Le cheval signifiant
Tiré de la conférence tenue à Piano de Sorrente le 1er octobre 2011 dans le cadre du congrès « Le Cheval Napolitain entre mythe et histoire »
 

Neapolitano III devant la Villa Fondi à Piano de Sorrente
 
 
Lorsque Giuseppe Maresca (l’homme qui a consacré quarante années de sa vie pour « ressusciter », le cheval napolitain qui avait disparu depuis plus d’un siècle) m’a demandé d’intervenir dans une table ronde organisée, en son honneur, par la mairie de sa ville, Piano de Sorrente, je n’aurais jamais pu imaginer de me retrouver face à plus de trois cents personnes. D’autant plus que l’intérêt des Napolitains à ce sujet ne m’a jamais paru fulgurant, le fabuleux quadrupède ayant été effacé de leur histoire à l’instar de tant de trésors appartenant au patrimoine de leur pays. A la décharge de mes concitoyens, il faut invoquer l’abandon dans lequel a sombré le Sud après l’unité d’Italie (voir mon article dans ce site), une situation qui a fait de la survie une priorité absolue. Pourtant, ce cheval fait bel et bien partie de notre culture.
C’est à Naples que naît l’art équestre au XVIe siècle et c’est un écuyer napolitain, Federico Grisone, qui écrit le premier traité de haute école. Et sans cette magnifique monture qui réunissait en elle élégance, puissance et intelligence - des qualités que cet art exige -, aujourd’hui l’Ecole Espagnole de Vienne, Jerez et le Cadre Noir n’existeraient peut-être pas ou du moins, pas de la même façon.
Je ne saurais expliquer ce qui a attiré cette affluence. Certes, la beauté du lieu (la superbe Villa Fondi dont les terrasses s’ouvrent sur le golfe), les noms prestigieux des participants (Jean-Noël Schifano, le célèbre comédien Peppe Barra, deux conservateurs de musées remarquables), l’exposition d’objets gréco-romains et de peinture moderne, sont des raisons recevables. Mais elles ne sont pas suffisantes pour justifier cette foule hétérogène où se mêlaient journalistes, intellectuels et curieux de tous âges qui, en ce samedi chaud et ensoleillé, avaient renoncé non seulement à la plage mais encore - miracle ! – à un match décisif de football. Et plus extraordinaire encore - à en juger par les articles parus dans tous les journaux nationaux - a été le retentissement qui a suivi cette manifestation.   
A mon modeste avis, c’est que le cheval est un tison enfoui au fond de notre âme. Il suffit d’un souffle pour que la flamme brûle à nouveau.
Première à parler, je voulais coûte que coûte attiser ce feu. Je voulais que les Napolitains soient fiers de vanter ce cheval parmi les merveilles de leur terre, et non seulement parce qu’en Occident il représente une véritable légende dans le monde de l’équitation, mais surtout parce que le cheval est inscrit en caractères indélébiles et universels dans l’imaginaire collectif et dans l’histoire de l’humanité.
Ainsi, j’ai préféré laisser aux autres intervenants le soin de chanter les louanges du cheval napolitain et de celui qui l’a fait revivre[1], en me réservant le privilège d’expliquer à ma façon la place qu’occupe cet animal dans notre esprit à tous. D’après l’enthousiasme que le public m’a manifesté, je crois avoir mis dans le mille.
L’article qui suit, n’étant pas soumis à la tyrannie du sablier, est moins concis que mon intervention. Il reste cependant très peu exhaustif, compte tenu de l’océan d’écrits dont le cheval a fait, et fait toujours, l’objet.)
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Chevaux pommelés peints il y a 25.000 ans dans la grotte de Pech Merle
 
 
Je vous parle, mon âme ! - Mon âme tout enténébrée d’un parfum de cheval ! ». Saint-John Perse [2],
 
Le cheval est une source intarissable d’inspiration artistique. Il ne cesse de troubler l’âme humaine par un déferlement de passions où se mêlent admiration, ravissement, amour débordant, et même vénération. Dès lors que nos ancêtres lointains ont su matérialiser leurs visions, ils l’ont peint, gravé, sculpté, sans doute divinisé, avant même de l’apprivoiser. Dans les grottes/sanctuaires préhistoriques[3], les équidés occupent en effet une place prédominante parmi les représentations animales.
Domestiqué plusieurs millénaires[4] après le chien et la vache, le cheval a changé le monde, il en est devenu le pivot, l’organe vital. « Point de cheval, point d’homme », fait direVictor Hugo à l’un de ses personnages dans « Notre Dame de Paris », en résumant brillamment toute l’importance que revêt cet animal pour l’humanité.
Siècle après siècle, d’un continent à l’autre, même là où ils sont rares, les chevaux sont omniprésents dans les mythes, les contes, les proverbes et les arts sous toutes leurs formes. Certes, d’autres animaux ont été admirés, divinisés, totémisés, mais aucun ne l’a été à l’échelle du cheval.
Aujourd’hui encore, même s’il a cessé d’être indispensable, même si l’homme a réalisé ses rêves les plus fous, le cheval, lui, poursuit son œuvre de fascination. A titre d’exemple, dans le site de la plus grande librairie en ligne, Amazon, on trouve plus de trois cents trente mille titres contenant le mot « cheval » aux USA, ils sont deux cents vingt-sept mille en Angleterre, cent treize mille en Allemagne et près de cinquante mille en France.
D’après les psychologues, le cheval est un « signifiant ». Il revêt toujours un sens profond pour chaque peuple, chaque communauté, chaque classe sociale, voire pour chacun d’entre nous. Mais ce sens est rarement le même. Car le cheval a été à la fois divinité et bouc émissaire, humble serviteur et attribut princier, combattant héroïque et bête de somme, animal de rente et fidèle compagnon…
Dans la mythologie individuelle et collective, il incarne la lumière et les ténèbres, le ciel et la terre, l’eau et le feu, la vie et la mort, la fécondité et la destruction, le salut et la malfaisance, la guerre et la paix, l’orgueil et la mansuétude, la mère qui porte et l’enfant insatiable d’attentions …
En somme, on ne saurait se passer de cet animal dans aucune situation, dans aucun état d’âme. Il vit même dans le langage courant. En France, on se cabre contre quelqu’un, on est désarçonné, on met le pied à l’étrier, on tient ou on prend les rênes d’une affaire, on s’emballe, on rue dans les brancards, on cavale, on se fait prendre la main, on piaffe d’impatience, on ronge son frein, on s’attelle à une tâche, on débride son imagination, … Et on a tous un cheval de bataille, on monte sur ses grands chevaux, on est parfois à cheval sur des principes, on déplore les chevaux de retour. Et qui plus est, on humanise le cheval qui a une bouche, des lèvres, des pieds, des jambes.

