Commune… ôtée ?
 
On ne parle ces temps-ci que des communautés : musulmane, juive… pour l'instant la chrétienne se fait discrète en touchant les dividendes d'une croyance qui enfle : chaque français serait d'une religion, ou d'une autre. Derrière ce bruit, un silence commence à m'assourdir…
 
Chacune de ces religions a montré par ses actes, au cours des siècles, combien elle était dangereuse. Un fanatisme les anime : extermination des "incroyants", tyrannie des croyants contrôlés dans chacun de leurs gestes, lutte à mort contre toute rationalité, celle des Lumières, la science encore aujourd'hui (cf le créationnisme aux USA et ailleurs). C'est que, au cœur de chaque religion, se loge un noyau délirant (une illusion, disait poliment Freud) que l'on peut résumer par la formule : « quand on est mort on n'est pas mort ». Or, un délirant n'a pas la possibilité de recourir à la rationalité quand sa croyance est critiquée, il ne dispose comme moyen que la violence. Les religions en usent dès que le rapport de force est à leur avantage ; sinon elles entonnent un discours victimaire… Mais il s'agit toujours de persécution, agie ou subie selon les circonstances. Les prêtres n'ont plus les moyens d'imposer leur foi en France depuis 1905, idem pour les rabbins, sauf en Israël. Les imams le peuvent encore dans certains pays.
 
C'est pourquoi il est nécessaire de dénoncer certains mensonges. Comme celui d'une France chrétienne. Parmi les français de culture chrétienne, seulement 5% pratiquent cette religion. Les autres sont athées ou, par tradition, déclarent conserver une vague croyance sans conséquence dans leur vie concrète. Je n'ai pas de chiffre pour les français qui se disent juifs, je suppose que les proportions sont du même ordre. De même, c'est distordre la réalité que de parler de "musulmans de France" : combien parmi les arabes, mais aussi les noirs, pratiquent la religion musulmane ? J'avoue que je n'en sais rien mais, je suppose, pas plus d'un sur deux. Et il est certain que cette proportion chutera dans les générations à venir (ce qui peut affoler les "vrais croyants", on peut le comprendre).
 
J'ai dit les "arabes", les "noirs", les "juifs" avec une certain hésitation. Leur dénomination soulève bien des difficultés. Notamment, n'est-ce pas faire preuve de racisme ? On sait qu'en France on refuse de dresser des statistiques "communautaires" : chacun est citoyen, rien de plus ! Pourtant des particularismes existent : des français se disent bien bretons, basques, corses, auvergnats sans renier pout autant leur citoyenneté… Pourquoi pas, dans le but de se référer à une culture, se dire arabe, noir ou juif – bien que ces dénominatifs soient vagues ?
 
Quoi qu'il en soit, il me semble nécessaire de réagir à l'intoxication du moment : l'immense majorité des français ne pratique aucune religion, elle est athée. Passer cette réalité sous silence revient à nier les idéaux républicains. Il me semble d'autant plus nécessaire de dénoncer ce travail de sape qu'il est insidieux.
Mathias Lair, janvier 2015