius, je le verrai bien habiter à l’Isle-sur-la-Sorgue, avec sa jolie copine Mireille Pistachi. Ils vendront des « antiquités récentes » aux Parisiens. Elles auraient toutes appartenu à Frédéric Mistral … Il devait être grandement logé, notre poète provençal, à Maillane !

Marie-Ange Prat : Et moi, qu’est-ce que je deviens dans tout ça ?

Jean-Marie Grosdur : Vous êtes la seule que j’emmènerais volontiers à New-York, Marie-Ange !

Marie-Ange Prat : Pas question, Monsieur Grosdur! Mes petits-enfants ont besoin de moi. Mes parents sont malades. Je retourne en Bretagne, aidez-moi, j’en ai besoin.

Jean-Marie Grosdur : Cette nouvelle génération de geeks chez GlobalCom France n’a besoin ni de secrétaire, ni de président. Ils ne savent plus à quoi ils servent. Je gagnerai les deux-tiers de mon salaire, bonus compris, en retraite chapeau. Cela fera trois millions d’euros par an. Une misère, mais je me soumets ! Romuald ne me grillera pas la palme de la plus belle retraite des alumni de la Business School de Pont-sur-Oseille. Quant aux rigolos de Bodybenefits, enfoncés, fichus, ils sont battus !

Marie-Ange Prat : J’ai compris, je démissionne. Merci GlobalComWorldwide ! Après 43 ans de travail, je vais toucher une pension égale au SMIC, avant de payer mes impôts, la CSG et le reste. Heureuse comme une retraitée en France ! Je retourne à Tréguier. Je vous laisse à vos combats stériles et à vos solitudes dorées. Bon vent à tous!

Un silence gêné s’installe pendant que Marie-Ange Prat quitte discrètement la pièce. Le téléphone sonne, Cequala Fairdeal décroche fébrilement.

Cequala Fairdeal : Bien, Monsieur le Président, OK, je leur dis de votre part. Damon Lawless va s’occuper de l’Europe, de l’Afrique, du Moyen Orient, à partir de Londres. On supprime les niveaux hiérarchiques. Il ne faudra pas l’oublier dans la prochaine attribution de stock-option. Damon est notre meilleure spy d’information sur la zone « AEMO »? Notre nouveau Chairman, Jean-Marie Grosdur sera plus compréhensif que le précédent ? Je vois, tout a un prix, Billie … Autre chose ?… Pourquoi moi ? Je n’en peux plus moi ! C’est 8 heures d’avion d’ici la côte des Malabars … Des contrefaçons gigantesques du « DSK » vendues en Inde du Sud ? Les Dravidiens se plaignent de dépigmentation à cause d’un « DSK » frelaté ? Il n’ y a plus de tests de grossesse à Cochin ? Ils sont plus de 3.000 malades d’après le Kerala Institue ? C’est la revanche de Bodybenefits et de leurs lawyers ! OK, Boss, je booke mon vol pour l’Inde.

 

Pendant un éventuel entracte ou à la fin du spectacle, on pourra entendre :

 

« La mondialisation » de Pierre Perret

 

Ou bien :

 

« Restera-t-il un chant d’oiseau ? » de Jean Ferrat

 

Ou encore :

 

« Les gentils vieillards » de Guy Béart,

 

Suivant l’ambiance recherchée …

 

 

 

 

 

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