               Pour donner une idée de ce que j’avance, je propose un tour d’horizon rapide de la pléthore de symboles incarnés par le cheval, puis un voyage éclair dans le temps en compagnie d’auteurs célèbres ou anonymes qui, depuis l’antiquité à nos jours, ont voulu rendre hommage à ce mythe vivant. Pour terminer, un autre court voyage, dans l’espace cette fois-ci, à l’aide d’extraits de textes, chants populaires, mythes et légendes du monde.

Juste une dernière précision : j’ai sciemment écarté de cet article les très nombreux textes et poèmes qui traitent de la souffrance infligée par l’homme au cheval. Je l’ai fait ici et là d’une manière subliminale, parfois sous le couvert de l’humour.
 
Cela ne signifie nullement que j’ignore cet aspect douloureux. Bien au contraire, le sort du cheval me tient à cœur et comment ! Mais mon but premier est ici de mettre en exergue le lien profond qui unit l’homme à son alter ego quadrupède.
Peinture à l’huile de Nelly Chichlakova (collection privée Maria Franchini)

Le Symbolisme
 
Lumière et ténèbres, ciel et terre
« Mais c’est le cheval/ qui est le soleil/ et non l’homme » Antonin Artaud[5]
 
Le char du soleil est tiré par des chevaux. Même en Amérique où les équidés, absents sur ce continent, ont été importés par les Européens. Pour certaines ethnies (ex : Apaches, Hopi, Navajo) c’était le Soleil qui avait créé cet animal prodigieux. Le cheval céleste apporte donc la lumière.
En même temps, il est psychopompe (guide des âmes), il permet de franchir les frontières entre le monde temporel et celui des esprits. En Grèce, il est l’animal sacré de Perséphone, divinité chtonienne,
Orobas, un des princes des Ténèbres, se montre sous les apparences d'un cheval.
 
Fertilité et vie, destruction et mort
Le cheval emprisonne dans sa longue queue le pollen, le répand et contribue à la perpétuation de la végétation. L’étalon, lui, a toujours été considéré comme une puissance sexuelle, Aristote n’hésitant pas à écrire : « Le plus disposé des mâles et des femelles au commerce sexuel, après l’homme, c’est le cheval »[6]. Et, de ce fait, le cheval est ainsi associé à la fertilité comme en témoignent les rites qui se déroulaient au sein de nombreuses civilisations à toutes les époques.
Pour ne citer qu’un seul exemple, en France et en Allemagne, au cours de la moisson, il était coutumier de fêter et d’entourer de soins particuliers le plus jeune cheval du village qui symbolisait la nouvelle germination.
Si le cheval fertilise la terre et apporte ainsi la vie, il a par ricochet le pouvoir de guérir, et intervient donc dans nombre de rites à but thaumaturgique.
 
Par ailleurs, puisqu’il fait fonction d’intermédiaire entre les vivants et les défunts, il peut aussi être, par extension, porteur de mort et de calamités.
Au Moyen-âge, on désignait la civière des mourants par « cheval de Saint Michel », une allusion claire à l’association cheval/mort.
Dans les rites vaudou, l’homme possédé devient cheval pour être transporté dans le royaume des Loa (les esprits). C’est à cheval qu’Athéna, déesse de la guerre, revêt sa panoplie d'orage, d'éclairs et de tonnerres. Neptune lance les chevaux de son char au grand galop pour déchaîner une tempête. Le cheval Ennosigaïos secoue et ébranle la terre. Et des chevaux diaboliques chevauchés par des damnés sortis des flammes de l’enfer, peuplent la mythologie européenne. En Ecosse et en Irlande, des coursiers funestes guettent les voyageurs pour les précipiter dans fondrières et marais.
Les Grecs, dans certains chants populaires, représentent le nautonier des Enfers, Charon, juché sur un cheval.
Dans l'Apocalypse, à l'ouverture du 2ème sceau, sort un cheval roux : "celui qui le montait reçut le pouvoir d'enlever la paix de la terre, afin que les hommes s'égorgeassent les uns les autres et une grande épée lui fut donnée "
 
L’eau et le feu
Cheval ardent et blanc, fier et clair Pégase,
Après ta course -, ah ! Que ton arrêt est beau !
Sous toi cabré soudain, le sol que tu écrases
avale l’étincelle et donne l’eau ! Rainer M. Rilke [7]
 
L’eau qui tourbillonne et les lames de l’océan rappellent l’impétuosité d’un coursier lancé au galop à la crinière d’écume. En italien un « cavallone », un gros cheval, est une grosse vague déferlante.
C’est le dieu de la mer, Neptune, qui, d’après les Grecs anciens crée le premier cheval à partir d’un rocher. Son char est tiré par neuf chevaux sauvages. Le dieu apparaît même sous les apparences d’un étalon.
 Le thème du cheval et de la mer a séduit nombre de poètes. Lord Byron s’exclame « Et je t’ai aimé Océan !...Et ma main jouait avec ta crinière humide. Victor Hugo compare les vagues à des « cavales humides » que l’on voit « se dresser, hennir, écumer… »[8]
De l’Europe à l’extrême Orient, on croyait que les chevaux avaient le pouvoir de faire jaillir l’eau en frappant le sol. Dans le Massif Central, les chevaux créent les sources ou fontaines Bayard. La source Hippocrène (en grec « source du cheval »), naît suite à une ruade de Pégase. Elle devient la fontaine autour de laquelle se réunissent les Muses.
Chez beaucoup de peuples africains, le cheval est associé à la pluie bienfaisante et son effigie est présente dans les rites propitiatoires.
En Iran, quatre chevaux blancs, qui représentent les divers états de l'eau, tirent le char d'Aredvi Sura Anahita, divinité des eaux.
Mais …
La rougeoyante fougue des chevaux qui s’élancent,
La rouge écume des crinières,
Les sabots qui flamboient, les fers étincelants...
Tout le pays qui s’embrase et s’empourpre,
Tous les chevaux de feu brûlant toutes les terres…
Eghiché Tcharents[9]
 
L’association volcan/cheval constitue une image tout aussi première, car elle porte en elle la flamme de la puissance impétueuse des dieux, flamme souvent purificatrice. La montagne détient le feu de la terre qu’elle crache sous forme de cavaleries volcaniques.
 
Féminité et virilité
[...] Juba rapporte que Sémiramis aima un cheval au point d’avoir des rapports sexuels avec lui. [...] (Pline L’Ancien Histoire naturelle Livre VIII, 155)
 
Bien que l’idée de la puissance virile de l’étalon soit très répandue – d’où les légendes autour d’amours contre-nature entre des femmes et des étalons - dans un très grand nombre de citations, proverbes et poèmes on associe le cheval à la femme. Dans cette analogie, on trouve tantôt l’allusion à la prétendue imprévisibilité féminine, tantôt à la grâce propre au « sexe faible ». Mais c’est surtout l’idée de la propriété qui est très présente, en ce sens que, dans un passé non très lointain, on possédait un cheval comme on possédait une femme.
A ce sujet, Jean-Louis Gouraud [10], a publié un recueil de textes intitulé « Le Cheval est une femme comme une autre » (Pauvert 2001).
Voici donc un très succinct florilège de proverbes et de citations très éclairants. Quant aux poèmes et chants populaires autour du même sujet, je renvoie le lecteur à la partie « le cheval dans le monde ».
Les proverbes :
 « Des femmes et des chevaux, il n'en est point sans défauts. » (France)
« Le chanceux perd sa femme, le malchanceux perd son cheval. » (Géorgie)
 « Abreuver son cheval à tous gués, Mener sa femme à tous festins, de son cheval on fait une rosse et de sa femme une catin. » (France et Italie).
« Bon cheval et femme comme il faut éloignent les maux » (Italie)
« Bon cheval, mauvais cheval veut l'éperon, bonne femme, mauvaise femme veut le bâton. » (France)
 « Le paradis de la terre se trouve entre les seins d'une femme, sur le dos d'un cheval, dans les pages d'un livre. » (Arabie)
« Le cheval dépend du cavalier, la femme de l’homme. » (Turquie).
« Quand la femme descend de la charrette, elle soulage le cheval. » (Russie)
« Trois choses font l’honneur d’un homme : la femme, l’arme et le cheval. » (Kurdistan).
 « Si tu dois choisir entre la femme et le cheval, choisis toujours le cheval. Parce que si tu as le cheval, tu pourras attraper la femme. Mais si tu choisis la femme, tu ne pourras pas attraper le cheval. » (Mongolie)
 
Et quelques citations :
 « (…) Un cheval, pour être bon, doit avoir trois parties correspondantes à trois de la femme, la poitrine, le fessier et les crins, c’est-à-dire poitrine large, croupe remplie et les crins longs. » -Antoine Furetière (1619-1688), Dictionnaire universel.
 « L'immense majorité des hommes désire et a une femme à la mode, comme on a un joli cheval. » Stendhal.
« Les femmes sont comme les chevaux, il faut leur parler avant de leur passer la bride. » André Maurois (1885-1967).
« Le bonheur est fait de trois choses sur terre, Qui sont : un beau soleil, une femme, un cheval. » Théophile Gautier.
« Il y a quatre choses plus grandes que les autres : les femmes, les chevaux, le pouvoir et la guerre. » Rudyard Kipling (1865-1936)
 
 
Le cheval blanc et le cheval noir
Peinture à l’huile de Nelly Chichlakova (collection privée Maria Franchini)
 
« Cheval ardent et blanc, fier et clair Pégase,/ après ta course -, ah ! que ton arrêt est beau ! » R. Maria Rilke
 
Le cheval blanc incarne par antonomase le Bien et le noir le Mal.
Même pour Platon (voir Phèdre) l’âme est un char dont le cocher est la raison. Des deux chevaux qui y sont attelés, le blanc représente la noblesse et le courage (le tymos) et tire le char vers le haut ; le noir symbolise la concupiscence et le désir (l'épithymia) et tire vers le bas.
Tous les princes charmants ont un cheval blanc, et blanc est celui du Christ, de Saint Georges, du Pape, du Bouddha, de Mahomet. Pégase et la licorne ont eux aussi la même couleur de robe. Dans presque toutes les civilisations cavalières, le cheval blanc est associé au soleil, à la divinité et à la royauté.
 
La monture de la Mort, elle, est toujours noire. Grand et noir est le cheval monté par un squelette dans l’Hymne aux démons  de Ronsard. Et tous les chars funèbres sont tirés par des chevaux noirs.
 « Rien de plus sombre on ne put jamais voir,/Comme le charbon ses jambes étaient noires./ Noir comme le néant, comme la nuit. » Joseph Brodsky [11]
« Petit cheval noir, Où portes-tu donc ton cavalier mort ? » fait écho Garcia Lorca[12]
 
Et pourtant, dans les contes de fées, le cheval noir de jais est attelé au carrosse des mariés. Car il est également synonyme de jeunesse, de force créatrice et de vitalité. De nombreux poèmes et chants populaires en témoignent, notamment en Russie où une chanson populaire dit : « Ohé mes jeunes années/Ohé mes chevaux noirs ! ». Alexandre Dovjenko, lui, écrit dans ses vieux jours : « je regrette le passé et j’ai tant envie de seller mes chevaux noirs… »
Dans la mythologie apache, le Soleil monte un cheval noir, emblème de vigueur et d’énergie. Tous les grands chefs apaches (White Mountain) possédaient un cheval noir qu’ils gardaient comme un trésor précieux.
Quant au cheval blanc, il a aussi son revers de la médaille. Dans les anciennes cultures germaniques, on prédisait l’avenir d’après les hennissements de chevaux blancs. Car on croyait qu’ils entretenaient des relations avec les sphères de l’au-delà.
Dans l’Apocalypse, on lit : «  Et j'ai regardé, et sur un cheval pâle se dressait la mort et l'enfer le suivait. Il lui fut donné le pouvoir de tuer par l'épée, par la famine, par la mort et par toutes les créatures de la terre.[13]
Le folklore franco-allemand parle d’un cavalier maudit sur son cheval blanc, le « Schimmel Reiter », qui détruit les digues la nuit.
Dans le Doubs, le Drac, un sublime cheval blanc comme neige, se saisit des voyageurs nocturnes pour les noyer dans la rivière. La Blanque Jument sème la terreur dans le Pas-de-Calais, dès que la lumière du jour cède le pas aux ténèbres.
Parfois, la confusion est telle que l’on trouve les deux couleurs dans un même mythe. Les cavales blanches du char d'Hadès, qui précèdent le soleil, sont parfois noires.
D’après les Navajo, dans le royaume céleste : « A l’est, il y avait les chevauxblancs. Ils sont la lumière qui dissipe les ombres et les mystères de la nuit. Au nord, il y avait les chevaux noirs, les joyaux noirs du Soleil, fils de la nuit et incarnation de la force et de la puissance. (Reichard « Navajo religion »1950).
L’ambivalence des mythes autour du cheval reflètent le principe même sur lequel est fondée la vie : l’eau irrigue mais inonde, le feu réchauffe mais réduit en cendre, la terre nourrit mais tremble et dévaste, le soleil éclaire mais brûle et dessèche ...
 
Le cheval dans la littérature de l’antiquité à nos jours
 
Une anthologie en plusieurs tomes suffirait à peine à contenir tous les textes, poèmes et chants autour du cheval[14]. Ce qui suit est un choix infiniment restreint et très subjectif de minuscules extraits tirés de ce qui a été écrit ou transmis oralement au cours des siècles.
XIVe s. av. J.C.
« (…) Ensuite ils les sortent (les chevaux) et les lavent avec de l’eau chaude. Après ils les descendent à la rivière et à cinq reprises ils les massent en frottant… » Kikkuli[15].
 
VIIIe s. av. J.C.
« Et de chaudes larmes tombaient de leurs paupières, car ils regrettaient leur conducteur ; et leurs crinières florissantes pendaient, souillées, des deux côtés du joug. Et le Kroniôn fut saisi de compassion en les voyant, et, secouant la tête, il dit dans son esprit :
- Ah ! malheureux ! Pourquoi vous avons-nous donnés au roi Pèleus qui est mortel, vous qui ne connaîtrez point la vieillesse et qui êtes immortels ? Etait-ce pour que vous subissiez aussi les douleurs humaines ? Car l’homme est le plus malheureux de tous les êtres qui respirent, ou qui rampent sur la terre… » Homère[16]
VIII-Iie s. av. J.C.
« II [le cheval] se rit de la frayeur ; il ne s’épouvante de rien et ne se détourne pas devant l’épée » (Le Livre de Job)

                                                                                                                                                                                                                                                            IVe s. av. J.C.
« Quand, parmi les juments paissant au même pâturage, l’une vient à périr, les autres se chargent d’élever son poulain. C’est que, en général, le cheval parait être un animal très susceptible d’affection…) » Aristote [17]
Ier s. av. J.C.
« (…) Ce même cheval, lorsque appesanti par la maladie ou déjà ralenti par les ans, il a des défaillances, enferme-le au logis et sois indulgent à une vieillesse qui ne le déshonore pas. Virgile [18]
Ier s.
« Ils s'affligent de la mort de leurs maîtres, et leurs regrets vont quelquefois jusqu'à leur faire verser des larmes. Le roi Nicomède ayant été tué, son cheval se laissa mourir de faim.» Pline l’Ancien[19]
 
                                                                                                                                                                                                                                         VIIe s.
Cher ami, lui dit la fée, apprenez
Que le cheval est enchanté, d'après ce qu'on dit
Chanson de Maugis d'Aigremont[20]
VIIIe s.
 
(…)L’empereur avait un cheval favori que l’on nommait Yu-hoa ;
Des artistes sans nombre accoururent pour le peindre :
aucun d’entre eux ne sut le peindre ressemblant…
Du-Fu
XIIe s.
Je ferai un poème de rien
Non sur moi ni sur d’autres gens
Non sur amour ou sur jeunesse
Ni sur rien
Car il a été trouvé en dormant sur mon cheval...
Guillaume IX duc d’Aquitaine (les chansons)
¤
Alors l’émir monte à cheval, se précipite contre lui,
Il montait un destrier tacheté; sa robe avait une étoile :
Il avait droit sur son front une étoile toute en or,
Et ses sabots tous les quatre étaient couverts d’argent (…) »[21]
Le « Digénis Akretas »
XIIIe s
Or est Bayard en la pasture,
Avoir lui ferai couverture,
Hure,
Au repairier des prés
Or est Baiard en la pasture,
Des deux pieds déferré.
Adam de la Halle
¤
« Le cheval est une bête d’une grande intelligence… les chevaux connaissent leur maître, et lorsqu’ils en changent, ils changent souvent de mœurs et de comportement. Et quand ils sentent approcher la bataille, le son des trompettes les rend braves et joyeux. Ils sont réjouis quand ils ont la victoire, et affligés quand ils perdent. »Brunetto Latini[22]
XVe s.
« Le cheval est un animal à l’aspect agréable qui étonne par sa force et sa fierté qui se mêlent à une grande mansuétude et il paraît incroyable qu’une tant de docilité et de douceur habitent un cœur aussi ardent » Leon Battista Alberti[23]
XVIe s.
« Pour moi, si le destin me permettait de passer ma vie à ma guise,… je choisirais de la passer le cul sur la selle » Michel de Montaigne [24]
¤
 
Quand ses membres sont froids, débiles et perclus,
Que vieillesse l'assaut, que vieil il ne court plus,
N'ayant rien du passe que la monstre honorable,
Son bon maistre le loge au plus haut de l'estable,
Luy donne avoine et foin, soigneux dele panser,
Et d'avoir bien servy le fait récompenser
Pierre de Ronsard [25]
¤
LE DAUPHIN.
— [...j Mon cheval mériterait toutes leurs
louanges. J’ai écrit, une fois, un sonnet en son honneur,
il commençait ainsi: Merveille de la Nature!
LE DUC D’ORLÉANS.
— J’ai entendu un sonnet en l’honneur d’une maîtresse, il commençait de la même façon.
LE DAUPHIN.
— Alors, il imitait celui que j’ai composé
pour mon coursier, car mon cheval est ma maîtresse!
W. Shakespeare « Henri IV »
XVIIe s.
(…)Et cela fait, le cheval remercie
L’homme son bienfaiteur, disant: « Je suis à vous,
Adieu: je m’en retourne en mon séjour sauvage.
— Non pas cela, dit l’homme, il fait meilleur chez nous:
Je vois trop quel est votre usage.
Demeurez donc, vous serez bien traité,
Et jusqu’ au ventre en la litière. »
Hélas! que sert la bonne chère
Quand on n’a pas la liberté?
Le cheval s’aperçut qu’il avait fait folie (…)
Jean de La Fontaine [26]

XVIIIe s.
 
Si dans Rome avilie un empereur brutal
Des faisceaux d’un consul honora son cheval,
Il fut cent fois moins fou que ceux dont l’imprudence
En indignes mortels a mis sa confiance.
Voltaire [27]
XIXe s.
« Brise tout le buisson, la barrière ou la branche ;
Torrents, fossés, talus franchis tout d’un seul bond ;
Cours, je rêve, et sur toi, les yeux clos, je me penche …
Emporte, emporte-moi dans l’inconnu profond ! »
Sully de Prudhomme[28]
 


Peinture à l’huile de Nelly Chichlakova

¤
Mille chevaux à la queue flottante, à la crinière envolée, aux naseaux dilatés - ces naseaux qui jamais n'ont palpité dans l'effort du travail ! Mille chevaux dont la bouche n'a jamais connu le mors et la bride, dont les sabots n'ont jamais chaussé de fer, dont les flancs n'ont jamais été labourés par l'éperon ou la cravache - mais qui, dans leur liberté farouche, sont indomptés ainsi que les flots de la mer - accourent vers nous d'un galop de foudre ... Lord Byron "Mazeppa"
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(…)Le cheval luttait; ses prunelles,
Comme le glaive et l’yatagan,
Brillaient; il secouait ses ailes
Avec des souffles d’ouragan (…).
V. Hugo. [29]
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Nietzsche sombre dans la folie le 3 janvier 1889 en voyant un cocher frapper durement son cheval. Il éclate en sanglots, embrasse l’animal sur la bouche et s’évanouit.
 
 
XXe s.
            La psychanalyse voit le jour sous le signe du cheval. Freud tente, en effet, de soigner la phobie du « petit Hans », fils de son ami Max Graf. Lorsqu’il avait 5 ans, l’enfant avait vu un cheval de fiacre, fouetté par son cocher, tomber tout près de lui. Depuis lors Hans (en réalité Herbert) ne voulait plus sortir de crainte de se faire mordre par un cheval.
¤
 
« L'homme est un mammifère chevaleresque et hippophage”. Jacques Prévert
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Pour bien réussir le cheval Melba, prenez un cheval. Un beau cheval. Le poil doit être lisse, c’est un signe de bonne santé. L’œil doit être vif, éveillé, et on doit y sentir ce regard indéfinissable, plein de tendresse débordante et de confiance éperdue dans l’homme dont ces cons d’animaux ne se départissent habituellement qu’aux portes des abattoirs. Donc, prenez un cheval. Comptez environ 800 Kg pour 1.200 personnes. Pendant qu’il cherche à enfouir son museau dans votre cou pour un câlin, foutez-y un coup de burin dans la gueule. Attention! Sans le tuer complètement : le cheval, c’est comme le homard ou le bébé phoque, faut les cuire vivants, pour le jus c’est meilleur! Bon. Réservez les os et les intestins pour le Tiers Monde. Débarrassez ensuite la volaille de ses poils, crinière, et de tous les parasites qui y pullulent, poux, puces, jockeys, etc… Pierre Desproges [30]
 
Le cheval dans le monde
Divinisé au point d’être sublimé, le cheval fait l’objet de cultes fondamentaux depuis l’aube de l’humanité. Sa fonction transcendante, qui lui fait dépasser les limites du monde et de la conscience, se retourne toutefois contre lui, dans la mesure où il devient dans nombre de cultures une victime sacrificielle désignée.
Encore une fois, je ne décrirai pas ici les rites souvent barbares au cours desquels on immolait les chevaux, je me limiterai à résumer brièvement les différents cultes ou manifestations de croyances inhérents à ce fabuleux animal.
J’ai annoncé dans mon introduction un voyage éclair dans l’espace, ainsi je ne citerai pas tous les pays, mais seulement les plus représentatifs. Et, de nouveau, mon choix est subjectif.
 
Japon
Dans le Pays du Soleil Levant, le cheval fait fonction d’intermédiaire entre les hommes et les esprits du Bien. On trouve encore aujourd’hui des chevaux blancs sacrés dans certains sanctuaires, par exemple dans le Tosho-gû (東照宮) de la ville de Nikkô. Jusqu’au VIIIe siècle, tous les sanctuaires shintô recevaient des chevaux blancs sous forme d’offrande.
A partir de cette époque, on remplace les animaux en chair et en os par des simulacres de paille ou des dessins exécutés sur des planches votives (Ema). Cette pratique est encore aujourd’hui extrêmement populaire. Le 15 juin, on fête le cheval à Morioka et à Mizusawa. Au cours des danses rituelles, les danseurs se déguisent en chevaux décorés de brocard et de grelots.
 
Chine
Avec ses connotations de vitalité du yang et ses associations avec le soleil depuis la haute Antiquité, le cheval est inévitablement devenu dans l’imaginaire populaire chinois, un animal funéraire magique qui a le pouvoir de restituer la vie dans l’outre-tombe.
Lorsque l’empereur Wudi de la dynastie des Han (IIe s. av. J.C.), a appelé « Chevaux célestes », les chevaux de Dayuan (Ferghana) nouvellement acquis, il a conféré au cheval les attributs du Ciel. Or, le Ciel était tout-puissant, omniscient, doté de conscience et de sentiments humains. Le cheval céleste allait devenir un thème esthétique dans l’art chinois.
Le signe du cheval en chinois
 
Mongolie
(…) Dans cette grande fête du Naadam
Honorant la splendide majesté
On loue la force virile de ce cheval
Qui réjouit l’âme de son maître
Et attire l’amour du public
Et détient tous les signes de perfection (…) [31]
 
Asie Centrale
Dans les steppes d’Asie centrale, les chamans racontent qu’un sorcier avait volé l’âme du héros Töshtük. Seul le cheval magique Tchal-Kouirouk pouvait l’aider à la retrouver. Doté d’une grande sagesse et de pouvoirs surnaturels, ainsi que de l’usage de la parole, le coursier magique prévient son cavalier dès le départ : « ta poitrine est large, mais ton esprit est étroit. Tu ne réfléchis à rien. Tu ne vois pas ce que je vois. Tu ne sais pas ce que je sais. Tu as le courage, mais tu n’as pas l’intelligence… ».
 
Inde
Dans les textes védiques du premier millénaire av. J. C. (Brihadaranyaka Upanishad), le cheval représente l’univers. L’Ashvamedha, le « sacrifice du cheval », devait favoriser la conquête d'un empire dont le territoire était égal à la superficie parcourue par un cheval en une année. Par le démembrement sacrificiel du corps, on découvrait l'harmonie des divers éléments de l'univers. 
En effet, on lit que “ la tête du cheval sacrifié est l’aurore, l’œil le soleil, la respiration le vent, la bouche ouverte le feu universel, le corps l’année. Le dos est le ciel, le ventre l’atmosphère, l’aine la terre, les flancs les points cardinaux, les reins les points intermédiaires, les membres les saisons, les os les constellations, la chair les nuages. La nourriture qui se trouve dans l’estomac est le sable, les intestins les fleuves, le foie et les poumons les montagnes, les poils l’herbe et les arbres, la partie antérieure est le soleil naissant, la postérieure le soleil couchant… »
 
Iran
En Iran, l'une des trois formes de Tishtrya est celle d'un étalon blanc. La divinité prend cette forme pendant les dix derniers jours de chaque mois du calendrier zoroastrien, et durant les batailles cosmogoniques, pour contrôler la pluie. [32]
 
EUROPE
Kirghizistan
[...] O mon bon cheval, mon beau cheval,
O mon cheval à la grâce de jeune vierge,
O mon cheval à la sveltesse de jeune fille,
O mon cheval aux serpentines bouclées [...] [33]
 
Russie
En 1834, le tzar Alexandre III fait construire, à 20 km de Saint Pétersbourg, un cimetière pour ses chevaux. Chaque cheval a une pierre tombale sur laquelle est gravée une épitaphe.
 
Hongrie
 (…) « Dis-moi, bel alezan à la crinière d’or,
Dis-moi, ton maître est-il marié ?... »
Et le coursier lui répondit en hennissant:
« Non, par le ciel, belle fille, pas encore.
Mon maître n’est point marié; mais à l’automne,
Au prochain automne, il pense à t’épouser... »
Et la jeune fille, joyeuse, dit au coursier:
« Si je savais que cela fût vérité, bel alezan,
Je prendrais mes atours d’or et d’argent,
J’en garnirais ton poitrail;
Oui, de pur argent je l’ornerais,
Et j’entourerais ton front de mon collier d’or! » [34]
 
Grèce
Un jour, Phaéton se rendit au palais d’Hélios, son père, et lui demanda de conduire le char tiré par les huit chevaux solaires. Bien qu'Hélios tente de dissuader son fils par tous les moyens, il est finalement obligé de céder. Les chevaux du soleil ne reconnaissent plus la main de leur maître, ils se détournent alors de leur route ordinaire, montent trop haut en laissant la terre gelée ou descendent trop bas en tarissant les rivières et en brûlant les montagnes. Zeus foudroie Phaéton afin de mettre un terme aux bouleversements qu'il provoque.
les noms des chevaux du Soleil sont : Lampos (éblouissant midi) ; Actaeon (Aube rayonnante) ; Chronos (Le temps) ; AEthion (Fougueux rouge) ; Asterope (Yeux étoilés) ; Bronte (Tonnerre) ; Pyroeis (Le brûlant) ; Erythreus (Soleil levant) ; Phlegon (Soleil couchant).  [35]
Le cheval soleil - Peinture à l’huile de Nelly Chichlakova
Italie
Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle (livre VIII § LXIV), rapporte que « le dieu Auguste éleva aussi à son cheval un tombeau, dont Germanicus César a fait le sujet d'un poème et qu’à Agrigente, les tombeaux de plusieurs chevaux ont des pyramides. » 
A Naples, jusqu’au Moyen Âge, on croyait aux pouvoirs thaumaturgiques d’une statue en bronze représentant un cheval nu en mouvement. L’idole, qui aurait été fabriquée par Virgile, considéré comme un magicien par le peuple, était censée guérir les animaux malades. Ces derniers, ornés de rubans et de gâteaux de blé, devaient tourner trois fois autour de la statue. Au XIVe siècle, un cardinal excédé par la persistance de ce rite païen, fait fondre la sculpture pour fabriquer les cloches de la cathédrale. Mais la tête du cheval résista aux flammes. Elle est encore conservée dans le Musée Archéologique de la ville. On dit aussi que lorsque les cloches sonnent, on entend le hennissement du cheval.

Copie en terrecuite de la tête du prétendu cheval en bronze de Virgile – Palais Carafa (Naples)
 
France
La France est incontestablement un pays où les chevaux sont au cœur de très nombreuses légendes, j’en ai résumé quelques-unes ci-dessus et n’en retranscrirai pas d’autres par souci de concision. Je veux toutefois citer le Prince de Condé qui, d’après ce que l’on dit, était persuadé d’être réincarné en cheval. C’est pour cette raison qu’il aurait fait construire des écuries majestueuses en espérant y séjourner dans une autre vie. L’architecture est impressionnante, tant par ses dimensions que par son décor. Aujourd’hui, on y abrite le Musée vivant du cheval.
 
Angleterre
A Uffington, dans le comté d'Oxfordshire, on voit du ciel une figure de cheval creusée dans une colline de craie. Elle mesure 123 m et remonte probablement à l’an 1000 av. J.-C. L’étrange gravure a toujours été entretenue au fil du temps.

Le cheval d'Uffington
 
AFRIQUE
Nord-Afrique
(…)Allez trouver mes amis, donnez-leur cette lettre,
Dites-leur qu'elle vient d'un cœur sincère.
Revenez vite et apprenez-moi s'ils sont heureux ou malheureux,
Ceux qui me font soupirer.
Vous verrez Cherifa c'est une fille fière;
(…)Blanche comme la lune que vient entourer la nuit,
Elle brille comme l'étoile qu'aucun nuage ne flétrit.
Dites-lui qu'elle a blessé son ami
De deux coups de poignard, l'un aux yeux, l'autre au cœur.
L'amour n'est pas un fardeau léger. (…) [36]
 
Mali - Burkina Faso
Au Mali, des chevaux ailés sont montés par des génies bienfaisants porteurs de pluie. au Burkina Faso, le cheval est l'emblème national et il est lié au mythe fondateur.
 
AMERIQUE
Nation Navajo
Devant moi tout est paisible
Derrière moi tout est paisible
Au-dessous de moi tout est paisible
Au-dessus de moi tout est paisible
Autour de moi tout est paisible
Sa voix est paisible quand il hennit
Je suis éternel et paisible
Je suis sur terre pour mon cheval [37]
 
Nation Kiowa
Au temps où les Kiowa n’avaient que les chiens comme animaux de bât, un vieil Homme Médecine rêva d’un étrange animal. Dès lors, il ne pensait qu’au moyen de le reproduire. Un jour, il prit de la boue et forma un corps. Puis, il le recouvrit de poils de chien sauvage, lui mit des yeux d’aigle, fit les sabots avec une carapace de tortue et lui donna des ailes pour qu’il coure très vite. Mais le cheval s’envola et ne revint plus. Il resta là haut pour apporter les cyclones. Plus tard, le vieil homme refit le même animal de la même façon, mais sans les ailes. Depuis ce jour, les Kiowa ont eu le cheval. [38]
 


[1] En 2004 je leur ai consacré un de mes livres, voir ma bibliographie.
[2] Alexis Léger 1887 -1975. « Anabase VII », p. 106 * 1924
[3] A partir d’env. 28.000 ans avant notre ère.
[4] La date de domestication du cheval remonte à env. 5000 ans, alors que celle du chien à env. 35.000 ans et celle la vache env. 10.000 ans.
[5] (1896-1948) extrait de « Tutuguri, le rite du soleil noir » 1955
[6] Histoire des Animaux, livre VI.
[7] 1875-1926. « Pégase » dans « Tendres impôts à la France » 1924.
[8] « Les Feuilles d’Automne », 1831
[9] (1897-1937) « Les Chevaux De Feu »parudans « La Poésie arménienne du Ve siècle à nos jours » par  Vahé Godel]
[10] Auteur et éditeur, J.L. Gouraud a incontestablement publié le plus grand nombre d’ouvrages consacrés au cheval, dans la collection Caracole qu’il dirige chez Favre, ainsi que chez d’autres maisons d’éditions (Phébus, Actes Sud, Pauvert, et bien d’autres.
[11] (1940-1996) « Ciel Noir » 1970 - trad. Henri Abril
[12] La chanson du cavalier 1860
[13] [La Bible –version du roi Jacques (1611)].
[14] A titre d’exemple, je cite quelques recueils publiés par un seul auteur : J.L Gouraud « Célébration du Cheval, le Cherche Midi, 1995 ; J.L Gouraud « Le Cheval », Favre 2000 ; J.L Gouraud « C’est pas con un cheval, c’est pas con » - éd. du Rocher 2003 ; J.L Gouraud « Femmes de Cheval » Favre 2004 ;
[15] Maître écuyer hittite XIVe s. av. J.C
Le traité a été traduit de la langue hittite (caractères cunéiformes) par Emilia Masson. Extrait d’un programme d’entraînement de chevaux d’attelage étalé sur 184 jours. Ce traité était gravé sur des tablettes miraculeusement échappées aux intempéries et à l’usure du temps. Publié par Favre en 1998 sous le titre « L’art de soigner et d’entraîner les chevaux. Texte hittite du maître écuyer Kikkuli»
[16] Prob.VIIIe s. av. J. C - Iliade, chant XVII
[17] 384-322 av. J.C. « Histoire des Animaux »
[18] Géorgiques livre III - 36 et 26 av. J. C
[19] (23-79 ap. J.C.) Histoire Naturelle, livre VIII- § XLIV
[20] Vers 686 F. Castets, Revue des langues romanes, 4° série, t.6, Montpellier, 1892 pp.5-416. Trad. Michel Stanesco.
[21] chant d’Armouris, épopée byzantine 
[22] « Le livre du trésor »
[23] « Le cheval vivant » 1445
[24] Essais, L. III. ch. 9 – 1572
[25] Poème à Henri II
[26] Fables, XIII, Livre Quatrième, 1668
[27] Cité par Ephrem Houel dans Histoire du Cheval vol. I
[28] (1839-1907) Le Galop, 1865
[29] Les Chansons des rues et des bois, 1865
[30] (1939-88) Réquisitoire contre Troisgros / Éditions du Seuil
[31] Littérature orale mongole – dans « Le cheval est une femme comme une autre » ibid.
[32]Hinnells, John R. (1997). Library of the World's Myths and Legends: Persian Mythology
[33] chant populaire cité par Rémy Dor dans « Chants du toit du monde » 1982.
[34] Chanson populaire, citée par Ephrem Houel dans Histoire du cheval, 1848
[35] Voir Ovide « Les métamorphoses ».
[36]  « L’amour de l’Arabe pour le cheval » Chant populaire transcrit par l’Emir Abd El Kader et le Général Daumas dans « les chevaux du Sahara », Michel Lévy 1866.
[37] Chant guerrier - Coolidge & Coolidge p. 2, ma traduction.
[38] Légende racontée par Enoch Smoky (Pied Noir) à John C. Ewers, ma traduction.